La survie dynamique: (Suite)
Nous voila donc dans le
canot et tout le matériel indispensable est à bord. Devant nous il y a peut-être
une longue route pour atteindre la cote ou une voie maritime fréquentée. Il
faut que tout l'équipage tienne le coup mentalement et physiquement quelque
soit la durée de l'épreuve.
Conseils généraux de survie
sur un canot :
LE NAUFRAGE:
On ne quitte pas une épave
qui flotte encore.
Le canot ne constitue jamais que la dernière
chance. Combien de bateau abandonnés par l'équipage ont été retrouvés
longtemps après à la dérive... Même démâté, submergé, le bateau
contient une multitude de chose permettant la survie: Les boites de conserve,
les réservoirs d'eau douce, le matériel de pèche... Et il est plus
repérable qu'un petit canot.
Si on en a la possibilité, boire un maximum
d'eau avant de quitter le bord.
LA PEUR:
Vaincre la peur donne le maximum de chances de
vaincre les autres ennemis.
L' ÉTAT PHYSIQUE:
Se maintenir en meilleure forme physique
possible permet de garder le moral:
Masser les membres ankylosés,
Faire quelques mouvements de gymnastique (abdominaux, pompes...) en évitant
de suer pour garder l'eau (le faire peu, souvent, la nuit...),
Se baigner et nager (en étant amarré) une ou plusieurs fois par jour. Cela
réhydrate le corps par la peau, évite l'ankylose, procure un bien être
physique et psychologique. Pendant que l'un se baigne avec un masque pour
regarder sous l'eau, l'autre surveille les alentours dans l'hypothèse de la
présence d'un requin... Ces efforts favorisent le sommeil
indispensable à l'état mental et physique.
Pour éliminer le mal de mer: rester allongé, fermer les yeux, prendre des
médicaments.
La constipation quasi constante est normale à cause de la déshydratation,
l'inactivité, la rareté alimentaire et l'absence de fibres. Rien à voir
avec une occlusion intestinale, Inutile donc de s'alarmer.
Prendre chaque jour une dragée d'un complexe vitaminé.
Dessaler et sécher les plaies à l'air libre et éviter de les mouiller d'eau
de mer...
Si l'on attrape une ophtalmie: Mettre un tampon sur les yeux pendant 48
heures, utiliser le collyre.
LES INTEMPERIES:
Installer la tente sur l'annexe: elle protège
contre le soleil, la pluie, le vent.
Essayer de lutter contre l'humidité: gonfler le matelas pneumatique ou les
coussins gonflable, ils isoleront du froid et de l'humidité du fond. Ecoper
et éponger en permanence le fond de l'annexe.
Lutter contre le froid: Des vêtements mouillés réchaufferont tout de même
s'ils sont protégés par un ciré.
Eviter le soleil: Se protéger des coups de soleil (casquette à visière,
vêtement, ombre de la tente).
LA SOIF:
L'eau de pluie:
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Étudier de suite les moyens de
récupérer l'eau de pluie (gouttières, tuyau, entonnoir...). Il
faut faire des essais avec de l'eau de mer pour mettre en œuvre rapidement
un système éprouvé quand viendra l'averse. Laver la tente à l'eau de mer
à l'annonce de l'orage pour la propreté, mais surtout pour la dessaler des
embruns séchés accumulés. Un deuxième rinçage rapide pourra être
réalisé éventuellement avec les premières gouttes de pluie.
Quand vient la pluie,
il ne faut pas se mettre sur le dos la bouche ouverte pour étancher sa
soif. Ce n'est pas le moment de boire mais de stocker. Stocker le maximum
dans tout ce qui se présente: Bidons, sacs plastiques, matelas pneumatique,
les tubes en PVC rangés sous les bancs de l'annexe, les coussins gonflables etc...
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Ensuite, s'il
continue de pleuvoir: boire au maximum, prendre une douche bienfaisante et
rincer les vêtements.
Préserver l'eau:
Vérifier chaque jour les provisions d'eau: il faut prévenir les pertes
accidentelles: un plastique qui risque de se percer, un bouchon mal serré.
Filtrer l'eau dans un linge si elle verdit quand on a pas ce qu'il faut pour
la traiter.
L'eau des poissons:
Presser les filets (coupés en petits cubes)
dans un linge que l'on torsade ou à l'aide d'un presse purée cela permet
de boire sans manger ( manger nécessite de boire).
L'eau de condensation:
Elle peut se récolter sur la toile de
tente le matin avec une éponge.
L'eau de mer:
Il est possible de
prolonger de façon considérable le temps de survie si on boit de l'eau
de mer.
Cela ne veut pas dire que l'eau de mer n'est
pas dangereuse, il y a des règles à observer rigoureusement et qui sont
basées sur des expérimentations: La plus fameuse est celle d'Alain Bombard
qui partit seul, sans nourriture et sans eau pour traverser l'Atlantique
comme un "naufragé volontaire" sur son canot pneumatique.
Le principe
est de trouver la limite entre la déshydratation qu'il faut éviter en
buvant et l'empoisonnement par les sels contenus dans l'eau de mer.
Je ne vais pas rentrer dans les explications
scientifiques, je n'en suis pas capable et elles se trouvent dans les livres
spécialisés (voir le très bon livre de Xavier Maniguet: Comment survivre
en mer ). Je me contente de résumer les principes et de les illustrer par
un cas concret.
"A appliquer sous sa
propre responsabilité si on donne foi aux principes des scientifiques
qui y croient".
Quelques règles
élémentaires:
> Ne pas attendre de souffrir de la
soif pour commencer à boire de l'eau de mer, on est alors déjà
déshydraté et l'eau de mer ne fera qu'empirer les choses.
> Quand on boit de l'eau de mer, il
faut en absorber 500 gr par jour par petites gorgées toutes les 2 à 3
heures. (avoir un doseur)
> Alterner 5 à 6 jours d'eau de
mer (on pourrait aller jusque 7), et trois jours d'eau douce quelle qu'en
soit l'origine (pluie, eau de poisson, ...)
> Ne pas manger d'aliment salé
pendant la période "eau de mer".
> Quand on ne dispose plus de
boisson (c'est le cas ou on a dépassé le nombre de jour d'absorption
d'eau de mer sans avoir pu récupérer de l'eau douce), il faut s'abstenir
de toute alimentation (hors poisson frais qui contient beaucoup d'eau) car
la digestion des aliments consomme de l'eau en réserve dans le corps. On
supporte mieux le manque de nourriture que le manque d'eau.
> Se donner tous les moyens de
pécher le maximum de poisson dont la chair apporte nourriture et eau
quand on la presse.
Exemple de gestion
des ressources d'eau:
1 personne dans le canot, 10 litres d'eau douce en jerrycans. 1000 milles à
parcourir pour atteindre la côte en survie dynamique. soit, 25 jours
si on parcourt quotidiennement 40 milles à 1,6 nœuds de moyenne.
Cas ou on ne boit pas d'eau de mer:
10 jours à boire 1 litre d'eau douce et en mangeant => les 10 litres
sont consommés,
puis 6 jours sans boire et sans manger. Ensuite on est mort par
déshydratation. On a donc réalisé 14 jours de survie plus 2 jours ou l'on
se trouve dans un état comateux et délirant qui nous rend incapable
d'avoir les gestes qui sauvent (au passage d'un cargo ou d'une averse...).
Et on se trouve encore loin de la cote.
Cas ou on boit de l'eau de mer:
Le naufragé passe les premiers 5 jours à boire 500 gr d'eau de mer Il doit
manger très peu ou pas du tout, sans sel, ni
sucre. Puis 3 jours à boire 1 litre d'eau douce en mangeant.=> 3 litres consommés sur la réserve. Puis 5 jours à boire
500 gr d'eau de
mer manger très peu, sans sel ni sucre. Puis 3 jours à boire 1 litre d'eau douce,
manger. => 3 litres. Puis 5 jours à boire 500 gr d'eau de mer, manger
très peu, sans sel ni sucre. Puis 3 jours à boire 1 litre d'eau douce, manger.
=> 3 litres. Puis 7 jours à boire 500 gr d'eau de mer manger peu, sans
sel ni sucre:
Soit 31 jours pendant lesquels on garde toutes ses capacités physiques et
mentales (et un peu d'eau douce recomptez...). Ce n'est que les jours suivants que les problèmes deviennent
graves si on ne peut toujours pas "se rincer l'organisme" à
l'eau douce.
Mais si la navigation a été bonne, cela fait quelques jours déjà, qu'on
est arrivé.
Je rappelle qu'il faut arrêter de manger
si on ne consomme plus d'eau douce.
Le temps gagné entre ces deux solutions:
17 journées: Ce sont des chances supplémentaires pour la vie...
Entre temps:
S'il pleut on reconstitue le stock et on boit
jusque plus soif. A partir de ce moment c'est reparti pour un cycle comme ci
dessus.
Si on pêche beaucoup de poisson, on gagne
des jours de boisson d'eau douce:
Avec 2 kg de chair pour 1 personne, on se constitue une journée d'eau
douce: Manger 1 kg de chair fraîche elle contient beaucoup d'eau: 500 gr
par kg. Presser la chair du 2ème kilo, on obtient 400 à 450 gr d'eau de
poisson. La boire de suite, cette addition avec la chair fraîche non
pressée compte pour un jour d'eau douce.
Sécher (soleil et vent) la chair pressée pour constituer une réserve de
nourriture qui sera absorbée tant qu'on dispose d'eau et si on ne pèche
plus.
Si un passager souffre
de déficience rénale, les autres n'imposent pas à leur compagnon la
série de jours à l'eau de mer. C'est une simple question d'humanité.
LA FAIM:
C'est la moins grave de toutes les agressions
car on peut vivre plusieurs semaines sans manger.
Le poisson:
Essayer tout de suite de pécher (ligne de traîne, croc à ferrer...).
Persévérer car le poisson ne mord pas de suite. Manger juste ce qu'il faut
(la digestion consomme de l'eau), S'il y a abondance : Faire sécher au soleil et au vent les
filets restants.
Autres:
algues et coquillage qui viennent se coller sous le canot, le plancton (apport
en vitamine C). ll semblerait être plus dense la nuit. Une tortue: la
remonter sur le dos, attention aux griffes sur le canot gonflable. Boire le
sang tout de suite il coagule en moins de 2 minutes. Le sang de tortue est
excellent pour l'organisme et désaltère. Tous les oiseaux de mer doivent
être considérés comme consommables.
SURVOL
DES AVIONS DE SAUVETAGE :
Les Atlantiques 2 de l'aéronavale
peuvent intervenir jusqu'à 1200 milles de leur base en réalisant, en plus, 2
heures de recherche sur la zone. Le naufragé peut les guider au son (il font
du homing sur l'émission radio) à plus de 30 M de sa position grâce à la
VHF portable. Une fois le naufragé repéré, l'avion parachute des fumigènes
pour le localiser et un canot de survie relié à un long cordage. Si le canot
ne se gonfle pas ou s'il explose en touchant l'eau, ou s'il part à la
dérive, il ne faut pas s'inquiéter. L'avion en contient au moins cinq. Les
pilotes sont très habiles et n'abandonnent jamais. Ils recommenceront la manœuvre
jusqu'à son succès. Ne pas s'affoler non plus si on voit l'avion partir. Il
va chercher du secours (un bateau qu'il va guider, un hélicoptère...) ou il
sera relayé bientôt par un autre avion. A partir du moment ou vous avez
été repéré, considérez vous comme sauvés.
Il est intéressant de relire
de temps en temps les signaux conventionnels pour être apte à les
comprendre. Si un jour, alors que vous naviguez, un avion passe devant vous à 30 mètres de haut en
battant des ailes... il faut être prêt à se détourner pour aller sauver
d'autres vies. |
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Voir les chapitres suivants:
Pour illustrer cet article:
Les paroles de Ponpon qui a
imaginé une très émouvante histoire de naufrage.
D'autres
textes de Ponpon
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