Vérifier le gréement:
C'est un des contrôles systématiques
que nous effectuons avant une grande traversée.
|
|
Le gréement va être
beaucoup sollicité. s'il y a du vent fort ca se comprend mais
quand il y a peu de vent aussi le gréement travaille, le bateau
roule et l'inertie du mat tire des milliers de fois, un coup à
tribord, un coup à bâbord, on met alors toute la toile et quand la
surface est complète ça tire même avec 10 nœuds de vent...
Pour vérifier le gréement il n'y a pas 36 solutions, il faut
monter au mat.
Je me hisse d'un trait jusqu'en haut à l'aide des échelons, Anik
reprend au fur et à mesure la drisse de grand voile qui
est attachée à la chaise. Une fois en haut Anik me tient
facilement à l'aide de deux tours au winch et s'écarte du
mat pour éviter de recevoir les objets qui peuvent m'échapper. Je peux alors
m'assoir et dispose de mes deux mains libres. Je profite d'être
en tête de mat pour vérifier le serrage de l'antenne VHF, la
bonne étanchéité des feux de navigation... S'ils ne fonctionnent
pas c'est le moment de les réparer, il faudra être bien vu les
nuits à venir.
Au niveau du gréement dormant, il y a deux sortes de câble sur
Banik.
Les étais avec enrouleur et les bas haubans sont en monotoron serti sur un œil. Les autres
câbles plus souples, se
terminent par des épissures sur une cosse. |
|
|
|
Pour
les monotorons:
Il faut vérifier qu'il n'y a aucun fil qui compose le toron qui
ne s'est brisé, en général juste à la sortie du sertissage. Je
l'ai constaté sur l'étai de génois lourd juste avant le départ
vers le Vanuatu et la traversée du Pacifique Sud Ouest.
Il a fallu nous rendre en marina en Nouvelle Calédonie pour déposer l'étai (sur
un ponton c'est plus pratique), couper le câble au ras du
sertissage, trouver un embout type "Norseman" avec une
chape à cardan pour rallonger la partie coupée et faire un
nouveau montage.
En plus la chaleur était
insupportable sous le cagnard
|
|
|
Le propos n'est pas ici de montrer comment se monte ce genre
d'embout, mais on voit bien sur la photo le cône en métal jaune qui
s'enfile sur l'âme du toron. Les fils extérieurs entourent le cône. Leur
extrémité doit être pliée vers l'intérieur pour venir enserrer la partie
affinée du cône. (ca n'est pas encore fait sur la photo). Puis on vient
visser la partie extrême (en forme d'œil, de chape ... et que l'on ne
voit pas sur la photo) qui enfoncera le cône dans la partie basse
en inox (visible sur la photo. Le cône se coince par le serrage des deux
pièces. Ensuite plus ca tire sur le câble, plus ca coince. C'est un
système génial quand il est bien monté.
Les monotorons doivent être vérifiés aux
deux extrémités. Ca veut dire qu'une fois redescendu du mat le contrôle
n'est pas fini, il faut aller inspecter chaque cadène, chaque ridoir,
chaque goupille au niveau du pont. Comme on les voit tous les jours on
ne pense pas forcément à les regarder avec l'œil du contrôleur. Est ce
qu'il n'y a pas de fissure dans le sertissage. Ne pas hésiter à prendre
une loupe comme je faisais quand j'étais miro. J'ai pour habitude
de mettre un peu de mastic colle autour des sertissages bas. L'eau qui
s'écoule le long du hauban ne stagne donc pas dans l'inévitable petite
cuvette à l'entrée du sertissage. Si ça stagne, ca fini par rentrer et
comme vous allez prendre la mer, ca sera de l'eau de mer. L'inox écroui
du sertissage n'aime pas ça du tout, le câble non plus d'ailleurs.
Pour les
câbles souples avec épissures:
|
|
Il n'y a pas grand chose à craindre d'une
épissure qui a été faite il y a plus de 20 ans et qui a déjà eu maintes
occasion d'être souquée. Ca fait longtemps que plus rien ne bouge. Pas
de problème donc s'il
n'y a pas d'oxydation autour de la cosse. La seule chose qui est gênante
avec le câble souple est que les fils qui composent les torons sont plus
fins, à diamètre égal de câble, que ceux du monotoron. Ils sont donc
plus fragiles et il arrive assez souvent que l'un d'entre eux se rompe.
Ca n'est pas dramatique comme avec le monotoron car le fil étant
beaucoup plus fin, la résistance totale du câble n'est
quasiment pas affectée. Par contre ca provoque ce que l'on appelle un
gendarme. C'est un fil qui se rebique et qui agit comme une aiguille
d'acier. Elle tranche les voiles qui y rague, coupe les chairs qui s'y
frotte... A enlever à tous prix.
Pour les trouver je redescends du mat en
me laissant déhaler par Anik sur le winch. Un chiffon épais à la main,
je me laisse glisser le long des câbles. Quand ca accroche c'est qu'il y
a un gendarme. Il faut alors opérer:
Avec un tournevis
je ressors les deux bouts du fil cassé. En général un seul
de ces deux bouts est sorti. Puis à l'aide d'une pince je tire
le maximum de chaque bout pour en sortir la plus grande longueur
(Je n'arrive pas à en sortir plus de 5 à 8 mm.) venant alors de
l'intérieur du câble. Je coupe les dards au plus ras avec
une bonne pince coupante. Enfin, avec le tournevis, je rentre le
plus possible à l'intérieur du câble les deux minuscules
pointes. En principe la blessure du câble se referme ainsi sur
elle même. Si c'est bien fait, on peut passer la main sur le
câble on ne sent plus rien d'agressif. |
Problèmes divers:
|
|
C'est en remontant
dans le mat pour réinstaller l'étai que je constate une fissure
le long de la soudure sur une des ferrures qui supporte une barre de flèche. Nous
sommes en marina, nous avons de l'électricité, nous n'hésitons
pas. Démontage de la pièce. Le mat tiendra bien avec les 13
haubans qui restent et petite soudure de renfort. Il vaut mieux
constater ça maintenant qu'en mer... Une fois suffit...
|
|
|
|
Retour à la liste
des choses à
vérifier avant une longue traversée.
Retour à la page générale
"Gréement"
|