Passer le Cap
de Bonne Espérance, c'est moins mythique que le Cap Horn, mais bon, ca
reste tout de même une marque de parcours importante, un virage qu'il
faut bien négocier en arrivant de l'Indien, avant de remonter l'Atlantique. L'océan Indien avait
été assez rude mais tout à fait supportable durant la longue traversée
d'Est en Ouest depuis Bali jusqu'à la Réunion. Depuis Port Elisabeth je suis seul à bord. Anik est retenue en France et, le temps pour trouver une bonne fenêtre météo passant, l'équipage a repris ses occupations à divers coins de la planète (Canada, Australie et France).
Les informations de base:
Le parcours de Banik :
L'objectif de cette navigation qui se déroule d'Est en Ouest, est de rejoindre Simon's town depuis Port Elizabeth. Simon's town se trouve au fond de la baie juste avant le Cap de Bonne Espérance. Sur la carte ci-dessus on voit en rose foncé la trace de Banik qui rentre dans la baie. C'est une navigation de 400 milles qui passe sous le cap des Aiguilles, le point le plus Sud de l'Afrique. En coupant la longitude 20° Est qui trace sur le cap des Aiguilles, on quitte l'océan Indien pour rentrer dans l'océan Atlantique.
Le départ se fait en fin de nuit, pour profiter d'un vent atténué qui ne me gênera pas trop pour contourner le Cap Recife. Le ciel est gris, le temps pas très engageant, mais ca fait déjà deux semaines que j'attends cette fenêtre météo. Il faut y aller.
Elian sur le voilier Pelagos (14 m) est parti aussi. Il navigue sous foc seul et c'est bien suffisant pour marcher dans une houle assez creuse. On ne remarque pas le creux sur les photos mais le gros chalutier dont la coque disparait parfois complètement le montre bien.
C'est en fin d'après midi de cette journée maussade que la soudure qui relie la petite barre franche du pilote hydraulique à la mèche de gouvernail... s'arrache. Ca ne pouvait pas arriver quand nous étions 4 personnes à bord, non! Ca fait des années que je n'ai pas fait de navigation solo et c'est pendant ces 400 petits milles qu'arrive ce problème. Plus de pilote automatique => plus de repos. J'avais pris une route un peu au large pour attraper le courant des Aiguilles. La décision sage cependant est de ne pas continuer vers le Cap de Bonne Espérance mais de rejoindre Mossel bay qui se trouve à 120 milles de ma position. Je contacte Elian à la VHF. Il est sympa, il décide de changer sa route également pour pouvoir éventuellement m'aider à réparer. 10 heures de suite à la barre, il fait froid et le pilote de secours, trop faible pour cette mer, ne tient pas le bateau. Heureusement, au bout de 10 heures, le vent et les vagues diminuent, le pilote de secours parvient à faire son boulot et je peux prendre du repos en fin de nuit. Il a même fallu finir au moteur pour rejoindre le mouillage. La réparation n'a pas pris plus d'une heure. Il m'a fallu démonté la pièce cassée et rejoindre un ponton équipé d'une prise de courant pour brancher mon poste à souder. On se fait ensuite un bon petit restau avec Elian, je lui dois bien cela, et une bonne nuit au mouillage avant de repartir le lendemain matin.
Cette reprise se fait par beau temps. Le ciel est toujours gris, il fait
froid, j'ai même enfilé les bottes avec de grosses chaussettes, mais les
deux focs en ciseaux tirent Banik à plus de 6 nœuds de moyenne. Le soleil
va se coucher. Il fera nuit quand je passerai le cap des Aiguilles que
je ne verrai donc pas. Je ne voyais pas la terre mais je voyais son
phare. C'était émouvant de penser que j'allais retrouver
l'Atlantique. La mer ne va pas changer évidemment, je vais juste
franchir une ligne, mais ça fait 10 ans maintenant qu'Anik et moi avons
quitté cet océan et je suis ému. J'ai envie de partager cela avec elle.
Un coup d'œil à mon téléphone: Je ne suis pas très loin de la cote, il y
a du réseau, c'est la pleine nuit aussi en France, ca ne fait rien.
Dring.... Dring.... Dring... Trop Cooooool !!!
Je navigue maintenant dans False Bay en direction de Simon's town. En face de moi, derrière le phare blanc qui balise des hauts fonds rocheux, s'élève la fameuse montagne de la Table dont le sommet est parfaitement horizontal et qui surplombe la ville de Capetown. Pas de chance pour moi, aujourd'hui elle est encapuchonnée de son nuage blanc. J'aurai d'autres occasion de la voir.
Cette image, ci-dessus, prise plus tard de la terre, montre le Cap Point, voisin du Cap de Bonne Espérance et dans le fond à l'horizon vers l'Est, le Cap Hangklip. Je suis passé entre les deux pour rentrer dans la False Bay où se trouve Simon's Town.
C'est le 31 décembre 2014. Je n'ai même pas essayé de rentrer dans la marina. J'arrive dans la zone de mouillage au moteur. J'ai bien préparé l'ancre, la chaine et son câblot. Il faut que ça croche du premier coup dans 12 mètres d'eau sur un fond de sable couvert de grandes algues. Je suis à sec de toile mais les rafales à 40 nœuds font giter le bateau. C'est parti, j'envoi toute la chaine et tout le câblot. Il faut mettre tout le poids sur le fond. Derrière moi c'est la cote... Je n'arrêterai le moteur qui tourne au point mort qu'après un quart d'heure à surveiller que l'ancre ne dérape pas. Ce n'est pas ce soir que j'irai faire réveillon. De toutes les façons je suis crevé.
Le lendemain matin le vent est tombé, je débarque en annexe pour voir comment c'est organisé à terre. Le premier être vivant que je vois est une otarie qui se chauffe au soleil sur le brise lame. Coucou, un petit sourire tu es photographiée!
Anik est arrivée en avion à Capetown et nous profitons de la première occasion pour aller voir le Cap de bonne Espérance en vrai... et en voiture.
Au pied du Cap de Bonne Espérance: des phoques, des otaries, des pingouins (des manchots du Cap pour être plus précis), des fous, des cormorans, des albatros... En fait cette faune marine des pays froid est bien acclimatée au Cap car il y a le courant froid du Benguela qui remonte des profondeurs océaniques du grand Sud et qui donne une température glacée à l'eau de mer à l'Ouest du Cap de Bonne Espérance et tout le long de la cote de Namibie. A L'Est du Cap, par contre, le courant chaud des Aiguilles nous avait donné la sensation de naviguer sous les tropiques. Un peu plus dans les terres (à 500 mètres de là où nous sommes sur la photo ci-dessus) on rencontre des autruches, des babouins, des zèbres, des antilopes... C'est bien l'Afrique tout de même.
Passer le Cap Point et le Cap de Bonne Espérance pour rejoindre la vile du Cap (Cape town) à une petite cinquantaine de milles d'ici, et faire les formalités de sortie. Ensuite on prend le large en direction de Sainte Hélène. La photo du mois :
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