Mâter (ou démâter) le voilier :
Ce sont des manœuvres
inévitables dans la vie d'un voilier. Mâter ou démâter un voilier peut paraître
un travail immense mais après l'avoir réalisée plusieurs fois, cette
opération deviendra banale. Tout réside en fait dans la préparation.
Nous avons procédé à cette manœuvre plusieurs dizaines de fois. Avec Banik
à chaque hivernage, quand nous remontons dans les terres par les canaux ou pour
des voiliers dont nous avons volontiers prêté main forte à l'équipage pas
toujours très rassuré.
Dans ces articles, nous expliquerons comment réaliser ces manœuvres à l'aide
d'une grue, sous un pont et entre deux voiliers.
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Profitons en :
Le fait d'avoir le mat à l'horizontal est une
bonne occasion pour tout vérifier : Le gréement courant est passé en revue,
les haubans n'ont pas de gendarmes, les câbles électriques sont toujours bien
protégés, les ampoules des feux de route remplacées, la nouvelle antenne VHF
fixée solidement ...
On va pouvoir remâter l'esprit serein.
La préparation :
Comme nous l'avons dit, c'est la clé de la
réussite.
Comment préparer les haubans
: Les grutiers aiment que ça aille vite.
Pour cela il faut que tout soit clair et qu'il y ait le moins de chose possible
à faire pour que le mât tienne tout seul. Sur Banik 3
haubans suffisent à tenir le mat dans le port : Le bas étai et les deux
bastaques fixes qui tirent en arrière et sur le coté. Tous les autres
haubans sont ficelés le long du mat avec des bouts de laine cassants. Ils ne gênent
pas durant la manœuvre. Les 3 câbles précités sont ficelés
également mais avec moins de ligatures et surtout à part, et après les autres. Les
grands
étais ne sont pas en place sur le mat. Ils portent des enrouleurs qui feront l'objet d'un montage plus
spécifique
car on va considérer que les enrouleurs sont démontés. Cela fera donc l'objet
d'un autre article : Comment installer un enrouleur.
Il est important de vérifier comment passent les haubans latéraux aux
extrémités des barres de flèches. Il ne faut surtout pas que les hauban
puissent s'échapper de leur logement. On peut déjà serrer le système de
fixation mais pas de façon définitive, il vaudra mieux attendre le réglage
final du mat, un peu plus tard.
Ranger les drisses:
On ne les fixe pas avec le paquet de hauban, on les installe après. Chaque
drisse passe dans sa poulie puis revient au pied de mat sans faire de tour
avec d'autres drisses, des haubans ou autour du mât. Les deux extrémités
sont fixées bien souqués sur le même taquet qui est habituellement affecté
à cette drisse. Tenues ainsi, elles restent bien tendues le long du mât mais
sont prêtes à servir éventuellement. Les drisses peuvent être très utiles
pour tenir provisoirement le mât dans le sens longitudinal. Si elles sont
bien rangées et prêtes à l'emploi, elles peuvent venir à point nous sortir
d'un mauvais pas. Mais en principe elles ne servent pas dans l'opération de matage.
Préparer les ridoirs:
Chaque ridoir est affecté à une place précise car ils ne
sont pas forcément tous de la même longueur ni du même diamètre de
vis. Lors du démâtage on aura pris soin de les repérer pour pouvoir les
remettre à leur place. le meilleur moyen étant alors de les laisser au bout
du hauban correspondant. Cependant, pour le remâtage, je préfère mettre les
ridoirs sur les cadènes plutôt que les laisser à l'extrémité des haubans.
Cela évite de traîner dans l'opération un paquet de ridoir en même temps
que tout le câblage et le mât. Cela évite de perdre un ridoir à l'eau car
ils sont vissés au minimum pour leur donner un maximum d'allongement. Cela
évite qu'ils cognent lourdement sur le pont en provoquant des éclats de
peinture...
On en aura profité pour graisser les ridoirs qui doivent se visser avec aisance.
Si vous avez des ridoirs avec des extrémités identiques (deux chapes) prenez
garde de choisir la bonne chape à mettre sur la cadène. En effet il est
préférable que tous les ridoirs tournent dans le même sens pour serrer.
Conventionnellement on serre en tournant vers la droite.
Les deux vis du ridoir seront prises du même nombre de tours dans la cage.
Si une des vis du ridoir est sertie au hauban, (ce qui est souvent le cas avec
du monotoron) on ne fait que quelques tours sur la vis du bas. (2 ou 3,
juste pour que cela tienne).
Préparer les outils :
Il ne faut pas devoir les chercher avec énervement
et précipitation alors qu'on tient le mat en équilibre scabreux:
Un ou deux bons tournevis
dont le diamètre passe dans les trous de ridoir,
Des pinces multiprises pour
placer et tirer les goupilles ou tenir le haut du ridoir pendant que l'on
tourne,
Des gants de chantier en cuir si on a les mains fragiles...
Préparer tous les
accessoires : Avoir un jeu de goupilles prêtes ainsi que les axes et les manilles
éventuelles.
Avec une grue: c'est l'idéal
:
Mâter le voilier:
Tout d'abord, il faut bien immobiliser le bateau qui ne doit pas se
déplacer quand la grue tirera dans un sens ou dans l'autre en communiquant son énergie
par les jambes des équipiers qui soutiennent le mat. On installe donc des
amarres de pointe et des gardes dans les deux sens. Un bon amarrage montrera
au grutier que vous êtes sérieux.
S'il est là, le skipper reste le maître à bord
et le maître de la manœuvre. Le grutier ne verra pas d'inconvénient à suivre
ses instructions à conditions qu'elles soient claires et efficaces. Attention
normalement le grutier c'est un pro, si vous ne sentez pas la chose laissez le
faire. Pour prendre en main la manœuvre il est impératif de pouvoir guider le grutier
avec les gestes conventionnels:
en faisant tourner sa main index levé pour dire
de monter,
en agitant le pouce vers le bas pour faire descendre,
en agitant les mains
plates horizontalement pour dire stop.
Le skipper n'a pas intérêt à participer à la manœuvre
ce qui libère toute son attention pour diriger efficacement les opérations. Il regarde partout, il voit le câble qui
traîne et qui s'accroche (cela ne devrait pas arrivé si c'est bien préparé).
Il
donne des ordres précis à ses coéquipiers à qui il a préalablement
expliqué comment va se dérouler toute l'opération.. il doit avoir en tête
que la grue peut monter et descendre, mais également probablement effectuer des
déplacements latéraux. (en donnant plus de longueur à la flèche ou en
pivotant.
Sur les gros bateaux, il faut au moins être 2 personnes pour
tenir le pied de mat et l'amener dans son logement. Pour fixer les
haubans et agir
rapidement , 3 ou 4 personnes c'est mieux mais à condition que tout le monde soit
dégourdi.
Plus nombreux, cela devient encombrant et on se gène.
S'il y a de la hauteur sous la grue, on a intérêt
à prendre le mat par un capelage fixé sous la tête et avec une bonne
longueur. Le mat sera ainsi transporté plus verticalement et sans risquer
que le crochet de la grue ne l'abime. Mais ce n'est pas toujours possible. On place
alors une boucle (en cordage ou en sangle) sous les barres de flèche les plus
hautes. Cette boucle servira à y fixer le crochet de la grue. Placez le
cordage ou la sangle sous les haubans ou bastaques dont les fixations
arrivent à cette hauteur sinon il sera impossible de les écarter
correctement tant que la grue sera en tension.
Il faut faire une boucle de au moins 1 mètre pour que le crochet passe
facilement et ne
soit pas trop serré contre le mat ce qui pourrait l'abîmer (le mat pas le
crochet).
La grue soulève le mat pendant que les
équipiers soutiennent et accompagnent le pied de mat que l'on amène
progressivement vers son logement.
Une fois le mat posé sur son pied, la grue le maintient en
position et nous mettons en place prestement le bas étai puis les deux
bastaques. 3 axes à enfiler, 3 ridoirs à serrer à la main. La grue peut
nous lâcher...
Nous avons souvent mis de moins de 10 minutes entre le moment ou
la grue prend le mat et celui ou elle peut le lâcher.
Il faudra monter maintenant pour libérer le crochet de mat de la boucle
de levage.
Si on a des échelons cela va bien. Sinon il faudra se faire hisser avec
une chaise ou bien être très agile pour grimper le poteau. |
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Ensuite on bouge le bateau pour libérer la
place, on peut finir de gréer le mat tranquillement en ayant rejoint son
ponton. Si vous n'avez pas de bas étai et de bastaques, vous pouvez faire la
même chose avec le grand étai, le pataras et deux haubans. Le reste du
haubanage est mis
en place dans un deuxième temps.
Attention aux erreurs :
Tous les axes doivent immédiatement être assurés par
une goupille, on ne
passe pas à une autre tache sans avoir enfilé la goupille sur un axe que l'on
vient de mettre en place.
Raidir les ridoirs: La chape du bas est
maintenu naturellement prise à cheval dans la cadène. Attention quand on
tourne le ridoir, il faut maintenir fermement avec une pince ou une clé la
chape du haut (ou l'extrémité du hauban).Si on ne le fait pas, c'est tout
le hauban qui tourne en même temps que le ridoir. Cela a deux effets
néfastes :
On crée un mouvement de détoronage du hauban qui peut ainsi s'affaiblir ou
provoquer une contrainte au niveau du sertissage
On ne visse pas le ridoir de façon équitable sur les deux vis. On pourra
donc manquer de longueur à reprendre ou bien avoir trop peu de filets engagés dans la cage du coté supérieur.
Démater c'est
pareil dans l'autre sens...
La préparation consiste à démonter l'étai
de génois avec son enrouleur, à défaire tous les haubans, les ramener le
long du mat pour les fixer avec des garcettes. Quand on se présente sous la
grue il n'y a plus que 3 câbles à retirer : Le bas étai et les deux
bastaques.
Un autre article explique
la technique pour mater sans aucune aide mécanique en utilisant un pont routier
qui n'a pas forcément besoin d'être plus haut que le mat.
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