Los Cristianos :
L'île de Tenerife est
sans doute celle que l'on préfère des Canaries : Elle offre la mer, la forêt
et la montagne. Nous y faisons escale en mouillant dans le port de Los
Cristianos au Sud. La première fois c'était en 1991.
Après avoir viré la pointe Rasca (feu 3 éclats, 12
secondes, visible à 17 milles) à l'extrême Sud de
l'île de Tenerife, on remonte vers L'Ouest pendant 4 milles vers le port de Los
Cristianos. Attention, il y a des viviers à poissons le long de la côte. S'ils
sont bien visibles la journée, de nuit, ils ne sont éclairés que par un petit
feu palot chacun. Evidemment nous sommes arrivés de nuit en 2004 et nous
avons éviter de justesse d'en percuter un.
Si vous venez de l'Ouest, Los Cristianos se découvre après une
longue ligne (plus de 3 milles) d'immeubles et d'hôtels face à la mer.
Los Cristianos n'est pas un port équipé d'une moderne
marina avec pontons. Pour cela il faut faire un bon mille de plus vers Puerto
Colon (qui offre d'ailleurs un abri sur en cas de coup de vent de Sud vers lequel
Los Cristanos est ouvert).
A Los Cristianos les voiliers restent au mouillage car les
quelques places à quai sont occupées par les pécheurs et les bateaux locaux.
Le fond de sable (3 à 5 mètres) est de tenue moyenne. Attention à quelques
tètes de roche et au vivier de la ferme aquacole au milieu de la zone.
Il y a cependant un chantier qui permet de tirer les
bateaux au sec à l'aide de son travelift pour les travaux éventuels avant la
traversée de l'Atlantique. Il n'est pas incongru dans ce chantier, de
faire ses travaux soi-même. On peut également se ravitailler en gasoil
et en eau en s'adressant au bureau du port.
La zone de mouillage est toujours un peu remuante à cause
de la houle qui contourne les pointes mais nous y sommes restés de nombreux
jours sans gène particulière. C'est même une bonne préparation avant les
mouvements permanents de la houle Atlantique.
On aime bien ce port où nous sommes passés 3 fois, car
le système de mouillage, de débarquement en annexe, de ravitaillement à pied
nous rappelle complètement l'ambiance que nous retrouverons en permanence dans
les mouillages durant la suite du voyage. Lors de notre premier passage,
nous naviguions en compagnie d'un voilier de rencontre dont l'équipage
est devenu ensuite des amis. C'est à Los Cristianos que ces marins
débutants ont mouillé pour la première fois avec leur voilier. Ce fut le baptême
d'une longue séries de mouillages qui les conduisirent jusqu'au bout du
Venezuela...
Il faut bien faire attention de rester en dehors de la
zone de manœuvres du ferry qui vient chaque jour de l'île de Gomera (voir sur
le croquis la limite en pointillés entre le bureau du port à l'Ouest et
un bâtiment à toit rouge surmonté d'une coupole sur la cote Est à l'entrée
du port)
La ville est très touristique,
on aime ou pas. mais pour nous c'est la dernière du genre avant
longtemps car nous quittons les Canaries pour notre 5éme traversée
de l'Atlantique (en 2004)... Alors, de voir des gens, des
boutiques, des petits restos ce n'est pas désagréable.
On peut louer une voiture pour visiter l'île qui est
magnifique. Il y a également des lignes de bus vers Santa Cruz ou vers
l'aéroport international qui se trouve à 16 km de là. Bien pratique pour
accueillir un nouvel équipier. |
|
Extraits de notre livre
"Car la mer est notre jardin".
A découvrir sur le CDRom de Banik
Nous
partons en voiture à la découverte de Ténériffe, "l'île de l'éternel
printemps". Cap vers le Nord, vers le Parc National du Teide. La route
sinueuse monte à l'assaut de la grande montagne. Les canariens ont essayé
d'exploiter au maximum les terrains en construisant des terrasses sur lesquels
poussent des tomates sous leurs dômes de plastique. Un incroyable réseau de
tuyaux irrigue chaque parcelle. Après la petite ville de Arona cela devient le
domaine des forets de grands conifères. Des chemins de randonnée sont tracés
un peu partout comme celui qui mène, en 3 heures de marche, au Ravin de l'Enfer
avec sa cascade naturelle. Puis nous arrivons aux abords du pied du cône
volcanique. Ici c'est un désert de lave, nous traversons un chaos de roches,
une étendue de gorges et de plaines dans un décor lunaire. Les reflets
d'obsidienne éclaboussent les roches ocres et rouges. Le Teide, majestueux,
coiffé d'un chapeau neigeux, domine le tumulte minéral de ses 3718 mètres.
Nous
sommes allés à Los Gigantes sur la côte W. Les géants ce sont les hautes
falaises parfaitement verticales qui plongent dans la mer, semblant écraser de
leur masse le petit port qui a été construit là.
A
Oratava se trouve l'école de broderie qui est une pratique de longue tradition
dans ces îles. Notre route nous
ramène par l'E à travers les champs de figuiers de barbarie, les vignes et les
vergers.
Le
lendemain, Gibé et moi sommes prêt pour la longue marche. Nous avons déplacé
le bateau pour l'ancrer plus à l'intérieur du port. Ainsi, si le vent se lève,
Anik et Nathalie n'auront pas trop de problèmes.
Nous
partons de très bonne heure avec la voiture de location. Il n'y a personne sur
les routes et nous profitons au maximum du réveil de la nature qui s'opère
doucement autour de nous. Il faisait un peu gris à Los Cristianos mais au fur
et à mesure que nous nous élevons, nous perçons la couche de nuages et c'est
avec un ciel d'un bleu profond sous un soleil pas encore bien haut que nous
garons la voiture non loin du point de départ de notre ascension. Nous n'avons
pas de carte mais nous voulons tout de même trouver le refuge ou il fera bon se
reposer ce soir. On commence par escalader un petit raidillon qui nous casse les
jambes, nos muscles ne sont pas encore chauds. Puis on arrive sur un plateau
enneigé où nous reprenons notre souffle. Malgré que nous ayons pris soin
d'alléger nos sacs au maximum, ce début un peu raide nous a esquinté. Nous
sommes maintenant au pied du cône volcanique qui se dresse jusqu'au sommet. Le
plus dur reste à faire et nous nous reposons un peu. Une silhouette approche.
C'est un allemand (il y en a beaucoup aux Canaries) Il porte deux sacs, il est
très lourdement chargé. Nous échangeons quelques mots avant de nous remettre
en route. Il y a 5 ans c'était Gibé qui traînait
la patte et je devais le houspiller pour qu'il avance. Maintenant il est
devant moi et impose un rythme soutenu à notre progression. Je me souviens de
la peine qu'il avait lorsque nous étions, plus jeunes,
ensemble sur ces mêmes pentes et j'essaye de ne rien lui montrer
aujourd'hui de mes efforts pour le suivre.
|
Nous
arrivons au refuge en milieu de journée, L'ascension fut très rapide et pour
nous récompenser nous nous offrons un casse croûte réconfortant... Le nez en
l'air vers la cime enneigée, je décide d'attaquer le sommet dans la foulée
car il fait beau et nous sommes en forme. Nous laissons nos sacs
là, et heureusement que nous sommes lège pour la fin de l'ascension qui
se passe dans des éboulis de graviers et de bombes volcaniques. A chaque pas
nous glissons. La neige a fondu sur les parois chaudes du volcan. Des trous dans
la roche laissent s'échapper des volutes de fumée à l'odeur âcre d’œuf
pourri. Aux abords de ces bouches, la roche se teinte de jaune en se couvrant
des cristaux de soufre.
Au sommet nous laissons éclater notre joie, le soleil est radieux, le
ciel d'un bleu vif et transparent à la fois. Nous apercevons les sommets
des îles voisines: |
Palma au Nord-ouest, la Gomera toute proche, Gran Canaria à l'Est.
Nous dominons tout l'océan de nuages et par dessous il y a l'Atlantique à
perte de vue, comme une invite...
Le vent frais nous rappelle que le jour va bientôt décliner,
et qu'il nous faut absolument rejoindre avant la nuit, le refuge où nous avons
laissé nos affaires. Nous y arrivons à temps. Le soleil vient de basculer
derrière un sommet, et immédiatement la température a baissé de quelques
degrés. Cette nuit elle descendra en dessous de zéro. L'allemand vient de nous
rejoindre. Le poids de son équipement l'a considérablement ralenti. Il a du
fournir un effort énorme jusqu'ici. Nous mangeons avant de nous installer dans
le refuge. Celui-ci n'est qu'une petite pièce sans fenêtres, la porte ne ferme
pas bien à cause de la neige qui s'est accumulé contre elle. Huit lits métalliques,
superposés deux à deux occupent quasiment tout l'espace. A 18 heures il fait
nuit, nous sommes tous les trois couchés dans nos duvets avec quelques
couvertures que nous avons trouvées là, ajoutées par dessus.
La
nuit est agitée, nous avons un peu froid. On se réveille tôt malgré la
fatigue des efforts de la veille. A 5 heures du matin, il fait encore nuit, la
lune bien pleine éclaire les pentes enneigées, nous reprenons nos sacs et
notre marche pour le retour. La neige qui fond le jour sous le soleil forme sur
les roches, une couche ruisselante qui gèle la nuit.
|
Ces plaques brillantes sont extrêmement glissantes et nous nous
retrouvons plusieurs fois sur le derrière durant cette rapide
descente.
Peu à peu le jour se lève, notre vision s'améliore, nos muscles
s'échauffent, nos gestes sont plus surs, notre exaltation
s'amplifie... Nous dévalons la pente de plus en plus vite.
C'est
presque sans nous en être rendu compte que nous sommes arrivés près de la
voiture, fourbus mais heureux, gonflés à bloc d'air pur. Allez, il est temps
d'aller aux Antilles, qu'est ce que tu en penses Gibé ? OK, c'est parti...
A
neuf heures nous sommes au bateau, le soleil brille. On commence à ranger pour
pouvoir lever l'ancre. Anik est un peu surprise mais comme tout est prêt
pourquoi pas? Nous allons rendre la voiture de location, téléphoner à Laure
pour lui annoncer notre départ imminent, on range l'annexe. et il est déjà
midi quand on passe la jetée... Cap à l'Ouest pour un surf de 26 jours de mer.
|
Vous
êtes sur
www.banik.org
|