Car la mer est notre jardin ... Une famille en voyage sur un voilier vers l'Amérique latine Chapitre 1: Car
la mer est notre jardin... Il
est 22 heures le 3 septembre 1983... Notre voilier glisse à 25 milles au large
de la Corse. Un choc énorme me réveille. Le mat vient de tomber. Nous
lutterons une heure, en vain, pour
libérer le bélier qui percute le bordé à chaque mouvement de la mer qui
grossit. La fine coque en polyester est le seul rempart entre le grand vide des
profondeurs et l'intérieur bien chaud, bien sec de notre maison. La coque se
perce finalement et la mer s'engouffre, submerge nos couchettes, détruit les équipements,
emporte nos albums de photos, les carnets d'adresses, s'empare de tout ... et
nous laisse... nus, dans la nuit, sur notre annexe qui dérive... Cela
faisait deux ans que nous vivions à bord de BANIK. Nous avions tout consacré
à sa construction pendant 4 ans. En moins de 2 heures, il n'existait plus. Nous
avions perdu notre seul bien, c'est déjà
dur à encaisser, mais pire, nous avions perdu "un ami". Le mot peut
paraître fort pour un bateau mais c'était notre voilier. Un voilier construit
de nos mains. Un voilier qui avait partagé nos aventures. Il contenait les
souvenirs de nos débuts. Il était l'histoire de notre jeune vie sur la mer. Nous
avions surtout perdu la possibilité de continuer notre voyage. C'est ce qui fut
le plus dur pour moi: Etre tout à coup privé du moyen de réaliser nos rêves.
C'est comme si on m'ôtait, pour des années, ma liberté de mouvement. A tout
juste 30 ans c'était insupportable. Cela se rapprochait de ce que doit
ressentir le prisonnier que l'on vient de
conduire dans sa cellule. Je vais maintenant tourner en rond dans un espace trop
petit parce que je sais que le monde est vaste et que je ne peux plus le
parcourir au gré du vent. Nous
sommes rentrés en stop dans le Nord de la France avec notre fils de quatre ans,
Jean-Baptiste Junior qui a passé la moitié de sa vie sur l'eau. Heureusement
nous avions beaucoup d'amis. C'est incroyable comme on peut se faire facilement
des amis quand on évolue dans un monde un peu en dehors des normes. C'est sans
doute la passion ou la folie commune qui favorise les rapprochements. Ils ont
tous été formidables, les gens du voyage, les constructeurs amateurs de
voiliers, les navigateurs ... Ils nous ont tous encouragés à recommencer
joignant souvent le geste à la parole comme Olivier Stern Verin qui fit une
conférence au profit de la reconstruction de BaniK. Ils ont été, sur le
moment, le coup de pouce qui a permis la mise en chantier d'un nouveau bateau.
Six ans plus tard BANIK était à l'eau. Il n'était
pas question de l'appeler autrement. Quand
nous avions cherché un nom pour notre premier bateau, nous nous étions contentés
de contracter des syllabes de nos deux prénoms BAptiste - aNIK. Puis ce nom en
était devenu un, à part entière, sans références apparentes à ses
constructeurs. Il y avait BANIK et nous, Il y a de nouveau BANIK et nous.
Nous :
C'est un petit peu plus de monde maintenant, Nathalie est venu agrandir le
cercle familial, Elle a tout juste 6 ans quand nous reprenons la mer. Son frère
Jean-Baptiste (que nous appelons Gibé), en a presque 11.
De
1990 à 1992, BANIK et son équipage familial réalise un tour de l'Atlantique
Nord en 2 ans. Le parcours est classique: les Canaries, les îles du Cap Vert,
le Venezuela, l'arc antillais, les Bahamas, la Floride et le retour en France en
passant par les Bermudes et les Açores. Une aventure marine sans histoires qui
aurait pu s'arrêter là. De
retour en France chacun s'est très bien réadapté. Je retrouve une activité
dans l'informatique, Anik consacre beaucoup de temps dans l'école des enfants.
Gibé passe sans problème son BEPC. et Nathalie s'est fait beaucoup de
nouvelles copines. Fin
1995, BANIK est prêt à repartir.
Cela s'est décidé un soir, quelques mois auparavant. L'idée était dans
l'air, mais ce soir là, à table, nous en parlons tous les quatre, sérieusement.
La question est d'importance, il me faut quitter un travail qui me passionne,
Anik va devoir assurer un soutien scolaire à des jeunes qui ont grandi, Gibé a
16 ans, il pourrait préférer une autre compagnie que celle de ses parents... Nathalie balaie toutes les objections d'une phrase: "De toutes les façons, nous devons repartir car la mer est notre jardin...
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