Météo aux Philippines: Nous sommes arrivés en Asie par le Sud, depuis l'Australie et en traversant une bonne partie de l'archipel indonésien avant d'atteindre Singapour, la Malaisie et la Thaïlande. Ce parcours nous a écarté les Philippines et nous le regrettions. Après 3 ans dans la zone, nous avons décidé de continuer le tour du monde et de traverser l'océan indien. Mais avant on va essayer de se faire plaisir et de ne pas avoir de regrets en réalisant une boucle qui va nous faire parcourir l'archipel des Philippines d'Ouest en Est et redescendre à Bali qui sera notre point de départ pour la traversée de l'Indien. Pour que cette navigation de près de 10 mois entre Singapour et Bali se passe bien il faut vraiment tenir compte des saisons et des particularités de la météo de ces pays. On parlera surtout dans cet article des conditions aux Philippines. L'archipel des Philippines est vaste et il y a des variations notables d'une extrémité à l'autre. Nous ne parlerons que de ce que nous avons appris ou constaté.
Climat:
Typhons: Les typhons causent de terribles ravages chaque année. On a parlé de 10 000 ou 15 000 morts et disparus lors du passage du typhon "Yolanda" les 7 et 8 novembre 2013. Les pluies torrentielles génèrent des coulées de boues, les vagues énormes emportent les maisons bâties en bambous le long de la cote, les marins et les pêcheurs disparaissent... Les Philippines se situent sur le passage des perturbations qui se génèrent dans le Pacifique. Il peut y avoir une vingtaine de typhons qui percutent les Philippines chaque année et traversent l'archipel sur une route qui va, en général, vers le NW. Ils poursuivent ensuite leur chemin vers Taiwan et Hong Kong. Le pic de fréquence se situe entre juin et octobre (80 % des typhons) mais il faut toujours garder à l'esprit qu'une tempête tropicale ou un typhon peut avoir lieu ici à n'importe quel mois de l'année. Les typhons de fin de saison peuvent traverser l'archipel plus au Sud et avoir une route plutôt vers l'W. C'est ce qu'on a remarqué déjà en 2012, quand nous regardions, pour apprendre en avance sur Internet, comment fonctionne une saison météorologique dans la zone. Nous avions noté le passage d'un typhon sur l'île de Palawan en décembre. Il y a généralement une prédiction de l'événement plusieurs jours auparavant et de nombreux très bons abris sont possibles aux Philippines.
Le Philippines Atmospheric Geophysical and Astronomical Services Administration (PAGASA) est le service qui a la responsabilité de tracer les typhons et tempêtes tropicales qui arrivent sur leur pays. Ce service donne également la prévision des risques par région en utilisant un code (appelé signal). Voir leur site Internet: www.pagasa.dost.gov.ph Il y a 4 signaux différents:
Toutes les tempêtes tropicales ne deviennent pas typhon et ce n'est pas facile de prédire laquelle en deviendra un, mais il y a quelques conditions qui doivent être réunies pour que le phénomène puisse se développer:
Pour les philippines, les tempêtes tropicales se forment en général dans le Sud de la mer de Chine, 500 milles autour de Guam (13°20N - 144°40E). Elles se mettent en route vers l'W. Elles se tassent ensuite ou bien dégénèrent en typhon entre Guam et les Philippines. La route suivie par les typhons est parfois difficile à prévoir. Ils sont capables de faire route inverse, de remonter vers le Nord... Les typhons qui se déplacent lentement (moins de 15 nœuds) suivent des routes plus imprévisibles que les rapides qui peuvent avancer à 25 nœuds. Rappelons que les cyclones ne se forment pas près de l'équateur car les effets de la force de Coriolis n'y sont pas sensibles. Il n'y a jamais de cyclone entre 0° et 3° de latitude et rarement jusque 5° de latitude.
Quand il se passe tout ça, le seul endroit ou il faut être est un bon mouillage sans ouverture vers la mer, ni fetch de plus d'un d'un demi mille. Pour terminer la description du phénomène, de brèves averses émanent de gros cumulus, le baromètre commence à descendre plus rapidement, plus de 1 Hpa à l'heure, les averses deviennent intenses et le vent grimpe à près de 40 nœuds. La tempête approche encore, un mur noir de nuages barre l'horizon. Si on distingue une portion plus noire dans la barre, ça peut être la position du centre de la dépression. Si celui ci continue de s'approcher ca sera avec des vents encore plus forts et une pluie plus torrentielle.
Notre stratégie pour visiter les Philippines: Initialement nous n'avions pas prévu de visiter les Philippines mais des rencontres, des discussions nous en ont donné envie. Nous n'avons, par contre, pas la possibilité (car d'autres envies aussi) d'y rester plus de 4 à 5 mois. Nous venons de Phuket en Thaïlande, il faut donc redescendre le détroit de Malacca en direction de Singapour. Il nous faudra ensuite remonter toute la cote Nord de Bornéo. C'est donc une route globalement axée vers le NE à partir de Singapour. Comme nous l'avons vu plus haut, les deux saisons principales sont la mousson de SW et l'alizé de NE. Il n'était pas question de faire toute cette route contre l'alizé. C'est pourquoi nous avons laissé Banik au Sud de la Malaisie près de Singapour durant la saison intermédiaire. Il fallait attendre. Nous en avons profité pour faire une grande balade en sac à dos au Laos et au Cambodge. Nous avons quitté la région de Singapour en juillet en pleine mousson de SW qui nous a généralement donné des vents portants et de la pluie. Nous sommes arrivés fin octobre à Kudat, au
bout de l'état de Sabah (fédération de Malaisie) au NE de l'énorme
île de Bornéo. Nous y avons trouvé une dizaine d'équipages en
attente pour monter vers les Philippines, en longeant généralement
la cote Est de la longue île de Palawan. La plupart nous ont
déconseillé de partir de suite car de leur point de vue il faut au
minimum attendre le mois de décembre pour éviter le pic des typhons et profiter des beaux mois
jusque mai. Mais c'est aussi le début des mois ou on rencontre les
vents de NE les plus forts notamment en janvier et février. La route
est longue pour la remontée de Kudat jusque Puerto Galera sur l'ile
de Mindoro. De l'ordre de 450 milles et par NE ca sera contre le vent et les vagues de
plus de 2 mètres qu'il génère. Si on choisi la route côtière on met
plus d'un mois car les étapes sont très courtes. il est en effet
impossible de naviguer de nuit avec les multiples embuches sur la
route, les milliers de bouées des fermes perlières, les bosquets de
bambous plantés en mer par les pêcheurs jusqu'à 20 milles des cotes,
les récifs affleurant, les courants, les bateaux de pêche sans feux,
les îlots, les filets à la dérive, les barges remplies de minerai,
les casiers... Si en plus il faut gérer un fort vent debout avec de
la mer...
Notre stratégie était donc de remonter en octobre - novembre en profitant de l'intersaison à la fin de la mousson de SW et de la relative période de calme qui l'accompagne. Certes nous sommes encore dans la période officielle des typhons mais comme il y en a, en fait, toute l'année, il suffit d'apprendre à naviguer avec cette menace. Ca nous donne les bonnes habitudes qu'il faudra conserver quand les mois seront sensés être plus tranquilles mais avec, rappelons le, encore 10% de risques. Ca n'est pas anodin. Les faits ont confirmé l'option. Nous avons remonté facilement la plus grande partie de l'île de Palawan. Nous avons mis un peu plus de temps que prévu en profitant de certains endroits et c'est seulement le 8 novembre que nous entrons à Puerto Princesa capitale de Palawan, et port d'entrée aux Philippines pour les bateaux étrangers. C'est en arrivant que nous avons appris le désastre en cours et les ravages que Yolanda était en train de faire sur les iles de Leyte et Samar. Nous avions bien remarqués les indices décrits plus hauts, on s'était dit, en escaladant la houle toute la journée et jusqu'à l'entrée du port, "Ca doit bien bastonné, la bas, quelque part vers l'Est", nous avions constaté qu'il faisait plus moite et plus chaud, l'orage avait grondé toute la nuit précédente illuminant le ciel d'éclairs magnifiques, nous étions préparés et avertis, mais jamais nous n'avons imaginé l'ampleur du phénomène en cours. Nous étions sans informations météo depuis le départ de Malaisie car nous n'avions pas encore pu acheté une carte sim pour notre lecteur 3G... Ce jour là, nous sommes arrivés dans un bon
mouillage. 9°46'N - 118°43,7'E fond de vase collante. Nous n'avons subi aucune conséquence du typhon
qui est passé à 300 milles dans notre NE, dans la
nuit le vent est monté au plus fort à 27 nœuds, la pluie a duré
quelques jours.
Voir notre article "Comment tenir un cyclone dans un trou de mangrove" rédigé lors du passage du cyclone "Emilie" dans les Caraïbes.
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