Naviguer à vue dans
le lagon.
Naviguer dans un lagon
en Polynésie ou ailleurs sous les tropiques c'est le rêve de
beaucoup de navigateurs. On sait tous qu'il faut être attentif à la
couleur de l'eau, qu'il est préférable d'avoir le soleil dans le
dos...
Dans le Cahier de Voyage numéro
37 nous avons déjà abordé de façon
très illustrée et complète le sujet de la navigation à la couleur de
l'eau sous les tropiques que nous pratiquons depuis des années
maintenant. C'est dire si nous connaissons bien le sujet. Et bien il
nous arrive encore de nous faire surprendre.
Cet article illustre une petite expérience dans ce domaine, une approche
qui fut très trompeuse.
Dans le lagon coté
île:
La plus grande partie des cotes des îles sous le vent en
Polynésie française est très accore. Le rivage descend
rapidement à plus de 20 mètres. Il est très difficile de
mouiller le long des îles au bord d'une petite plage ombragée.
Les meilleures places ont été aménagées et des personnes y
vivent en souhaitant garder leur tranquillité.
Ce n'est pas
agréable de mouiller une ancre au large d'un platier agressif et abrupt sans
la voir se poser sur le fond noir. C'est dommage quand le turquoise du bord de plage n'est pas là pour
offrir au bain la sympathique couleur des piscines naturelles...
Dans le lagon coté
récif : Il y a soit une grande
barrière de corail sur laquelle brise la mer, soit des îlots
couverts de cocotiers, d'arbustes et de pandanus... Ce sont les
motus. Une petite plage de sable blanc borde généralement une
bonne partie du tour de l'îlot. Apparemment, ici, on peut
s'approcher au ras de ceux ci.
Nous décidons d'aller mouiller le plus près
possible des motus. Banik n'a que 1,20 m de tirant d'eau, on
pique vers les arbres, on ne voit aucune tache brunes
révélatrices des patates de corail et on aime être mouillé à la
limite du turquoise, si près de la plage que c'est un plaisir
d'y débarquer à la nage. Il est assez tôt ce matin là quand nous
arrivons au moteur mais il fait bien clair et la couleur des
fonds est engageante. Cap : tout droit vers les arbres... C'est
facile de voir où il y a du fond et à partir de quel endroit il
n'y en aura plus.
Je vais bientôt aller me placer à l'avant, debout dans le balcon
pour avoir une vision anticipée par rapport au barreur. C'est
toujours comme ça qu'on se rapproche d'une cote qui parait, à ce
moment là, encore assez éloignée.
Je n'ai pas le temps d'arriver à l'étrave que je dis à Anik de
ralentir. Non ! met toi carrément au point mort! Tourne à
90°, vite!
Le ciel était nuageux, l'épaisseur des gros
nuages avait complètement changé la couleur de l'eau en
transformant la couleur jade (moins d'un mètre d'eau) en bleu
soutenu (entre 3 et 5 mètres de fond). Nous avons failli monter
directement sur l'immense talus sableux qui déborde les motus.
Maintenant les nuages se retirent et on commence à voir les
choses différemment.
Il n'y a pas plus de 1 mètre d'eau entre les
îlots et nous
Revisualisez les 4 photos ci dessus. Elles
ont toutes été prises du même endroit après que nous ayons jeté
l'ancre. La seule différence c'est le passage des nuages dans le
ciel. On comprend tout de suite l'importance de la lumière
solaire quand on fait du pilotage à vue dans un lagon.
Banik a mouillé à la lisière du talus. C'est
de là qu'on été prises les 5 photos ci dessus. Mais au moment ou
nous arrivions, les nuages avaient donné exactement la même
teinte à toute cette zone. C'est pourquoi nous n'avons vu la
remontée des fonds qu'au tout dernier moment. Si je ne m'étais
pas déplacé vers l'avant il est certain que nous serions monté
sur le talus. Il y a moins d'une longueur de bateau entre les
fonds de 5 mètres et ceux de moins d'un mètre.
Il ne faut jamais oublier qu'en
bateau, la terre la plus proche est toujours celle qui se trouve
en dessous de la quille.
Nous avons maintenant débarqué sur le motu.
Banik est mouillé là bas au large du banc sableux, à l'endroit
d'où nous avons pris toutes les photos précédentes. C'est un peu
loin pour débarquer à chaque fois à la nage mais il n'y a rien à
faire, on ne peut pas venir plus près avec le voilier.
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