Réponses aux questions:

 

Femme-épouse-voyageur-marin... Comment les convaincre ?

A 32 ans, marié, 2 enfants (2.5 ans et 4 mois) je m'embourgeoise allégrement et ce mode de vie ne me satisfait pas. Pourtant de nombreux voyages professionnels (Russie, Turkménistan, Inde, Chine, Indonésie, Libye, Sirye, ...) + hivernage dans les Terres Australes me poussent au nomadisme (le propre de l'Homme ?) tandis que ma femme freine des 4 pieds (sédentaire : le propre de la femme ?). Je crains ne jamais réussir à la convaincre et une telle divergence dans le long terme me fait bien peur.../..   Je souhaite qu'on navigue tous les 2 cet été 2004 pour que ma femme se mette à niveau. Anik était-elle déjà ouverte à la voile (donc facilement acquise à votre projet ?) ou quelle a été la mise en jambe et démarche pour la faire adhérer ? 

Vincent / K.

 

Quand j'ai connu Anik elle avait juste fait un peu de dériveur en vacances avec ses parents au bord de la plage plusieurs années auparavant… 
Je lui ai fait découvrir la navigation au large peu de temps avant notre mariage. Elle savait qu’à l’issue de cette croisière  on poursuivrait ou non notre relation. Si elle n’aimait pas la vie sur un bateau chacun aurait repris sa route, elle sur terre et moi sur les mers. Heureusement, elle a décidé de partager ma passion et c’est aussi devenu la sienne.

Il faut dire que j’avais mis toutes les chances de mon coté en choisissant de faire une traversée en  Méditerranée, l’été, avec un bout de chemin le long des magnifiques cotes de la Corse. De la mer avec pèche à la traîne, de nombreuses escales avec dégustation d'oursins, un joli cadre, une météo parfaite, un temps en mer pas trop long, un capitaine très patient et pédagogue, un climat de confiance etc... Le secret est là : Il faut que le premier voyage soit du plaisir. (l'expérience de marin viendra en son temps).
Bref il faut créer un contexte qu’on arrive à organiser qu’une seule fois dans sa vie mais j’ai pris le soin de le mettre en place… j’étais complètement dans un jeu de séduction. Il fallait qu’elle trouve l’idée de vivre sur un bateau aussi séduisante que l’était le skipper. (
à l'époque
Une ombre imprévisible est venu troubler cette croisière idyllique. Anik a eu une rage de dent. Ca fait très mal une rage de dent, ça gâche tout. Pendant 6 jours nous avons été loin d’un dentiste. Anik s’est soulagée en prenant régulièrement une petite gorgée de Ricard pur qu’elle laissait sur l’endroit douloureux pour l’endormir un peu. (Elle n'avalait pas tout heureusement). Elle a tenu le coup sans râler, sans se plaindre outre mesure, en continuant à assurer ses quarts… Elle n’a même pas eu le mal de mer.

J’ai pensé que j’avais découvert une perle rare et, plus de quarante ans après, je confirme que sans elle l’histoire de Banik   (contraction de BAptiste - aNIK)  n’aurait pas vu le jour.

 

.../...Je trouve en effet difficile (et pas raisonnable) d'être seul moteur voire pilier pour un projet qui engage le couple.../...    Vincent / K.

 

C’est évident. Il faut que les deux adhèrent à ce mode vie. Quand dans un couple l’un se « sacrifie » pour que l’autre vive sa passion, ça ne dure jamais longtemps, à moins d’épouser une Sainte.
Ça ne veut pas dire que les deux doivent aimer la navigation, les manœuvres de voile et savoir grimper en haut du mat. Bien des skippers se plantent et dégoûtent leur épouse en ne concevant pas qu’elle ne puisse pas faire à bord tout ce qu’ils font, eux. 
Est ce qu’ils ont la même exigence quand il s’agit de faire à manger ou la vaisselle à bord ?

Ce qui est le plus important c’est l’envie de voyager, c’est avoir la curiosité de la découverte des autres gens et des pays... Et  c’est accepter à renoncer à une vie classique pour vivre ça. 
Ce concept là est plus facile à « vendre » à une candidate au grand voyage que celui d’aller se perdre seuls sur un grand océan accroché à une barcasse qui bouge tout le temps.
Si votre épouse adhère à l’idée de la vie de nomade, le moyen de transport vient au second plan. Ça pourrait, par exemple,  se faire en camping-car…
Vous, vous préférez le bateau. Soit ! mais assurez tout par vous même, Soyez capable de manœuvrer  le voilier en solitaire… Votre épouse profitera de tous les bons cotés, et apprendra à son rythme, ce qui l’intéresse.

Anik aime le voyage. 

Si c'est sur un voilier, pourquoi pas ... 

A condition de ne pas l'enquiquiner  avec des heures à la barre à tenir un cap à 5° près, ou a renvoyer de la toile pour gagner 1/2 nœud.

Anik est loin d’être passionnée par la voile. Quand nous avions nos enfants à bord, qu’ils étaient capables d’assurer leur quart, elle a volontiers laissé sa place pour les manœuvres. Durant les deux dernières traversées de l’Atlantique, le soir elle se couchait et nous disait « A demain matin, bon courage… ».  Quelle importance ? elle est heureuse de maintenir son intérieur agréable, elle assure la cuisine par tous les temps, (et elle n’est jamais malade)… Moi je vais prendre le 3ème ris par force 7,  je plonge dans le compartiment moteur pour faire la vidange de l’huile noire, je gratte toute la coque en apnée pour enlever les coquillages…

Les taches se sont réparties  selon les envies ou les compétences de chacun sans se contraindre l'un l'autre :  Je fais le pain et les fonds de tarte car Anik n’aime pas fabriquer de la pâte. C’est elle qui barre dans les manœuvres de port car elle trouve que c’est à moi de sauter sur le ponton avec une amarre entre les dents. (Elle me fait croire qu’elle s’émerveille toujours de ma souplesse…)

Aucun n’impose durablement à l’autre des choses qu’il (ou elle) n’a pas envie de faire. Mais ça c’est vrai partout, à terre ou en mer…

Baptiste

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