Lettre de Banik
Février 2015

numéro 98

 

 

Passer le Cap de Bonne Espérance, c'est moins mythique que le Cap Horn, mais bon, ca reste tout de même une marque de parcours importante, un virage qu'il faut bien négocier en arrivant de l'Indien, avant de remonter l'Atlantique. L'océan Indien avait été assez rude mais tout à fait supportable durant la longue traversée d'Est en Ouest depuis Bali jusqu'à la Réunion.
Depuis l'île de la Réunion, il a vraiment été beaucoup plus tranquille que ne le laissait supposer sa réputation en approche des côtes Sud-africaines. Voir le texte dans la précédente lettre de Banik.

Depuis Port Elisabeth je suis seul à bord.  Anik est retenue en France et, le temps pour trouver une bonne fenêtre météo passant,  l'équipage a repris ses occupations à divers coins de la planète (Canada, Australie et France).

 

Les informations de base:

  • La lettre a été rédigée à Simon's Town au Sud de l'Afrique du Sud.
  • La position GPS est 34°11,48' S - 18°26,02' E dans la marina.
  • Le temps en cette saison est toujours très ensoleillé mais il y a souvent beaucoup de vent.... et il est frais... dans tous les sens du terme.
  • La température est très agréable 20° -  26° à l'abri du vent. C'est l'été et les jours sont longs.
  • La distance parcourue depuis la dernière lettre mensuelle: 410 milles en solo depuis Port Elisabeth.
  • La distance parcourue depuis le départ du tour du monde est donc de 33 950 milles soit 62 875  kilomètres.
  • Le décalage horaire avec la France est de 1 heure en plus. Etant encore plus à l'Est, nous sommes en avance sur vous.

 

Le parcours de Banik :

Depuis la dernière lettre:  

L'objectif de cette navigation qui se déroule d'Est en Ouest, est de rejoindre Simon's town depuis Port Elizabeth. Simon's town se trouve au fond de la baie juste avant le Cap de Bonne Espérance. Sur la carte ci-dessus on voit en rose foncé la trace de Banik qui rentre dans la baie. C'est une navigation de 400 milles qui passe sous le cap des Aiguilles, le point le plus Sud de l'Afrique. En coupant la longitude 20° Est qui trace sur le cap des Aiguilles, on quitte l'océan Indien pour rentrer dans l'océan Atlantique.

 

Le départ se fait en fin de nuit, pour profiter d'un vent atténué qui ne me gênera pas trop pour contourner le Cap Recife. Le ciel est gris, le temps pas très engageant, mais ca fait déjà deux semaines que j'attends cette fenêtre météo. Il faut y aller.

 

Elian sur le voilier Pelagos (14 m) est parti aussi. Il navigue sous foc seul et c'est bien suffisant pour marcher dans une houle assez creuse. On ne remarque pas le creux sur les photos mais le gros chalutier dont la coque disparait parfois complètement le montre bien.

 

Un sale grain se pointe à l'horizon. Ca va mouiller et le vent va fraichir. En navigation solo il faut anticiper encore plus. J'enfile le ciré et je prends un deuxième ris dans la GV.

 

C'est en fin d'après midi de cette journée maussade que la soudure qui relie la petite barre franche du pilote hydraulique à la mèche de gouvernail... s'arrache.  Ca ne pouvait pas arriver quand nous étions 4 personnes à bord, non! Ca fait des années que je n'ai pas fait de navigation solo et c'est pendant ces 400 petits milles qu'arrive ce problème. Plus de pilote automatique => plus de repos. J'avais pris une route un peu au large pour attraper le courant des Aiguilles.  La décision sage cependant est de ne pas continuer vers le Cap de Bonne Espérance mais de rejoindre Mossel bay qui se trouve à 120 milles de ma position. Je contacte Elian à la VHF. Il est sympa, il décide de changer sa route également pour pouvoir éventuellement m'aider à réparer. 10 heures de suite à la barre, il fait froid et le pilote de secours, trop faible pour cette mer, ne tient pas le bateau.  Heureusement, au bout de 10 heures, le vent et les vagues diminuent, le pilote de secours parvient à faire son boulot et je peux prendre du repos en fin de nuit. Il a même fallu finir au moteur pour rejoindre le mouillage.

La réparation n'a pas pris plus d'une heure. Il m'a fallu démonté la pièce cassée et rejoindre un ponton équipé d'une prise de courant pour brancher mon poste à souder. On se fait ensuite un bon petit restau avec Elian, je lui dois bien cela, et une bonne nuit au mouillage avant  de repartir le lendemain matin.

 

Cette reprise se fait par beau temps. Le ciel est toujours gris, il fait froid, j'ai même enfilé les bottes avec de grosses chaussettes, mais les deux focs en ciseaux tirent Banik à plus de 6 nœuds de moyenne. Le soleil va se coucher. Il fera nuit quand je passerai le cap des Aiguilles que je ne verrai donc pas. Je ne voyais pas la terre mais je voyais son phare. C'était émouvant de penser  que j'allais retrouver l'Atlantique. La mer ne va  pas changer évidemment, je vais juste franchir une ligne, mais ça fait 10 ans maintenant qu'Anik et moi avons quitté cet océan et je suis ému. J'ai envie de partager cela avec elle. Un coup d'œil à mon téléphone: Je ne suis pas très loin de la cote, il y a du réseau, c'est la pleine nuit aussi en France, ca ne fait rien.   Dring.... Dring.... Dring...
"Alooo... Quest ce qui se passe ?"
"10, 9, 8, 7..."
"C'est toi JB qu'est ce que tu racontes ?"
"6, 5, 4, 3..."
"Mais explique moi!..."
2, 1... Ca y est nous avons passé le cap des Aiguilles, je suis en Atlantique et tu as vécu ça en direct avec moi..."

Trop Cooooool !!!

 

  Je n'ai pas vu le cap des Aiguilles mais j'ai bien vu le cap Hangklip (voir la carte ci dessus avec, en rose foncé, la trace de Banik). Et je m'en approche vite poussé par 25 à 30 nœuds de vent. C'est super, je serai à Simon's town avant la nuit. Ca sera plus facile pour l'arrivée.
     
  Dans l'après midi les rafales atteignent souvent les 35 nœuds. Les deux focs sont toujours tangonés de part et d'autre mais leur surface a été bien réduite. Ce n'est pas le peine de forcer. Je suis dans les temps, il faut préserver le matériel.

 

Je navigue maintenant dans False Bay en direction de Simon's town. En face de moi, derrière le phare blanc qui balise des hauts fonds rocheux, s'élève la fameuse montagne de la Table dont le sommet est parfaitement horizontal et qui surplombe la ville de Capetown. Pas de chance pour moi, aujourd'hui elle est encapuchonnée de son nuage blanc. J'aurai d'autres occasion de la voir.

 

Cette image, ci-dessus, prise plus tard de la terre, montre le Cap Point, voisin du Cap de Bonne Espérance et dans le fond à l'horizon vers l'Est, le Cap Hangklip. Je suis passé entre les deux pour rentrer dans la False Bay où  se trouve Simon's Town.

 

C'est le 31 décembre 2014. Je n'ai même pas essayé de rentrer dans la marina. J'arrive dans la zone de mouillage au moteur. J'ai bien préparé l'ancre, la chaine et son câblot. Il faut que ça croche du premier coup dans 12 mètres d'eau sur un fond de sable couvert de grandes algues. Je suis à sec de toile mais les rafales à 40 nœuds font giter le bateau. C'est parti, j'envoi toute la chaine et tout le câblot. Il faut mettre tout le poids sur le fond. Derrière moi c'est la cote... Je n'arrêterai le moteur qui tourne au point mort qu'après un quart d'heure à surveiller que l'ancre ne dérape pas. Ce n'est pas ce soir que j'irai faire réveillon. De toutes les façons je suis crevé.

 

Le lendemain matin le vent est tombé, je débarque en annexe pour voir comment c'est organisé à terre. Le premier être vivant que je vois est une otarie qui se chauffe au soleil sur le brise lame. Coucou, un petit sourire tu es photographiée!

 

Actuellement :  

Anik est arrivée en avion à Capetown et nous profitons de la première occasion pour aller voir le Cap de bonne Espérance en vrai... et en voiture.

 

  Le Cap de Bonne Espérance vu de Cap Point à 2 kilomètres de là.
Il y a un sentier aménagé entre les deux cap et je n'ai pas résisté d'y faire un footing pour réaliser la jonction en attendant de les passer par la mer.
     
  Bon OK On ne l'a pas encore passé à la voile mais on est monté dessus. C'est déjà pas mal.

 

Au pied du Cap de Bonne Espérance: des phoques, des otaries, des pingouins (des manchots du Cap pour être plus précis), des fous, des cormorans, des albatros...

En fait cette faune marine des pays froid est bien acclimatée au Cap car il y a le courant froid du Benguela  qui remonte des profondeurs océaniques du grand Sud et qui donne une température glacée à l'eau de mer à l'Ouest du Cap de Bonne Espérance et tout le long de la cote de Namibie.

A L'Est du Cap, par contre, le courant chaud des Aiguilles nous avait donné la sensation de naviguer sous les tropiques. Un peu plus dans les terres (à 500 mètres de là où nous sommes sur la photo ci-dessus) on rencontre des autruches, des babouins, des zèbres, des antilopes... C'est bien l'Afrique tout de même.

 

Le programme des semaines à venir:   

Passer  le Cap Point et le Cap de Bonne Espérance pour rejoindre la vile du Cap (Cape town) à une petite cinquantaine de milles d'ici, et faire les formalités de sortie. Ensuite on prend le large en direction de Sainte Hélène.

 

La photo du mois :


Manchot du Cap

 

 

 

Annonce de Banik:

Il ne reste qu'une seule cabine pour naviguer en croisière école sur Banik en juillet prochain. Une cabine double pour un couple.

Embarquement de l'équipage à Saint Martin aux Antilles le 25 juin 2015.

Traversée de l'Atlantique jusqu'aux Açores et débarquement à Horta.

Une place est également disponible pour une personne seule pour la traversée Horta (île de Faial aux Acores) - Calais ( Le bout de la Manche) Embarquement de l'équipage le 10 aout.

Pour plus de détails voir le lien suivant:  http://www.banik.org/croisieres/atlantique.htm

Et n'hésitez pas à nous écrire.

 

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Le rôle de la lettre de Banik :

Cette lettre de Banik, que vous êtes en train de lire, n'est pas faite pour donner des informations techniques sur le voyage au long cours en voilier, il y a le site www.banik.org pour cela et vous êtes nombreux à aller régulièrement le consulter.
Le rôle de la lettre n'est pas non plus de vous faire vivre par le menu nos aventures actuelles il y a la possibilité de s'abonner aux Cahiers de Voyage de Banik pour cela et vous êtes de plus en plus nombreux à le faire...

La lettre de Banik vous permet simplement d'être informés de ce qui se passe en ce moment dans l'environnement de Banik.  C'est une information minimum et ponctuelle.

 

Les Cahiers de Voyage de Banik :

Le récit  détaillé de notre Tour du monde est décrit dans les Cahiers de Voyage de Banik. Abonnez vous pour recevoir, par email, un lien vers des articles avec plein de photos, des descriptions de nos découvertes originales aux escales, nos trucs et astuces de navigation, nos rencontres et des reportages sur les sujets qui nous ont interpelés. ... Plus d'informations sur les cahiers...

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BAptiste & aNIK
Voyageurs hydrophiles

 

 

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