Georges Lopez :

 

 

Il se définit lui même comme:

retraité
ex prof d'économie,
ex coureur de jupon (n'a plus le souffle!)
encore coureur d'aventure maritime,
écrivain pour sa survie morale,
président de l'Académie au Long Cours (academielongcours.fr.fm).

  

 

 

 

Le principe d'Archimède :

L'auteur aborde un des grands principes fondamentaux de la physique et contourne le sujet avec une naïve dérision.

 

 

 

 

 

« Tout corps plongé dans un liquide reçoit  une poussée verticale dirigée de bas en haut, égale au poids du volume du liquide déplacé. »

 

Voici énoncé pour l’essentiel le fameux principe d’Archimède tel qu‘on peut le lire dans les dictionnaires. Sans chercher à approfondir la question, on réalise bien que c’est avec cette poussée que bon nombre d’objets flottent. Peu de plaisanciers en ont conscience, c’est pourtant grâce au savant sicilien ou grec, ou les deux à la fois, qu’ils peuvent s’adonner à leur loisir favori, naviguer, car sans ce principe, ils couleraient.

Aujourd’hui, il convient de s’alarmer car un certain nombre d’individus, au premier rang desquels figurent les sous-mariniers de tout bord, je veux dire ceux de bâbord comme de tribord et autres scaphandriers autonomes ou pas, viennent sans vergogne demander l’abolition du principe d’Archimède.

Il est regrettable qu’Archimède, étant mort depuis plus de deux mille ans, ne puisse venir défendre sa loi. Aussi je le ferai à sa place, car non seulement elle est fort utile mais elle est aussi d’une éblouissante moralité.

Notons en premier lieu qu’Archimède avait le sens de la mesure car il pousse fort les gros bateaux, comme c’est nécessaire, et plus faiblement les petites embarcations. Pourtant, et j’y vois là un paradoxe, ce sont les plus fort poussés qui s’enfoncent le plus dans l’eau , ils ont le plus grand tirant d’eau allant parfois jusqu’à dix mètres, tels les tankers,  alors que les plus faiblement poussés, tels les canots pneumatiques, ont un tirant d’eau ridicule d’à peine quelques centimètres. Le Géotrouvetout grec qui était un costaud, -il en faut de la force pour pousser les cinq cent mille tonnes d‘un pétrolier-, savait doser ses efforts.

Archimède veillait aussi à appliquer sa poussée avec parcimonie et à bon escient,  excluant d’emblée, parfois avec beaucoup d’à propos, un certain nombre d’objets. Les enclumes par exemple, plongez une enclume dans l’eau, vous verrez qu’elle disparaîtra immédiatement de la surface répondant au principe d’Archinul qui dit que « Tout corps plongé dans un liquide peut être considéré comme perdu si au bout d’un moment il ne réapparaît pas à la surface. » Ceci découragera pas mal de gens d’emporter avec eux une enclume pour se baigner, et c’est un bien, car une enclume n’a rien à faire dans les lieux de baignade. Autre exemple, le fait d’avoir exclu les ancres du principe d’Archimède me paraît fort judicieux, les bateaux seraient bien embêtés si leurs ancres se mettaient à flotter, même si certains petits malins ont aussi inventé des ancres flottantes, histoire sans doute de faire la nique au savant. Une réserve toutefois, j’aurais bien aimé que le grec en fasse un peu plus pour les clés à molette pour leur permettre de flotter. Combien en ai-je perdues quand elles m’ont échappé des mains au dessus de l’eau ?

Néanmoins, hormis le cas des clés, le principe reste très moral car Archimède ne pensait qu’à rendre service à l’humanité. Songeons que, sans lui, on n’aurait pas découvert l’Amérique. Sans lui n’existeraient ni les gilets de sauvetage, ni les canots du même nom.

Aussi, je ne vois pas pourquoi les sous-mariniers s’en prennent au savant? De plus, chacun le sait, c’est avec un beau sens du compromis que ce dernier les laisse se la couler douce au fond des mers. Leur manque de reconnaissance m‘indigne! Car s’il avait voulu, tiens, il aurait poussé plus fort et les sous-marins auraient flotté. Ah, je les vois, ces marins des profondeurs, avec leur gros cigare en titane hors de prix, à ne pouvoir dépasser le seuil de la surface, sûr qu’ils auraient franchi le seuil du ridicule. 

« -Envoyez le périscope!

- Mais chef, on flotte toujours! »

Ah ! Ils auraient eu l‘air fin!

Cependant qu’il me soit permis d’adresser une critique à notre ami. En ce qui concerne ses congénères, il a pris là une demie mesure, comme l’illustre le second théorème  d’Archinul : Tout corps plongé dans un liquide reçoit une poussée verticale, de bas en haut, égale au poids du volume de liquide déplacé, mais si c’est un homme, il a intérêt à nager s’il veut réapparaître à la surface.

Force est de constater qu’il aurait pu nous pousser un peu plus aux fesses pour nous permettre de flotter tout seuls naturellement. Au lieu de cela, il s’est dispersé en faisant flotter les plumes, les bouts de bois, les canards, les bouchons de liège, les bouteilles à la mer et j’en passe! Ce qui n’émeut personne, sauf peut-être pour les canards, c’est joli, surtout quand c’est petit!

Imaginons un monde sans le principe d’Archimède, imaginons que tout corps plongé dans un liquide ne reçoive pas une poussée de bas en haut...

Finies les chasses d’eau à flotteur qui déborderaient sans discontinuité, grevant le budget des ménages modestes et gaspillant une ressource qui nous est si précieuse. Terminés les supertankers et le pétrole qu’il faudrait acheminer à dos de chameaux par le désert. Disparus les chantiers de construction de bateau et les emplois qui vont avec. Adieu les baignades et les piscines. Le monde basculerait dans un univers de sous-mariniers d’un bleu nuit sans couleurs. Voilà de quoi nous donner froid dans le dos.

Alors, tous ensemble militons pour la préservation du principe d’Archimède et dressons-nous contre ses détracteurs, même si l’on a un sous-marinier ou un scaphandrier dans sa famille.

 

 

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