L'alizé
souffle entre deux zones distinctes:
La
ZIC: Zone Intertropicale de Convergence
et les zones anticycloniques:Les
anticyclones des Açores et des Bermudes pour l'hémisphère Nord. L'anticyclone
de Saint Hélène pour l'hémisphère Sud
La
ZIC est en quelque sorte l'équateur météorologique, c'est la limite entre les
alizés des deux hémisphères. La ZIC n'est pas située juste sur l'équateur mais se promène
entre les latitudes 12° N et 5° S. La
ZIC est plus au Nord en juillet et août
et redescend vers le Sud en janvier et février. Près de la ZIC les vents sont
plus forts, les orages et les
grains plus fréquents et violents. En revanche, près de l'anticyclone le vent
est aléatoire
Il
faut donc naviguer entre les deux. Pour
cela il faut écouter les bulletins météos
qui donnent les positions des anticyclones et de la ZIC. On peut regarder le
ciel aussi: s'il est parsemé de petit nuages plats, on est près de
l'anticyclone... S'il est chargé de gros cumulus ou de cumulonimbus, accompagnés
d'orages, on est proche de la ZIC

La
on est entre les deux
En
gros, en partant des Canaries, soit on fait une route SW jusqu'à une latitude
proche de 20° N, soit on va au SSW si on veut s'approcher un peu de l'archipel
du Cap Vert (au cas ou) . Ensuite, si on a trouvé l'alizé, on ajuste la route
pour aller directement vers l'île de rêve choisie..
La
ZIC génère des perturbations qui traversent l'océan d'E en W. Ces ondes
tropicales sont à l'origine des cyclones à partir du mois de juillet
Le
vent est plutôt NE en avant de l'onde et passe au secteur SE en arrière.
Les ondes se suivent régulièrement et génèrent donc une alternance de
vents de secteurs NE et de SE. Les pauvres marins qui comme nous aiment paresser
sous le soleil sont alors contraints à de multiples manuvres avec des
empannages fréquents. C'est pendant notre première transat en 1991 que j'ai
imaginé le gréement actuel de Banik avec deux génois sur enrouleur et tangons
à poste sur le mat (ce sera l'objet d'un article, un jour).
Si on choisi de faire une route directe, un gréement tel que celui que
nous avons conçu facilite grandement les manuvres. Si on veut aller plus vite
sur la surface et surtout naviguer de façon plus confortable qu'au vent arrière,
il ne faut pas hésiter à se mettre au grand largue, tribord amure, avec du
vent de NE, même si on est pas au cap direct, car on sait que le vent passera
ensuite au SE et on empannera alors pour faire une route au grand largue, bâbord
amure.
Parfois
les dépressions du Nord de l'Atlantique descendent vers le Sud. Elles soufflent d'W
en E et arrêtent l'alizé. Il se forme alors une zone de calme en avant du
front froid. Cela nous est arrivé en
1996
ou BaniK est resté 5 jours sans vent. La journée nous nagions
autour du bateau immobile pour nous rafraîchir dans l'océan lisse comme un
miroir.
Route seul au grand large
En
course, la stratégie est alors de faire route vers le Nord pour traverser au
plus vite le front froid et retrouver rapidement du vent. Pour notre part nous avons
fait route vers le SW chaque nuit au moteur. Certes, nous avons du traverser une
grande zone sans vent, mais nous avions le sentiment d'aller vers le soleil,
vers la chaleur et un alizé certain plutôt que de prendre le risque de devoir
faire du près.
La
meilleure période pour traverser commence en décembre avec un alizé fort et
bien établi. Les conditions optimales se trouvent entre l'anticyclone des
Açores et la ZIC.
A partir de mai, la ZIC remonte en apportant des régimes perturbés. A partir
du mois de juin, les ondes tropicales peuvent dégénérer en tempêtes ou en
cyclones et il est absolument hors de question de traverser à cette période.
En
1991, Banik a traversé en 16 jours, durant le mois de
mars, depuis les îles du Cap Vert jusqu'à Grenade aux
Antilles. Nous étions relativement Sud et tard en
saison. Je me souviens avoir écrit dans notre livre de bord: " Nous sommes
depuis trois jours sous la grisaille, on a l'impression de naviguer en Manche
mais il fait bon: On est en short et en T-shirt".
En
1996, nous avons traversé au mois de février avec la rencontre de cette période
de calme décrite ci dessus. Nous avons mis 26 jours depuis les Canaries jusqu'en
Martinique. La distance est plus longue qu'à partir du Cap Vert.
En 2004, nous avons traversé au mois de
décembre en 17 jours. Nous sommes partis exactement du même endroit pour arriver
au même endroit avec le même équipage et le même bateau et nous avons mis près
de 9 jours de moins.
Nos
expériences ne sont pas des généralités. Il n'y a jamais deux traversées
identiques, alors il ne faut pas trop se prendre la tête. Je ne sais pas à quelle période
nous traverserons la prochaine fois. La seule chose certaine c'est que nous ne
partirons pas plus tard que mi avril pour ne pas risquer d'arriver après mi mai
Pour illustrer cet article:
Les paroles de
Ponpon
D'autres
textes de Ponpon
Il
faut un peu de chance pour réussir
un long voyage. Mais il faut laisser la plus petite part possible à la
chance.