Réponses aux
questions:
Quelle
protection pour la coque en acier ?
Bonjour, J'apprécie beaucoup votre site et votre
bateau et tout. Je vous avais même vu à Dunkerque en septembre, je
suis celui qui voulait visiter :-)
Je pense bien connaître
votre site, mais je n'ai pas trouvé de renseignement sur les couches de
protection de l'acier : chouppage? primaire + peinture + ?
Merci pour votre réponse
éventuelle et surtout pour votre exemple :-)
Patrick de Bruxelles
C'est vrai que Banik a belle allure pour un
voilier qui a été mis à l'eau en 1989, et qui a plusieurs traversées
de plusieurs océans à son actif. Il faut savoir
que quand tu as vu Banik à Dunkerque, il venait d'être repeint
complètement et je comprends qu'il avait attiré ton œil curieux.
Tu as raison, je
n'ai pas encore parlé de peinture sur le site. C'est parce que je ne
suis pas un grand spécialiste de la chose et que ce que j'ai fait sur
Banik n'est pas forcément un bon exemple... Dans les conditions de
mise en œuvre en tout cas
Je vais quand même en parler car il y a des
erreurs à éviter et en cela ça peut être intéressant pour tous.
Une fois la coque finie,
avec si possible plus de trous ni de soudure à faire, voir
l'article à ce sujet,
Une fois le sablage réalisé, voir
l'article sur le sujet,
il faut immédiatement peindre la coque avec le traitement complet.
Quels traitements ?
Il y a plusieurs solutions. Traitement au zinc,
projection à chaud d' aluminium, peintures diverses... Certains
chantiers sont très spécialisés comme Méta mais nous ne les avons
pas contactés, nous habitons un peu trop loin dans le Nord.
Quel traitement avons nous
choisi ?
Nous avons demandé les conseils d'un professionnel
de la peinture.
Voici ce qu'il préconisait
Pour tout l'intérieur de la coque : 4 couches
de peinture époxy deux composants.
A l'extérieur : pour les œuvres vives : 5
couches de brai vynil mono-composant
pour les œuvres mortes : 5 couches d'époxy deux composant et 2
couches de polyuréthane deux composants
Le tout à mettre au pistolet.
Qu'avons nous fait ?
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Nous avons organisé le sablage
et la peinture de Banik en août 1988. Notre contrainte
est que tout soit fini durant notre mois de vacances. Or ce mois
la a été un mois épouvantable coté météo. On aurait du
tout arrêter, mais la logistique était en place : Le
compresseur est loué, 16 tonnes de sable sont livrées en sacs
de 50 Kg stockés au sec sous une bâche... Et puis il faut
pouvoir monter les hublots pour mettre l'intérieur du bateau
hors d'eau et permettre la construction des aménagements durant
l'hiver qui allait suivre... |
A l'intérieur: On nous
avait conseillé 4 couches de peinture époxy deux composants.
Il faut savoir qu'il est impératif de peindre
la surface qui vient d'être sablée avant que l'humidité de la
soirée ne vienne oxyder cette belle zone grise et rêche qui est
comme une éponge prête à absorber. On arrête donc le sablage en
début d'après midi pour avoir le temps d'enlever le sable, de dépoussiérer
et de peindre la zone. Nous n'avons pas voulu utiliser de pistolet à
peinture pour l'intérieur car il y a trop de recoins entre les lisses
et les membrures et nous craignions les manques. L'avantage du pinceau
est qu'on prend bien le temps et le soin d'aller partout.
L'inconvénient est que c'est long. Une fois toute la coque faite,
intérieur et extérieur, les vacances étaient finies.
Durant les week-end de septembre
et octobre, nous avons soigneusement appliqué au pinceau
une deuxième couche d'époxy sur tout l'intérieur de la
coque. Ensuite le froid arrivant, le temps manquant,
nous nous sommes arrêtés de peindre et avons construit
les aménagements sur seulement deux couches. (sauf dans
les fonds ou il y a eu 4 couches).
Petite astuce:
choisir des peintures de couleurs différentes pour
chaque couche à appliquer. Ça permet de voir
parfaitement ou on en est. Terminer par la couche
blanche. |
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L'epoxy ne résiste pas aux ultra violet et il
doit être recouvert de polyuréthane. A l'intérieur, toute la coque
est doublée d'isolation jusqu'aux planchers. L'époxy est donc à
l'abri de la lumière et n'a pas bougé jusqu'à maintenant. Les
quelques endroits inspectés depuis la pose du vaigrage montrent une
protection tout à fait efficace.
Nous n'avons pas mis les 4 couches préconisées mais les deux couches
au pinceau sont sûrement plus épaisses que si on les avait posées au
pistolet c'est pourquoi nous n'avons pas de problèmes. Il aurait
cependant été préférable de mettre plus de couches pour éviter
les manques éventuels. et il y en a immanquablement en ne mettant que
deux couches.
Pour les œuvres mortes on nous
avait conseillé : 5 couches d'époxy deux composants et 2 couches de
polyuréthane deux composants.
Le sablage à l'extérieur est heureusement
beaucoup moins pénible, la coque est lisse, sans recoin, le
nettoyage est plus rapide avec la soufflette du compresseur... Nous traitions
donc chaque jour, de beaucoup plus grande surface et cela valait le
coup d'utiliser le pistolet. En 4 jours toutes les œuvres mortes
étaient peintes d'une belle couche d'époxy couleur aluminium
mais quant on a voulu mettre les suivantes il y a eu une
catastrophe. Les couches de peintures n'ont pas adhérées
sur la première. Banik est construit à l'extérieur sur
une zone industrielle et une pollution dont on ne s'est
pas rendu compte est venu mettre un film sur la
peinture. |
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Nous avons donc du
arracher toute la pelade et gratter la ou cela semblait tenir.
Beaucoup de temps, d'argent, d'énergie perdu. On aurait mieux fait de re sabler, mais le temps était passé...
Il y a donc eu les 5 couches d'époxy tout juste
avant l'hiver. Pas de polyuréthane avant le printemps suivant. Ce
n'est pas idéal pour les adhérences et il a fallu dégraisser et
poncer toute la coque et le pont avant de mettre les couches de
finitions.
Des points de rouilles apparaissent de temps en
temps ça et là... je pense que c'est le résultat des mauvaises
conditions que l'on a rencontrées lors du traitement de la coque.
Pour faire les retouches, voir la
réponse donnée à Damien.
La rouille ce n'est pas fort grave en soi, on a
le temps de poncer et de repeindre l'acier. Mais ce n'est pas très
joli et le bateau parait vite être mal entretenu.
Aux endroits ou la peinture a bien été
appliquée, il n'y a aucun problème de corrosion et il suffit de rafraîchir
les couleurs tous les 5 ans avec une couche de polyuréthane. Il faut
toujours utiliser une polyuréthane à deux composants ce qui lui
permet de supporter un traitement époxy par dessus .... aux endroits
ou la rouille a redémarré et ou il faut refaire tout le traitement.
Pour les œuvres vives on nous
avait conseillé: brai vinyl mono-composant :
Le brai vinyl est une peinture géniale :
C'est mono-composant donc facile à
préparer.
Ça n'est pas très sensible à l'humidité ou à
la température donc les conditions de pose sont larges.
Ça adhère parfaitement sur beaucoup de type de
surface :
- Sur la tôle sablée bien entendue,
- sur lui même, même après un long temps de séchage (plusieurs
mois),
- sur d'autres peintures même l'antifouling.
Après avoir navigué plusieurs années j'ai effectué un gros
carénage. Banik est resté un an en chantier. D'abord un coup musclé
de nettoyeur à haute pression, puis j'ai
remis deux couches de brai vinyl sur les restes d'antifouling pour
retrouver une belle surface étanche et prête à recevoir un nouvel
antifouling plusieurs mois après.
C'est une peinture "molle" par rapport
à l'époxy qui est très dur. Nous avons eu de nombreux chocs sous la
flottaison. Le brai vinyl accepte les coups sans faire d'éclats qui
ne manquent pas d'être le point de départ d'infiltration de l'eau
sous la peinture avec cloques et corrosion...
Conseils en vrac :
Ne pas être trop court dans les délais et les
finances pour faire le traitement de la coque qui est un gros travail
à ne pas bâcler sous peine de le "payer" ensuite toute la
vie du voilier (ou de tout recommencer mais c'est plus dur à faire
quand le bateau est fini).
Être à l'abri des intempéries peut tout
changer dans la réussite du traitement qui fut une galère pour nous
à cause de la pluie.
Demandez conseil à votre fabricant de peinture
préféré et suivez à la lettre ses instructions.
C'est le pont qui prend le maximum de coups et
qui s'abîme le plus sur un voilier en acier. Essayez donc de mettre
le maximum d'inox sur le pont. Tout ce qui est en mouvement :
Charnières, capots, glissières ou ce qui subit des agressions et
contraintes : Balcons, pied de chandeliers, chaumard, taquets,
liston ... doit être en inox. Quand la peinture saute, en dessous ça
ne rouille pas. Je pense même qu'aujourd'hui je construirais le pont
tout entier en inox.
A épaisseur finale identique, il vaut mieux
mettre 4 fines couches en respectant bien les intervalles de temps
de séchage que deux couches plus épaisses.
Toutes les peintures que j'ai utilisé pour le
traitement de départ sont de la
marque Hempel et j'en suis satisfait. Aujourd'hui, toutes les grandes
marques se valent... Les problèmes viennent surtout des conditions de
mise en œuvre.
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