Un pot de distribution d'eau de mer filtrée ...

Il y en a des trous dans la coque d'un voilier !    Certains ne peuvent pas être évité comme les prises d'eau de mer pour le refroidissement du moteur, le rinçage des WC, la distribution d'eau de mer à l'évier etc... Mais on peut limiter les problèmes en ne perçant qu'un seul trou pour l'ensemble de ces besoins.

 

Comment c'est fait ?

Il y a un peu de travail de découpe et de soudure. Comme nous avons pu récupérer chez un ferrailleur un gros tube en inox muni d'une collerette, nous avons réalisé ce pot juste en coupant  le tube pour qu'il ait une hauteur de 8 centimètres et il a suffit d'y souder un fond. Si vous n'avez pas ce genre de pièce au départ, il est plus facile de réaliser un pot carré ou rectangulaire.

A l'intérieur du pot, il faut souder deux fines tôles en inox, percées de gros trous et espacées de 1/2 centimètre. Entre ces deux tôles, on glisse un morceau de tampon à gratter genre Scotch Britt qui se vend en rouleau dans les grandes surfaces et que l'on découpe juste à mesure. C'est le filtre et c'est très efficace. C'est un système que nous avons découvert sur les péniches qui naviguent en eaux intérieures souvent beaucoup plus troubles que la mer ou l'océan. Lors d'un départ pour une grande traversée, je nettoie systématiquement le filtre pour ne pas à devoir le faire en navigant.


L'eau de mer arrive d'un coté. De l'autre on soude les vannes en inox qui sont les points de départ de chaque alimentation en eau claire et salée.

Sur Banik il y a 3 circuits d'eau de mer: L'alimentation du circuit de refroidissement du moteur, le circuit de rinçage des WC, et l'alimentation d'eau de mer à l'évier de la cuisine.
Il faut une vanne sur chaque circuit car on doit pouvoir en isoler un provisoirement tout en laissant les autres en marche. Par exemple lorsque l'on démonte la pompe d'aspiration d'eau de mer du moteur pour changer la turbine, on peut toujours utiliser les autres circuits.

Les tuyaux en plastique armé qui constituent ces circuits sont emmanchés en force autour du tube en inox soudé à la vanne inox. Par sécurité, ils sont maintenus par deux colliers de serrage à chaque jonctions.

L'alimentation du pot se fait par un tuyau de gros diamètre (sinon on ne pourra pas rincer les toilettes  pendant que le moteur tourne par exemple). Le passe coque et la vanne unique que nous avons placée dessus, sont en matière plastique haute résistance utilisé dans l'industrie. Cette vanne se ferme d'un simple geste en un quart de tour. L'avantage de la matière plastique et qu'il n'y a pas de phénomène d'électrolyse comme avec des vannes en inox soudées directement sur l'acier noir ou des vannes en bronze qu'il est difficile d'isoler de la coque.

 

 

Pour fermer le dessus du pot, nous utilisons une rondelle découpée dans une chute de plexiglas. Ceci permet de voir l'intérieur et d'évaluer le niveau d'encrassement du filtre.

Pour faciliter les montages et démontages, nous avons soudé des vis mécaniques par en dessous du rebord. Ces vis restent donc en place, et il suffit d'utiliser une clé à pipe par au dessus pour desserrer les écrous.
L'étanchéité est assurée par un joint collé tout le tour du pot formant un cercle à l'intérieur  du cercle des vis. Nous avons réaliser ce joint en coupant en deux dans le sens de la longueur du joint rond en caoutchouc souple et en le collant au mastic polyuréthanne. Il y a peut-être plus simple mais celui la, nous ne l'avons pas changé pendant 10 ans malgré de multiples démontages du couvercle. Il n'est absolument pas nécessaire de serrer très fort les boulons, juste un demi tour de plus quand le joint commence à s'écraser.

Nous avons fixé sur la cloison juste à coté du pot une petite boite qui contient :
    - la clé à pipe pour desserrer les écrous qui maintiennent  le couvercle en plexiglas,
    - une grosse pinoche qui pourrait boucher le trou dans la tôle à l'endroit du passe coque.

 

Et pour nettoyer le filtre:

C'est une opération que l'on fait régulièrement quand on navigue dans une eau chargée. Je le fais aussi juste avant une longue traversée pour éliminer tous les soucis potentiels susceptibles d'arriver durant cette traversée, et le bon fonctionnement du moteur est indispensable.

Pour nettoyer le filtre, la manipulation est très simple : je ferme la vanne au  niveau du passe coque. Je pompe au WC pour vider une bonne partie du pot, j'ouvre le dessus du pot en plexi, je retire le filtre... Le filtre (en Scotch Britt ou similaire) se nettoie très facilement en le pressant plusieurs fois sous le robinet.

Pour l'opération inverse, après avoir tout remis en place, j'ouvre la vanne d'arrivée de l'eau de mer. Je desserre un peu le couvercle en plexiglas pour laisser partir l'air et je resserre quand l'eau arrive. S'il reste quelques bulles d'air ca n'a aucune importance.

 

Autres avantages:   

Le premier avantage, on l'a déjà dit, c'est de n'avoir qu'un seul trou dans la coque là où il devrait y en avoir 3. Mais il y a deux autres avantages insoupçonnés avant d'avoir vécu à bord avec ce système: 
Comme il n'y a qu'un seul trou, il n'y a qu'une seule vanne à fermer quand on quitte le bord et  on n'hésite donc pas à l'actionner. C'est plus difficile de s'y tenir s'il faut à chaque fois faire tout  le tour du bateau. 
De plus on oubli jamais d'ouvrir la vanne d'alimentation du moteur, généralement c'est déjà fait car on a eu besoin des toilettes ou de l'eau à l'évier ...
Pour ceux qui sont vraiment étourdis, et suivant le conseil d'un de nos lecteurs (Jacques...QdK) on peut ranger la clé du démarrage du moteur sur la vanne en question pour ne pas oublier de l'ouvrir.

Dans certaines situations, comme ici en faisant du rase cailloux, il est impératif d'être absolument certain de son moteur. Le circuit d'eau de refroidissement fait partie des points à bien réaliser.
   

 

Remarques (avec le recul et l'expérience...) :

Mon premier pot était de forme ronde ( mais ca n'a aucune importance)  en inox et nous avons constaté une corrosion au niveau des soudures. Il était boulonné par une de ses trois pattes sur une cornière métallique qui fait partie de la structure de la coque. Comme il contient de l'eau de mer, il a du y avoir un phénomène d'électrolyse. Il a commencé à fuir au bout de 6 à 7 ans.

J'en ai refait un autre également en inox, en tôles pliées, Pour remédier au problème, nous avons simplement interposé une petite plaque de plexiglas (qui a un effet isolant) entre la fixation du pot et  la cornière metallique. Il a commencé à fuir au bout de 10 ans. Rassurez vous ça ne fera jamais une voie d'eau. J'ai glissé un bac en plastique dessous que je vide une fois par semaine.

 

   
3ème version:    J'ai refait le même pot en stratifié polyester massif 5 à 7 mm d'épaisseur et je ne serai jamais plus enquiquiné...

Pot distribution eau de mer

 

Pour simplifier sa réalisation, j'ai supprimé les petites vannes en inox qui permettent d'isoler chaque circuit d'eau et qui se sont corrodées également. Il y a la grosse vanne en plastique qualité haute pression sur le passe coque et c'est tout. Je ne me souviens pas qu'en plus de 20 ans ca a été crucial de devoir isoler les circuits. La seule chose importante pour la sécurité est l'alimentation du moteur. Si je dois intervenir sur le circuit d'eau moteur et que je coupe tout, et bien on se retient de faire la vaisselle (ce n'est pas dur) et on se retient aussi d'aller aux toilettes (je peux avoir la gentillesse de prévenir l'équipage avant, pour que chacun puisse prendre ses dispositions par anticipation).

 

Réponses aux questions:

 

 Le pot doit-il être placé au dessus ou au dessous de la flottaison?

Bonjour. Constructeur amateur (coque acier et projet grand voyage) depuis 3 ans je lis et relis votre site avec toujours autant de curiosité et de plaisir .... et je m'inspire beaucoup des conseils techniques et de votre expérience . Un grand merci pour ce site et votre compétence, et aussi la part de rêve et d'aventure que l'on y trouve !
Je vous ai déjà contacté par le passé et je ne sais par quel miracle , vus avez réussi à trouver le temps d'y répondre de l'autre côté de la terre, pardon de la mer ! Suite à ce mail, ma coque est équipée de plaque pour souder les anodes (et non pas de boulons ), j'ai suivi vos conseils ...
Je me permets de vous solliciter à nouveau car je rejoins un des articles techniques de Banik mais j'aimerai avoir votre avis ( ie : expérience) : il s'agit du pot à eau de mer : Ma question : le pot à eau de mer est-il placé au dessus ou au dessous de la flottaison ; il me semble que pour changer le filtre et ne laisser aucune bulle d'air dans le circuit après, il vaut mieux qu'il soit placé sous la flottaison ... D'un autre côté, en cas de fuite sur ce pot , la voie d'eau est inévitable ... sauf a fermer la vanne d'entrer d'eau comme sur tous les voiliers . Rnfni, pour arranger les choses, Pierre Gutelle dans un de ses ouvrage sur la construction, le préconise " à cheval" sur la flottaison, ce qui n'est pas possible pour moi (place). Sachant que vous disposez de ce système à bord et que vous l'avez largement pratiqué, que d'autre part, je m'oriente vers un système totalement similaire au votre (principe et conception), avez vous un avis sur la question ?
Je vous remercie du temps passé à la lecture de ce (long) mail,
Bonne "suite", bon vent et merci de nous faire partager votre aventure !
Jean P
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Effectivement, je ne l'ai pas précisé, mais le pot est placé sous la flottaison. l'eau ne va pas remonter toute seule dans un pot situé en hauteur. Je l'ai mis sous un plancher.

 

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