Tanger:
Tanger est une escale inoubliable,
c'est vraiment le début du voyage, on change de continent, de coutumes, de
population, de mode d'habitat. Ce pays, riche de culture et de tradition nous a
fait plonger dans le dépaysement total. Il faut cependant vouloir quitter
l'enceinte du port et rentrer au cœur de la ville...
Attention au piège cependant, on peut y rester plus longtemps que prévu...
Le
port de Tanger:
Le port est d'un accès
très facile :
De jour, la ville se voit de loin et il n'y a pas de danger quand on fait
l'approche en restant dans la baie sans faire de rase cailloux. Plus
près, on aperçoit d'un coté la longue digue orientée Ouest-Est et de
l'autre la grande plage de sable.
De nuit, les lumières de la ville sont très visibles. Il faut repérer parmi
ces lumières le feu du bout de la jetée : 3 éclats blancs toutes les 12
secondes. Il y a deux bouées lumineuses dans la baie mais elles sont souvent
soit cachées par des cargos mouillés en rade soit en panne. Attention il y a
souvent des zones de brume intense.
Une fois l'extrémité
du musoir viré, vous passez au Nord du môle Sud pour emprunter la chicane
qui abrite les bassins ou on peut aller s'amarrer. (N° 2 sur notre plan)
Un yacht club (N° 5 sur notre plan) avec un restaurant se trouve sur la
partie Est de ce bassin. Il n'y a jamais beaucoup de place. Il y a surtout des
bateaux locaux. Le principal intérêt de cet endroit est d'être plus près
de la sortie du port, l'inconvénient est d'être à l'écart des autres
bateaux de voyage.
Toute la zone portuaire
est entourée de grilles. Son accès est réglementé. Les quais sont
surveillés jour et nuit. Vous pouvez donc laisser votre bateau en toute tranquillité.
Il ne risque rien.
Il n'y a pas de services particuliers pour les plaisanciers mais on peut
trouver des artisans compétents et bricoleurs qui sauront faire les
réparations qui ne demandent pas la fourniture de pièces trop spécialisées
"plaisance". Si vous avez besoin de ce genre de chose il vaut mieux faire escale
à Gibraltar en face.
L'arrivée:
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Nous
sommes poussés par le fort courant qui sort du détroit de
Gibraltar.
La ville blanche au loin, est éclaboussée de soleil, elle nous
attire comme un phare en plein jour. Nous pénétrons dans la baie qui
est sans danger et nous apercevons la grande jetée brise lame qui se
détache avec en fond les immeubles de la ville.
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Nous voici donc sur le
continent africain. Ici pas de marina, pas d'électricité au quai, pas d'eau.
Les robinets sont cadenassés car les deux derniers étés furent très secs et
les Tangerois doivent ravitailler la ville en eau par bateau citerne venant de
El Jadida, une ville de la côte océane.
La première personne que
nous voyons sur le quai est un pécheur. Il prend nos amarres en nous
souhaitant "Bienvenue au Maroc". Les autorités, nombreuses et
pointilleuses, ne tardent pas à arriver. Les fonctionnaires montent sans
scrupules à bord, s'installent dans le carré, remplissent leurs formulaires,
certains attendent un bakchich que nous ne donnons jamais par principe.
(Voir l'article à ce sujet).
Après le passage de la
gendarmerie royale, de la police, de l'immigration, de la douane, de la
sécurité civile, de la capitainerie du port, nous ne savons plus qui est
qui, ni comment nous nous appelons. Enfin ils nous donnent les laissez-passer.
Nous
étions tout d'abord amarrés sur le quai à coté des pécheurs, (N° 2 sur
notre plan) Mais l'un d'entre eux à vidangé son moteur. On a
l'impression qu"un pétrolier a dégazé à coté de nous. La
coque de Banik, aspergée par un petit clapot se souille d'une couche
noire et gluante. Nous demandons pour changer de place et on nous
autorise à nouer nos amarres sur le quai devant la capitainerie, la
marée noire ne vient plus jusqu'à nous mais il nous faut nettoyer
toute la coque et les parre-battages qui se sont souillés contre le
quai gluant durant la marée descendante.
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D'autres
voiliers s'empressent de venir se mettre à couple, c'est une bonne
occasion pour faire connaissance
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Incontournables:
les saveurs, les odeurs, les couleurs des souks:
Extrait de notre livre "Car la mer
est notre jardin".
A découvrir sur le CDRom de Banik
La
Médina qui s'étale près de la Casbah, la vieille ville,
contient le grand Soko :, le souk couvert où on trouve tout ce dont
on a besoin. Derrière le porche il y a le marché aux fruits et aux légumes,
le coin des boucheries, celui des triperies, le marché aux poissons,
le bazar avec ses boutiques débordantes de casseroles et d'ustensiles
divers, de bidons et de bacs en plastiques.
Nous faisons un gros
ravitaillement de fruits frais, les fameuses oranges et les mandarines sont délicieuses. |
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Anik s'amuse à discuter pour quelques centimes, passant d'un étalage à un
autre et comparant les prix. En voyant notre caddy se remplir, nous nous régalons
par avance de la super ratatouille qu'Anik va préparer avec des courgettes,
des carottes, des poivrons, des aubergines, des oignons, de l'ail, des
tomates... Devant les épiciers s'amoncellent des tas de poudres ocres,
pourpres, brunes... Les odeurs de cumin, de curry, de paprika, de coriandre ou
de safran se mêlent aux relents d'olives du marchand voisin. Il y a des bacs
pleins d'olives noires, brunes, violettes, pimentées, aromatisée... Nous
achetons les dates charnues et fondantes, les figues sèches, le nougat aux
amandes. Pour la viande, notre préférence va au mouton, le filet de cheval
est délicieux aussi. Dès les premiers jours à Tanger j'ai retrouvé le
poids que j'avais perdu avec plaisir lors des navigations précédentes. Mais
il faut savourer le dépaysement que nous propose ce nouveau continent. Nous
goûtons dans divers restaurants, le couscous, les tajines, le poisson frit et
les pâtisseries sucrées...
Le
piège:
La qualité des
produits alimentaires, le faible coût de la vie, les visites dans la ville,
les excursions en train, en bus ou en voiture de location vers l'intérieur du
pays (la ville de Fès les régions agricoles du Queitama...), les fêtes à
bord des bateaux de voyages, le courrier que nous avons fait partir de France
et qui n'arrive pas, ont fait passé le temps à grande vitesse...
Chaque
jour nous nous rendons à la capitainerie avec l'espoir d'y trouver notre
courrier. Chaque jour nous sommes déçus et les nouvelles de France ne sont
pas optimistes. Les grèves
qui ont paralysé notre pays en décembre 1995,
nous ont bloqués trois semaines à Tanger.
Maintenant les tempêtes
d'hiver se succèdent sur l'Atlantique Nord nous empêchant irrémédiablement
de quitter Tanger. Le problème est qu'il n'y a pas de vraie possibilité
d'abri avant Casablanca qui se situe à plus de 170 milles de là, il faut
donc une grande fenêtre météo pour s'aventurer le long de la côte
marocaine réputée dangereuse. Cette longue côte bordée de dunes arrête en
permanence la grande houle qui se forme sur la longueur de l'Atlantique avant
de venir briser en rouleaux d'écume.
A partir de novembre il faut se méfier des coups de Suroît générés par les
dépressions qui peuvent descendre très bas en l'absence de l'anticyclone des
Acores.
Le mauvais temps est là
et persistera pendant des semaines. Il faut occuper nos journées. Le matin il
y a l'école à bord puis nous faisons un tour à la Médina. Nous y allons
tous les jours, n'achetant que ce qui est nécessaire jusqu'au lendemain. Les
seuls vrais événements sont les arrivées d'autres bateaux. De quel pays
viennent-ils? Où vont-ils? C'est l'occasion de se faire de nouveaux copains
car le souci commun occasionné par le mauvais temps resserre les liens de la
petite communauté de navigateurs. Nous estimons particulièrement
le voilier australien DIDGERIDOO. Ils ont déjà fait la moitié du
tour de la terre, Eric est australien d'origine chinoise, Cathy sa femme, est
une grande blonde, leurs deux enfants Ben et Ariane sont un mélange des deux.
Les jeunes des deux bateaux passent de bons moments ensembles et comme les
australiens parlent anglais, cela oblige la BANIK's family à se perfectionner
dans cette langue.
En soirée, les équipages
des différents voiliers se reçoivent d'un bateau à l'autre pour manger ou
simplement pour des apéritifs qui s'arrêtent tard dans la nuit quand nous en
avons assez de discuter du déplacement de la dépression de 960 hectopascals
qui devrait passer plus haut si l'anticyclone voulait bien...
On s'est fait à l'idée
de passer Noël en pays musulman. Le commandant du port est charmant, il nous
prête la salle de conférence de la capitainerie pour que nous puissions
organiser le réveillon avec les équipages des voiliers chrétiens bloqués
avec nous à Tanger. Nous sommes une trentaine de personnes (australiens, américains,
italiens, français, canadiens, philippins). Chacun a cuisiné son petit plat
national et ramène sa bouteille. L'ambiance est fort sympathique.
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Une
ballade en chameau sur la plage de Tanger:
Nathalie profite du temps qui lui est donné pour découvrir les
spécialités locales. |
Il a fallu une semaine
pour se faire à l'idée que nous devrons passé également le réveillon de
nouvel an dans la salle de conférence de la capitainerie de Tanger. Tout
compte fait, ils sont quand même un peu lugubres ces néons jaunes suspendus
au plafond. Certains voiliers "craquent" et partent dès qu'une
petite fenêtre météo se dessine, puis ils reviennent après une journée de
lutte. Ils nous racontent, on les réconforte avec un petit coup de whisky
acheté au magasin duty-free à la gare des ferry-boats. Ces jours là, les
bulletins météo sur RFI annoncent des vagues de 11 mètres sur les zones
atlantiques juste au-dessus de nous...
Un complément
d'information nous est communiqué par Redouan. C'est avec plaisir que nous le
publions en vous encourageant à faire escale dans cette ville surprenante.
Salut, tout d'abord je tiens
à vous remercier sur le fait que vous avez écris sur la ville de Tanger dont
je suis natif. Cependant, il y a des erreurs dans votre article: je vous
signale bien que les choses sont énormément changées dans cette ville,
actuellement il y a une évolution sur tout les plans économiques, sociaux et
politiques. si vous auriez l'occasion de visiter Tanger en 2003 ou en 2004
vous constateriez ces changements positifs. bon navigation...
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