Le crochet de mouillage :
Nous avons déjà expliqué par
ailleurs l'intérêt d'un mouillage sur chaîne. Le principal avantage est la
sécurité. Cependant il y a quelques inconvénients sonores au système. c'est
pourquoi nous utilisons, comme beaucoup d'autres, un crochet de mouillage pour
détendre la chaîne. Vous verrez que cet équipement procure d'autres avantages:
De quoi ça se compose ?
Un bon crochet en inox de diamètre 8 ou 10 plié comme
sur le croquis ci dessous. Ce n'est pas évident à plier et il est plus simple
d'utiliser un mousqueton dont on retire la partie cliquet.
On fixe un cordage à l'aide d'une épissure (cordage
toronné) ou d'une surliure (cordage tressé) ou simplement par un bon nœud de
chaise. Choisissez un cordage de bonne qualité,
en nylon, car il sera soumis à rude épreuve. Une longueur de 3 à
5 mètres (en fonction de la distance de vos taquets jusqu'au davier) suffit
A quoi et comment on s'en sert ?
On l'installe pour éviter la transmission du bruit de la chaîne qui racle sur les roches du
fond jusque dans le davier. La coque fait ensuite une merveilleuse caisse de
résonance qui empêche le pauvre marin fatigué de trouver un sommeil
réparateur.
Quand le mouillage de l'ancre et de la chaîne est
réalisé, on passe le crochet dans un maillon de la chaîne à l'extérieur
du davier, puis on tourne le cordage à un taquet (en laissant du mou sur ce
cordage qu'il est inutile de tendre de suite).Relâcher de la chaîne jusqu'à
ce que ce soit le cordage qui supporte la traction. Relâcher un peu plus de chaîne
que ça même car il faut en faire ressortir suffisamment au davier ce qui
formera une boucle molle qui rompra la transmission des bruits du fond. Et
voila une bonne nuit de tranquillité en perspective..
Deuxième intérêt : (encore plus
important)
Vous savez qu'on ne laisse jamais un mouillage sous tension sur
le guindeau. Le but est de ne pas éclater le guindeau lors de
certains rappels brutaux. Le guindeau de Banik est boulonné sur une plaque en acier de 1 cm d'épaisseur
soudé au pont cela veut dire inarrachable : Si quelque chose doit casser, ce
sera le guindeau... On ne le souhaite pas... Nous mettons donc toujours un cordage muni d'un crochet passé dans un maillon de la
chaîne et tourné au taquet. Les taquets sont soudés sur une plaque d'épaisseur et
donc à toute épreuve.
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Quand on souhaite mouiller peu de
temps ou par beau temps (ça ne racle pas sur le fond) on n'installe
pas forcément le crochet. Par contre on ne laisse jamais la chaîne
tirer directement sur le guindeau. A la conception, nous avons aligné
le rouleau du davier, le bord de la bitte d'amarrage et le
barbotin.
Voir sur la photo ci-contre
(c'est vrai on ne voit pas bien la bitte d'amarrage...)
Quand le mouillage est fait, on maintient la chaîne
d'une main, on l'enroule autour de la bitte, puis on la repasse
dans le barbotin. Le mouillage ne tire pas directement sur le
guindeau, mais c'est la bitte qui encaisse le plus gros de l'effort.
Attention de faire la boucle en passant le brin
qui va au barbotin au dessus du brin qui vient du davier. Sinon il
sera impossible de retirer la boucle une fois la chaîne sous tension.
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Quand on met en place le crochet, il faut tout de même
faire un tour de chaîne autour de la bitte au cas ou le cordage se rompt. (si
il y a un gros effort, le crochet ou le cordage ont théoriquement moins de
résistance que la chaîne). Dans ce cas le guindeau et la bitte feront sans
danger le travail. (mais pas sans bruit).
Autre manœuvre possible: (qui apporte
un confort incomparable)
Combien de fois on va mouiller derrière une pointe,
croyant être à l'abri..
On l'est certes, des vagues, de l'écume, mais pas de la houle qui contourne
la baie, est réfléchie par les reliefs sous marins ou nous arrive du large
généré par un autre vent que celui qui s'obstine à nous garder travers à
l'onde.... Et le bateau roule et roule encore rendant la vie au mouillage
difficile.
Voici la manœuvre magique: On prend le crochet de
mouillage dont on aura rallongé la ligne d'un cordage d'une quinzaine de
mètres (deux nœuds de chaise)
On installe le crochet en avant du davier et on ramène le cordage sur un
winch d'écoute de foc. Il suffit ensuite de relâcher du mouillage et de
reprendre du cordage pour faire pivoter l'étrave dans le sens désiré et de
l'angle idéal pour faire tanguer le bateau plutôt que de subir un sale
roulis.
C'est extrêmement efficace et se met en place en 3 minutes.
Voici une petite histoire qui nous est
arrivé à Maria la Gorda sur l'île de Cuba et qui démontre l'utilité de
cette manœuvre.
Extraits de notre livre
"Car la mer est notre jardin". A découvrir
sur le CDRom de Banik
Ce matin un affreux roulis
nous réveille de bonne heure. Les mouvements renversent les objets et la
vaisselle qui n'étaient pas rangés. Je demande à Gibé de rallonger le
crochet de mouillage pour tirer le bateau par l'arrière et le forcer ainsi à
faire face aux vagues qui rentrent dans la baie. Curieusement, le vent est de
SE et les vagues qui contournent le cap Corrientes nous arrivent de SW. Dès
que nous l'avons fait pivoté de 70°, BANIK se met à tanguer doucement ce
qui est beaucoup plus confortable que le roulis. Comme cela bouge de plus en
plus, les équipages des différents voiliers se retrouvent volontiers à
terre aujourd'hui. Anik découvre
les ressources cachées de Maria la Gorda. Il y a une petite épicerie ou l'on
peut acheter de l'huile, de la farine, de la bière, des conserves familiales
de macédoine de légume... et du Pernod. Un ordinateur équipé de la dernière
version de Windows permet de
consulter les différents prix pour les 15 articles du magasin, c'est inouï
dans ce coin perdu...
En
dehors de l'hôtel et de
cette petite épicerie, il n'y a rien à Maria la Gorda.
Les femmes des différents
bateaux décident donc d'aller explorer les environs avec les jeunes et
partent sur la seule route en direction du N dans l'espoir de découvrir
quelques maisons... Espoir déçu, il n'y a rien, et après une heure de
marche elles font demi tour. Pour ma part je continue mes bricolages à bord
quand Jean-Pierre du voilier ALINEA m'appelle en VHF.
" Peux tu venir chercher chez moi deux agents de
la santé qui viennent inspecter le bateau. Après ils iront sur ROMANO
...
Ils sont gentils les
cubains mais cela commence à bien faire, c'est la troisième visite depuis
notre arrivée... Ceux là ne resteront pas longtemps à bord de BANIK, j'en
fais le serment.
Je ferme tous les capots
et hublots, supprimant ainsi l'aération et j'allume un gros cigare que je
savoure pendant deux minutes à l'intérieur. Puis je relâche le crochet de
mouillage dont le cordage est ramené à l'arrière de BANIK qui se replace
dans le lit du vent, travers à la houle et qui se remet
donc immédiatement à rouler bord sur bord. Je vais ensuite chercher
ces messieurs qui attendent sur ALINEA. J'ai toujours le cigare en bouche
quand je les invite gentiment à s'asseoir autour de la table du carré. Il y
a quelques documents à lire et à signer avant de commencer l'inspection. Je
prends du temps à comprendre le texte. L'un des deux commence à s'éponger
le front sur lequel perlent de grosses gouttes de sueur. Tout à coup il
s'excuse et sort précipitamment. Il ne rentrera plus dans le bateau. Il a
tenu 3 minutes. L'autre est plus coriace, et une fois les documents signés il
veut commencer l'inspection. C'est quand il a du se mettre à quatre pattes
pour pencher la tète dans les coffres sous les planchers que la nausée lui
est venue. Il sort rapidement comme l'autre pour respirer goulûment le bon
air frais. Nous terminerons les formalités à l'extérieur, dans le cockpit.
Les deux hommes se sont contentés des réponses que j'ai données
verbalement, ne jugeant pas utile de vérifier de visu.
Ils seront les derniers fonctionnaires à venir à bord à Maria la
Gorda.
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mouillages
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