Liste mémoire des points à vérifier avant chaque grande traversée:
Quand on vit sur le bateau,
on voit les choses tous les jours, les problèmes de matériel sont réglés
au fur et à mesure, on entretient en permanence et il ne semble pas utile
de faire du contrôle systématique. C'est cependant en suivant une liste
de point à vérifier que j'ai souvent découvert des problèmes potentiels
et ça m'a permis de les éviter.
Un jour de bonnes résolutions
j'avais fait une liste en mettant en face de chaque item la périodicité
des contrôles à faire. Mais en réalité je n'ai jamais pu m'y tenir.
C'est à chaque fois la semaine qui précède une grande traversée que je me
décide à contrôler certains points qui sont stratégiques car je ne
voudrais pas à avoir à m'en préoccuper en pleine mer. Je ne déroge
jamais à cette règle par contre.
Voici donc une liste de choses à faire et des
points à vérifier sur Banik avant une longue traversée: |
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Il
y a des choses à ne pas oublier... Impératif |
Un gros coup d'œil au moteur:
Normalement il
n'y a pas de souci car le moteur est l'objet du bord qui reçoit un
check up complet avec le plus de régularité. Toutes les 200 heures.
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Charger le graisseur du roulement de
poussée à l'arbre du moteur,
c'est fait à chaque révision, mais un petit coup avant de partir ca
ne fait pas de mal ainsi que dans chaque prise à graisse du double
cardan de camion qui relie le moteur à l'arbre. Il peut arriver que
l'on fasse plusieurs jours au moteur (anticyclone des Açores) Il
faut que ça baigne dans l'huile.
Vérifier les serrages des
colliers sur les durites... Avec
un regard particulier à l'ensemble du système d'échappement. Comme
c'est par là que s'évacue l'eau de refroidissement c'est aussi un
bon moyen de remplir le bateau. Ca nous est arrivé d'ailleurs mais à
cause d'un collier qui s'est cassé au niveau du coude anti-siphon
avant l'échappement donc. Au moment d'un départ, si la révision approche alors on la fait par
anticipation. si la révision a été faite, ça attendra la prochaine
fois à la prochaine escale. Il y a tout de même quelques bricoles que
je fais avant un départ en grande traversée. |
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Resserrer les filières
et installer les lignes de vie:
Deux postes importants pour la sécurité des personnes. Nous ne
laissons pas les lignes de vie à poste. J'ai enlevé nos premières
lignes de vie réalisées en câble. Quand on marchait dessus, le câble
roulait et on se cassait la figure... On aurait même pu faire un
saut par dessus bord et... la mort... à cause d'avoir marché sur
une ligne de vie... Un comble.
Depuis, comme beaucoup, j'ai
des lignes de vie en sangle. C'est plat donc ca ne roule
pratiquement pas. Pour
les préserver du soleil et des intempéries (on n'en a vraiment pas
besoin souvent dans une année), je les range la plupart du temps.
Avant une grande traversée, c'est la bonne occasion de les remettre
à poste.
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Vérifier le système Bouée-phoscar-perche:
En général il suffit de changer les
piles et de vérifier que tout est attaché solidairement mais
largable facilement. Il faut montrer aux nouveaux équipiers comment
on procède.
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Préparer le tourmentin sur son étai avec
sa drisse:
Si même le génois lourd qui est plat et qui peut être enroulé
ne supporte plus le gros coup de chien, il est temps de mettre le
tourmentin. L'avantage de cette voile, outre le fait qu'elle est
faite pour encaisser le gros temps, c'est que ca recule le centre de
voilure. En cas de besoin ça doit permettre de lofer plus facilement.
Notre tourmentin est à mousquetons, il se place sur le bas étai.
S'il est utile de l'envoyer c'est que ca brafouille plus que normal
et il vaut mieux ne pas avoir à faire toute la manœuvre
d'installation. Il est donc à poste à l'avant, dans son sac fermé et bien ferlé mais tous les
mousquetons sont déjà engagés sur l'étai et les écoutes lovées au fond du
sac. Il n'y a plus qu'à venir y fixer la drisse par un nœud de
chaise que l'on serre consciencieusement. C'est en préparant le
tourmentin que l'on s'aperçoit qu'un mousqueton, qui n'a pas été
manœuvré depuis des années parfois, est bien grippé. Le remède
magique est le WD40 que tout le monde connait. Encore une fois c'est
tranquille de faire ça au mouillage avant le départ plutôt que dans la
tempête.
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Préparer le container de survie
et le gréement de l'annexe :
Voir l'article
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Boucher le maximum d'ouvertures:
Les boites dorade qui n'ont pas encore leur bouchon de fermeture à
visser sont colmatées avec plusieurs épaisseurs de plastique serrées
avec du scotch d'emballage. Ca n'est pas très joli mais c'est
efficace et en mer personne ne le voit.
L'écubier de chaine d'ancre. La chaine de Banik entre dans une
baille à mouillage profonde qui ne peut donc pas s'évacuer à
la mer mais dans le puisard. Ca procure un maximum de hauteur dans
ce coffre étroit (pic avant) et permet donc à la chaine de s'entasser sur
toute sa longueur sans que nous ayons besoin d'aller casser le tas.
La contrainte est qu'il faut être vigilant à limiter les entrées
d'eau. Au quotidien on se contente de mettre ce que l'on a appelé à
bord "le Kway de la chaine" c'est un bout de plastique formant
étambrai autour de la chaine et maintenu par une ficelle. En longue
traversée, on désolidarise l'ancre de sa chaine et on met en place
un capuchon en inox prévu à cet effet.
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Ramener les ancres au centre: Centrer les poids, c'est bon pour limiter le tangage. En longue
traversée, je détache la chaine de l'ancre pour fermer de façon
étanche l'écubier comme vu ci dessus,. autant déplacer l'ancre au
milieu plutôt que de la laisser à poste amarrée par un
cordage.
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Faire le plein d'eau dans les
deux réservoirs fixes mais aussi ne pas oublier les jerricans.
Il y a le cas du naufrage, on doit quitter le navire, il faut
pouvoir emporter de l'eau dans des jerricans. Mais il peut arriver
aussi qu'un des réservoirs se vide ou se pollue. Il vaut donc mieux
avoir un peu plus de réserve.
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Faire le plein de gasoil dans le
réservoir fixe mais aussi ne pas oublier les jerricans.
Pour le Gasoil: Nous avons deux bidons de 30 litres chacun, en plus
du réservoir de 250 litres. Notre moteur en régime de croisière à
1500 tours, ne consomme pas plus de 2,5 litres à l'heure. Ca nous
donne une autonomie de 100 heures. A 5 nœuds ( mais on fait plus
sur mer plate) ca fait 500 milles... On garde toujours 30
litres que l'on ne met pas tout de suite dans le réservoir. En cas de panne
sèche inattendue, on
pourra toujours finir les 50 - 60 derniers milles au moteur et
rentrer au port.
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Rajouter ou changer les penons
: Voir l'article
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Préparer la cuisine, faire le ravitaillement:
On s'aide du
tableau Excel conçu pour cela et qui se trouve sur le CD de Banik.
Ca nous permet d'avoir une idée des quantités, du budget et du poids que ca
représente.
On range toujours les vivres de la même façon donc
pas de plans de situation. Ne pas oublier de vérifier si on aura
assez de gaz pour toute la traversée. En général on consomme plus en
mer qu'au mouillage car la cuisine est un bon passe temps et il n'y
a rien de mieux pour le moral de l'équipage de quart que de bonnes
odeurs venant de l'intérieur. Il y a deux postes qui font consommer
plus de gaz: la fabrication du pain, au moins tous les 2 à 3 jours
et la mise en conserve du poisson péché par stérilisation dans la
cocote minute
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Mettre à poste les dérives arrières qui sont
généralement rangées sur le pont pour dégager la jupe.
Voir l'Article
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Préparer les points de route
importants et les mémoriser. Depuis qu'on a des
ordinateurs et des GPS et que l'on a acquis une certaine confiance
dans ces systèmes, le nombre des cartes marines a bien diminué à
bord. J'ai toujours les grandes routières car j'aime bien tracer le
point quotidien durant les traversées.
J'imprime avant de partir les
détails du port ou de la baie prévue pour l'atterrissage. S'il
y a panne d'ordinateur et donc de cartographie et que je n'ai pas de
coordonnées précises à rentrer dans mon GPS (ainsi qu'une route qui
évite les dangers) ca va être chaud pour se rendre à l'escale. Bon,
évidemment, comme pour le GPS, maintenant on a tous un doublon ou un triplon pour l'ordinateur avec sauvegarde sur disque durs
externes...
Et ainsi on aborde serein de nombreux
coucher de soleil au grand large.
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