Interview de Banik
pour Loisirs
Nautiques:
La journaliste Julie
Clerc du magazine Loisirs Nautiques a interviewé Anik et Jean-Baptiste pour
illustrer une partie du dossier sur le Pacifique qui est
publié dans le numéro du mois de décembre 2008.
Le travail de préparation de cette interview est intéressant et nous
le proposons ici aux lecteurs du site de Banik. C'est un pêle-mêle
d'images de la Polynésie vu par des navigateurs de passage.
Pour une information plus complète, nous vous invitons à aller lire
le dossier et les autres témoignages directement dans le
magazine Loisirs Nautiques N°
444 du mois de décembre 2008.
Pour les nouveaux venus sur le
site de Banik, voici quelques liens pour faire rapidement
connaissance:
Interview à bâton rompu préparée
par Julie Clerc:
Après tant d'années de navigation
en Atlantique et Caraïbes,
qu'est ce qui vous a donné envie de vous rendre en Polynésie?
C'est vrai que nous avons hésité plusieurs fois à faire le pas
qui nous mène dans le Pacifique. Aller en Polynésie c'est un
vrai effort. En voici quelques raisons
- C'est loin la Polynésie. C'est au milieu de l'océan
Pacifique Sud et quand on regarde une carte du monde les
distances à parcourir donnent un peu le vertige. Il faut donc du
temps pour aller en Polynésie. C'est une destination qui ne peut
pas être mise au planning des navigateurs en année sabbatique à
moins d'acheter ou de louer un bateau sur place.
- C'est grand comme l'Europe la Polynésie. Une fois arrivé la
bas, il y a toujours beaucoup de route à parcourir. Il faut par
exemple 8 jours pour rejoindre les Marquises à partir des
Gambier, il en faut autant pour aller ensuite à Tahiti sans
escale. Si on souhaite retourner à l'Est des Tuamotu ce sont des
dizaines d'étapes contre un bon alizé de SE.
- C'est un vrai budget d'aller en Polynésie. Tout le monde
sait que la vie dans les îles est toujours plus chère que sur le
continent.... Mais avant ça il y a le cout du passage dans le
Pacifique. Pour la plupart des voyageurs ce sont les frais de
passage du canal de Panama. Nous avions payé 800 US $ en 2006 mais
dépensé 3 fois cela en achats divers avant d'aborder le grand
océan. Ceux qui empruntent les canaux de Patagonie doivent
encore plus équiper le bateau, acheter un chauffage, des
aussières de 100 mètres de long, consommer plus de 1000 litres
de gasoil pour remonter les canaux au moteur contre le vent.
- Une fois en Polynésie ce n'est pas simple de rentrer. Il y a
plus de la moitié du tour de la terre à faire si on continue
vers l'W, avec des passages délicats comme les abords de la Mer
Rouge ou le cap de Bonne Espérance. Pour un retour provisoire,
le voyage en avion est long et onéreux.
Beaucoup hésitent à faire le pas une fois
arrivé aux portes de l'océan Pacifique. Et nous comme les
autres... Peut-être que par rapport à notre situation
personnelle, ce n'était pas raisonnable. Mais faut-il toujours
être raisonnable ? En tous cas nous sommes passés dans le
grand océan un peu par défi... et nous ne le regrettons pas.
A partir de Panama vous avez
navigué jusqu'aux Galápagos où vous êtes restés un mois puis vous
avez repris la mer pour atteindre la Polynésie française. Combien de temps a duré votre
séjour ?
L'accès au
paradis ne dure qu'un an pour les navigateurs.
Erratum (Aout
2009):
Il semblerait que les règlements ont changé... on
parle de deux ans maintenant.
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Les
navigateurs français qui arrivent avec leur voilier peuvent
séjourner temporairement dans les eaux de la Polynésie
française. Ils sont sous le régime de l'admission temporaire.
C'est à dire qu'ils bénéficient d'une suspension des droits et
taxes de douane pendant une durée maximale de 12 mois en une ou
plusieurs fois sur une période de 24 mois.
Ce régime
de l'admission temporaire est réservé aux navires immatriculés
en dehors du territoire de la Polynésie française au nom d'une
personne physique ou morale qui a sa résidence principale en
dehors de la Polynésie et n'y exerce aucune activité lucrative.
(texte des douanes) Au delà de ce délai, il faut "papeetiser" le bateau c'est à dire
le faire expertiser, l'importer via un transitaire et payer les
taxes d'importation (total des frais environ 20% de la valeur du
bateau).
Je trouve
que cette réglementation est illogique pour les navigateurs
français. En ce qui me concerne, j'ai déjà payé au trésor public
la TVA sur tous les matériaux que j'ai acheté pour construire
Banik. Pourquoi dois-je payer une deuxième fois si je stationne plus d'un an sur un territoire qui
s'appelle "Polynésie française". Payer à une douane
qui affiche le logo de la République française sur tous ses
courriers. De plus la taxe est calculée
sur la valeur du bateau. La plus grande part de cette valeur
sont les milliers d'heures de travail personnel pris sur mes
loisirs pour construire la totalité du voilier et l'entretenir
par la suite. C'est rageant de payer une taxe sur ce travail. Et
en ce qui nous concerne, notre budget de voyage ne nous
le permet pas.
Arrivé le
15 aout 2006 aux Gambier, nous n'avions l'autorisation de rester
qu'un an sur le territoire de la Polynésie donc jusqu'au 14 aout
2007. Nous avons séjourné deux mois dans cet archipel, un mois
aux Marquises, traversé les Tuamotu, parcouru les îles de la
Société avant de découvrir à Tahiti que l’évolution de
l’insuffisance rénale d’Anik allait nous obliger à rentrer en
métropole pour faire la transplantation. Il me semble que
c'est une raison médicale suffisamment grave pour avoir
un peu souplesse dans le règlement. J'ai demandé aux
douanes de nous accorder un sursis de stationnement. Il nous a
été « accordé jusqu’au 14 aout 2008, délai de rigueur ».
J’ai
quitté la Polynésie française le 9 aout 2008 sans Anik qui
n'était pas encore remise de l'opération et avec une grosse
boule à l’estomac de regret.
Il faut du temps pour apprécier
un pays... Et c’est toujours comme ça, c’est à la fin, quand il
faut partir, qu’on se fait le plus d’amis… |
Cette
expression d'humeur concernant ce règlement douanier m’est venue tout de suite à notre arrivée
aux Gambier d’autant plus que le tube du moment sur la radio FM
Radio Polynésia était un groupe, genre Rap, et le thème est "Qui
c'est qui paye... C'est la France qui paye... Na na na
nanèèèreee" et la France c'est un tout petit peu nous. Ça va
mieux aujourd'hui quand nous pensons à la gentillesse des
personnes que nous avons rencontrées en Polynésie mais nous
regrettons la rigidité de cette loi qui nous contraint à partir
au bout de 12 mois de présence simplement parce qu'on arrive avec notre
bateau. A ma connaissance il n'y a aucune restriction quand on
arrive en avion avec ses meubles.
Quels ont été les moments
marquants de votre séjour?
L’arrivée
dans l’archipel des Gambier a été marquante car c’est presque un
aboutissement. Nous arrivions en Polynésie, destination magique,
destination du bout du monde, concrétisation des vieux rêves de
voyage alors que nous n’étions encore qu’à construire notre
bateau. De plus l’archipel est magnifique avec l’île de
Mangaréva découpée par ses montagnes caractéristiques. C’est
dans le lagon des Gambier que j’ai croisé mes premiers requins
en pratiquant la chasse sous marine. Certes c’étaient des petits
requins, des pointes noires, mais le syndrome des dents de la
mer m’impressionne toujours,
encore maintenant, 3 ans après.
Un requin "pointe noire"
tourne autour du chasseur sous marin.
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Nous avons
cependant quelques regrets par rapport à la saison où nous y étions, en aout et
septembre, c’est le plein hiver et à la latitude de 23° Sud, la
fraicheur commence à bien se faire sentir quand on est habitué à
la chaleur des tropiques. L’eau nous a paru très froide au point
d’empêcher des bains de longue durée. Combinaison de plongée
obligatoire pour aller chasser les poissons dans le lagon.
Voir
quelques information sur Rikitea, capitale des Gambier
www.banik.org/mouillag/Rikitea.htm
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Quels ont été vos rapports avec
les locaux ? Avez vous une histoire particulière ?
Au Gambier où nous sommes
restés un moment, nous avons eu du mal à créer un lien avec la
population locale. Tout d’abord nous nous sommes dit que les
gens sont tellement occupés à récolter des perles qu’ils ne
s’ouvrent pas facilement aux plaisanciers de passage…. Puis on a
compris que ce n'est pas ça du tout. Ils se protègent tout
simplement car les équipages partent tous un jour ou l’autre et
eux ils restent avec l’impression de perdre à chaque fois
quelque chose quand ils ont établi une relation amicale. On
s’écrira… on s’écrit un peu… au début…mais la vie du navigateur
continue… ailleurs.
Yvonne
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Il y a eu de belles
rencontres sur toutes les îles. Nous pensons souvent à Yvonne qui habite sur l'île de Ua
Pou aux Marquises. Elle nous invite à manger chez elle dans une
maison agréable, ombragée par un immense manguier dont les
branches croulent sous le poids des fruits juteux. Les murs sont
en parpaing peints en rose. Le toit est en tôles ondulées
blanches toute propres. L'électricité permet l'installation d'un
tas de confort moderne comme la télévision et les
congélateurs... Ce n'est que tard le soir, après que nous ayons
échangé de multiples confidences que nous abordons des sujets
plus tabous... comme le mana qui est une énergie que l'on porte
en soi et qui est alimenté par l'esprit des ancêtres. Elle
a réussi à nous faire frémir, Yvonne, quand en évoquant ses
ancêtres elle en vient à parler de sa grand mère qui a plusieurs
fois mangé de la chair humaine. Bien installés dans nos
fauteuils confortables, nous avons du mal à la croire. Mais on
nous a dit que c'était possible, il parait que dans l'île
voisine, à Nuku hiva, le dernier gendarme a été mangé en 1920.
Pour en savoir plus sur
l'île de Ua Pou où vit Yvonne.
http://www.banik.org/mouillag/UaPou.htm |
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Plusieurs rencontre nous ont
permis de découvrir la vie traditionnelle
polynésienne. Et notamment de nous initier aux habitudes culinaires.
Aux Gambier ce sont Christelle et Tutiana qui nous ont fait
découvrir la noix de coco, comment la râper pour en extraire le
savoureux lait bien crémeux et gras. Le plaisir a été encore
plus fort quand nous avons été invité à partager la
fête donnée à l'occasion de l'anniversaire de
Christelle.
Pour en savoir plus sur la
noix de coco et son usage:
www.banik.org/pratique/Cuisine/NoixDeCoco.htm
Christelle et Tutiana
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A Huahine nous avons rencontré
Siki qui nous a fait découvrir la jungle pour trouver des caramboles et
le fruit de l'arbre à pain que l'on appelle "uru" (prononcez
ourou) en Polynésie. Nous sommes restés une semaine au mouillage
devant sa magnifique plage et nous sommes revenus plusieurs
fois. Nous avons partagé de très bons moments. Nous ne
savions pas comment le remercier car il n'accepte ni alcool, ni
cigarettes. Nous avons fini par lui offrir la même chose que ce
qu'il nous donnait avec tant de générosité. Une initiation à nos
coutumes et habitudes culinaires. En bon chtis, nous lui avons
fait des frites à bord de Banik... Des frites à base uru. C'est
délicieux, nous vous invitons à essayer.
A Mopelia, c'est Kalami qui
m'a emmené pécher la langouste la nuit sur le platier de la cote
au vent. Sans lui je n'aurai jamais su attraper une seule
langouste. Et le lendemain matin il m'en dépose trois dans le
cockpit, déjà cuites et prêtes à être mangées. Une autre nuit,
j'accompagne sa femme Sophie pour aller dans la broussaille
dénicher les crabes de cocotier que nous mangerons accompagné
d'une purée d'igname. Nous sommes restés quelques jours de plus
au mouillage devant chez eux. Je voulais les aider à défricher
une zone envahie par la brousse à un endroit ou Sophie aimerait
installer leur nouvelle maison aux murs de planches et au toit
en tôle ondulée, mais devant une plage de carte postale.
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Sophie et Kalami habitants de l'atoll de Mopélia, le
dernier à l'extrême Ouest de la Polynésie française.
Ils sont heureux de venir à bord de Banik discuter de
la pêche de la veille en partageant un café.
Nous avons pu leur faire plaisir en téléphonant à
Raiatea avec l'Iridium par satellite pour qu'ils aient
des nouvelles de leur fille qui venait d'accoucher
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Nous pourrions aussi citer
Norbert qui habite sur le motu Tautau et qui connait tous les
arbres et les végétaux de la région. Il aime prendre le temps
d'expliquer les vertus de certaines plantes ou fruits d'où on
peut extraire un jus ou une huile qui aura une application bien
particulière.
Presque partout nous avons
sympathisé avec les polynésiens qui n'ont pas fait mentir leur
réputation de gentillesse. Mais à chaque fois nous avons du
faire la démarche d'aller vers eux. Il y a souvent maintenant
une période d'observation car ils voient passer de plus en plus
de bateaux, de plus en plus de gens pressés, de plus en plus de
navigateurs touristes qui ne conçoivent les échanges avec les
populations locales que comme des services qu'on rémunère.
Vous ont-ils sensibilisés à la
culture polynésienne ? Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ces
us et coutumes ?
Encore une fois, nous ne sommes pas restés assez longtemps en
Polynésie pour avoir acquis autre chose que des bribes de
culture.. .Juste pour avoir la possibilité de nous rendre compte
qu'il n'y a pas une culture polynésienne mais des cultures
polynésiennes. Les îles du Pacifique ont été colonisées par les guerriers maoris
bien avant notre ère. Ces navigateurs exceptionnels ont
découvert des archipels extrêmement éloignés les uns des autres.
Il y a sans doute eu des échanges entre les archipels mais il y
eut aussi de longues périodes, surement des siècles, sans que
personne ne débarque à nouveau à un endroit. Ca a impliqué des
évolutions différentes d'une région à l'autre et même si les
origines sont proches, aujourd'hui un marquisiens se sent bien
différent d'un tahitien ou d'un Paumutu (habitant des Tuamoutu).
Il y a des identités fortes comme aux Marquises qui forcément
interpellent le navigateur de passage. On est immanquablement
attiré par le charme, on a envie de se s'immerger dans leur
monde envoutant. La meilleure preuve est que bon nombre de marin
ne repartent pas vers l'horizon lointain sans avoir gravé dans
leur peau la marque de leur passage, un souvenir indélébile sous
la forme d'un tatouage plein de symbole et de force.
Joli tatouage
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Quel est votre mouillage favori ?
Pourquoi ?
Nous avons de nombreux mouillages favoris
aucun n'est absolument parfais sinon peut être que nous y serions
encore.
Le petit platier de sable blanc entouré de
patates de corail où nous mouillons par 2 mètres d'eau entre l'îlot
Mekiro et l'île Akamaru au Gambier. La pêche y est bonne, la
tranquillité assurée dans ce coin du bout du monde, les balades
superbes sur les hauteurs... Mais l'eau était trop froide en hiver.
L'anse de Hakatea sur
l'île de Nuku Hiva aux Marquises: Un
mouillage très bien abrité, bordé par une plage de sable plantée
de cocotiers, de jolies balades à faire sur les montagnes
environnantes, un jardin d'Eden garnis de nombreux arbres
fruitiers, l'eau est chaude, la température tropicale est
tempérée par quelques nuages qui rafraîchissent l'air ...
Pour le marin,
Hakatea est donc une parcelle de paradis sur terre.
NON ! Car il
y a les nonos. Ce sont de sales bestioles entre la petite mouche à grandes
dents et le moustique à gros dard. Je ne sais pas s'ils mordent
ou s'ils piquent mais on ne les voit pas. Sur le coup, on ne les
sent pas non plus... Ce n'est que le lendemain que les boutons
apparaissent et ils graaaaaaaaaaaaattent. Et en plus il ne faut
surtout pas se gratter car alors ils s'infectent. Ça dure
plusieurs jours... Leur terrain de jeu : Les vallées humides et les plages.
(Il y en a plus souvent sur le sable blanc que sur le sable
noir). Pour s'en défendre, les marquisiens s'enduisent la peau d'une
épaisse couche du fameux monoï dans lequel les pattes des
microscopiques sales bêtes s'engluent. Dans les maisons, ils invitent avec plaisir un margouillat.
C'est un lézard jaunâtre et visqueux qui se gave toutes les nuits
de nonos, moustiques et mouches diverses... Il est très vorace.
Un très beau souvenir également est notre découverte du jardin de
corail à l'W de Tahaa. Nous en parlons sur la page web :
www.banik.org/mouillag/MotuTautau.htm
. C'est là que nous avons rencontré Norbert
L'archipel
des Tuamotu
offre
une multitude de plages au sable blanc
Aux
Marquises Il n'y a pas de récif barrière. Les hautes montagnes
tombent dans la mer en formant des baies. Mais elles ne sont pas
toujours bien abrités comme Hakatea où l'on voit Banik seul au
mouillage.
Quel était votre quotidien dans ce
décor ? Vos activités ?
Le quotidien des voyageurs au long cours n'est pas forcément
une suite d'aventures incroyables ou sa vie est en permanence en
péril. Au mouillage dans ce décor notre vie est presque
banale si ce n'est la beauté qui nous entoure. Nous nous levons
en même temps que le soleil c'est souvent assez tôt, avant 6
heures du matin. Le premier plaisir est effectivement de monter
sur le pont et contempler le petit matin calme et sentir l'odeur
de la végétation humide qui arrive jusqu'au bateau au mouillage
sous le vent du motu. Un jour sur trois il y a la bonne odeur du
pain tout juste sorti du four qui vient titiller le paresseux
qui flemmarde.
Après le petit déjeuner, la toilette consiste souvent à
piquer une tête dans l'eau tiède et à faire quelques brasses autour du
bateau pour se dégourdir les membres.
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Ensuite c'est généralement "les
corvées". Il y a l'entretien du
bateau, nettoyage pour Anik, bricolages pour JB. Et puis il faut
bien gagner notre croute, nous ne sommes hélas pas rentier alors
JB se met devant l'ordinateur vers 9 heures quand le soleil est
assez haut pour charger les panneaux solaires. C'est en moyenne
4 heures de travail chaque jour pour rédiger les articles pour
le site de Banik, les cahiers de voyage, répondre aux mails de
nos lecteurs... |
Dès que c'est possible, l'après midi est consacré aux explorations. On
pourrait dire que c'est encore du travail mais en réalité c'est
du bonheur. La rédaction de nos articles nous oblige à aller
voir ce qui se passe de l'autre coté de la plage, entrer
en contact avec les gens, rechercher des angles pour
photographier, nous documenter sur nos découvertes... Nous
aimons partir sur les chemins pour une marche de
plusieurs heures. On ne marche pas beaucoup sur un
voilier et quand l'occasion se présente nous en
profitons.
Il n'y a pas toujours de nouvelles choses à découvrir. Nous
en profitons alors pour réaliser les taches de vie courante qui
sont indispensables à faire de temps en temps. Aller chercher de l'eau au robinet de la ville,
dans une citerne ou au cours d'un ruisseau. Faire de grandes
lessives. Aller à la pèche ou à la cueillette. Faire des dizaines
de conserves en bocaux qui nous permettent de nous alimenter
avec des produits sains sans trop alléger notre caisse du bord
quand nous sommes dans un pays sans ressources ou que les prix
sont inabordables.
Voir notre méthode :
www.banik.org/pratique/Cuisine/la stérilisation.htm
Cette routine est changée quand nous sommes en navigation.
Nous avons alors d'autres occupations, une autre organisation
liée avec la vie en mer... Mais c'est ce n'est pas l'objet de la
question.
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En randonnée nous n'emportons pas de gourde. Comme les
polynésiens nous buvons l'eau des cocos. |
Les conditions de
navigation ? Quels conseils donneriez-vous aux navigateurs ?
Le vent
dominant: La navigation est relativement facile en Polynésie
française qui est la plupart du temps sous l'influence de
l'alizé de Sud Est que l'on trouve sur une grande partie du
Pacifique Sud. C'est un alizé assez musclé qu'il est difficile
de remonter. Il faut donc bien choisir son itinéraire et faire
des zigzags pour voir le maximum de choses quand on arrive de
l'Est (généralement des Galápagos ou du Chili). Nous avons par
exemple atterri au Gambier puis nous sommes remonté aux
Marquises avant de redescendre vers les îles de la Société.
Les grains:
Il fait beau, 10 -15 nœuds de vent, on porte tout
dessus avec les voiles tangonées. Et puis arrive un
grain. Le jour on les voit bien venir mais par nuit
noire c'est parfois plus difficile. Il faut alors
réagir au quart de tour. Depuis que je suis en
Nouvelle Calédonie, je vois arriver les
bateaux en provenance de l'Est. En trois semaines il
est arrivé 3 voiliers démâtés.
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L'un
d'entre eux est celui de bons amis que j'avais quitté un peu
plus de deux mois avant à Raiatea. C'est un couple de marins
confirmés qui sont venus dans le Pacifique par les canaux de
Patagonie. Le Skipper m'explique: "C'était de nuit par grand
beau temps. Au moment de notre changement de quart le grain nous
est tombé dessus à 60 nœuds. Il m'a manqué 10 secondes pour
lâcher l'écoute. Le voilier s'est couché, nous avons embarqué
plein d'eau. Le mat s'est plié au niveau du tangon. On a du tout
larguer en mer : mat, voiles, gréement..."
En ce qui me concerne, j'ai pris l'habitude de réduire la
voilure de Banik en début de nuit. Je pense que je vais
garder cette habitude
Les
cyclones: La saison cyclonique s'étale de novembre à avril.
Les cyclones ne sont pas aussi fréquents qu'en Caraïbes. Il peut
ne pas y en avoir pendant 10 ans. Ils sont généralement
moins violents aussi. Ca signifie que l'on peut prendre l'option
de naviguer toute l'année en Polynésie sans courir se mettre à
l'abri dans une région épargnée comme on le faisait chaque année
des Antilles vers Trinidad ou le Venezuela. Mais un cyclone
reste un cyclone avec des vents de plus de 70 nœuds qui sont
difficilement soutenables en voiliers. Alors on navigue, oui,
mais il y a tout de même des choses à faire.
-
Ecouter impérativement chaque jour la météo de décembre à
mars. Elle est diffusée plusieurs fois par jour dans toutes
les îles sur différentes radio FM notamment le matin à 7:00
h par radio Polynesia.
-
Ne pas
naviguer à cette période dans l'archipel des Tuamotu qui
n'offre aucun abri en cas de cyclone. Les Tuamotu sont
composés d'une multitude d'atolls. Ce sont des récifs
coralliens agrémenté de motu, de petites iles sableuses
plantées de cocotiers et qui ne font que quelques mètres de
haut. Dans l'œil d'un cyclone, la pression atmosphérique est
extrêmement basse. Le niveau de la mer qui n'a plus le poids
de l'air à supporter peut s'élever de 2 mètres. Les îles et
le récif se retrouvent sous l'eau. et par dessus tout cela
il y a les vagues monstrueuses générées par le cyclone. Un
bateau à l'ancre n'a aucune chance.
-
Ailleurs qu'aux Tuamotu où on ne navigue pas en cette saison pas
il faut repérer les
éventuels abris en cas de cyclone. Aller les voir en voilier
par beau temps pour ne pas trop hésiter dans le stress. Il y
a par exemple port Phaeton au Sud de Tahiti ou port Bourayne
à Huahine.
-
Voir
nos conseils pour
se
préparer en cas de cyclone.
-
Il est
a noté qu'en principe les Marquises sont à l'abri des
cyclones
Les
passes: Une des particularités des atolls et lagons sont les
passes qui permettent d'y accéder. Il y a des passes très large
et d'autres très étroites. Il y a très souvent un important
courant qui peut rendre impossible le passage à certaines
heures. Il faut consulter les guides et instructions nautiques
pour essayer de se présenter à un autre moment que le pire. Vous
pouvez aussi consulter les conseils sur le site de Banik mais ce
sera juste pour celles que nous connaissons. En voici quelques
unes:
Les
patates de corail: Ils encombrent partout les
lagons. Il est souvent impossible de naviguer dès
que la lumière baisse. Alors la nuit on n'y pense
même pas...
Après des années de pratique, nous arrivons encore à
nous faire piéger comme à Tahaa.
Voir comment les
lumières peuvent être trompeuses.
Il faut dire
aussi, car ce n'est pas le cas partout dans le
Pacifique que sur ce territoire français il y
a un excellent balisage. Les grandes passes et les
grands axes sont balisés avec des feux permettant la
navigation de nuit.
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Vous installeriez-vous dans
le Pacifique ? Où ? Pourquoi ?
Aujourd'hui aucun endroits au
monde ne saurait nous retenir même la Polynésie.
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Notre
première réponse serait que nous n'avons pas les moyens
financiers pour le faire si on désire vivre avec un peu de
confort européen, ou avec certaines de nos habitudes ancrées par
notre éducation, ou des envies ponctuels comme un aller-retour
vers la métropole de temps en temps pour retrouver nos proches
et nos racines.
Dans un
deuxième temps on se dit qu'avec tout ce qu'on a appris nous
devrions être capable de vivre à la polynésienne et alors nous
trouvons beaucoup de ressources offertes par la nature... Encore
faut il accepter de renoncer à tout ce qui nous ferai dire non.
A bien y
réfléchir nous ne nous y sommes pas arrêtés... et ce n'est pas à
cause de la taxe d'importation, ou de la vie chère, c'est simplement parce qu'on a
parcouru que la moitié du tour de la terre et que nous avons
encore soif de découvertes. Aujourd'hui aucun endroits au monde
ne saurait nous retenir même la Polynésie.
Mais nous
éludons la question... Bon Ok nous allons y répondre... Alors
peut-être sur l'île de Raiatea qui est entourée d'un joli lagon et qui occupe
une position un peu centrale.
De là on peut naviguer facilement
vers Tahaa et Huahine des îles attachantes; ou filer
vers Bora Bora et Maupiti, les belles; ou revenir sans trop de
mal à Tahiti si on a besoin de facilités modernes avant de
retourner à Mopélia où on peut vivre en Robinson.
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Le Pacifique : un mythe qui
cache certaines réalités ? Lesquelles ? Pourquoi
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Les
lagons sont souvent des piscines. mais il y a beaucoup d'endroit où
ce n'est pas vrai. L'eau des Marquises (qui ne possède pas de lagon)
est souvent chargée, trouble. L'eau des baies à Tahiti, Moorea ou
n'importe quelle île du groupe de la société ont souvent la couleur
de la soupe, sauf aux abords du récif. sur ces mêmes îles les belles
plages ne sont pas courantes. En fait il n'est pas rare de
devoir chercher pour trouver le beau petit coin où on se sentira
bien. Sauf à Bora Bora ou tout le
lagon est magnifique mais c'est une île où on a vraiment
l'impression qu'un voilier n'a rien à y faire. Tous les beaux coins
sont envahis par des hôtels sur pilotis. Il y a des milliers de
pilotis qui ont été planté dans le lagon ce qui a provoqué sous
l'eau un bruit infernal. Tous les poissons sont partis voir ailleurs
si les nuisances sonores sont plus supportables. Les seules raies
que nous ayons vu dans ce lagon sont des raies captives derrière un
parc en grillage. Heureusement une implantation touristique à cette dose là, c'est une exception.
Ile
de Huahine Banik au mouillage. Ce n’est pas toujours évident de
trouver un bon mouillage dans les lagons des iles de la Société.
Très souvent, on ne peut pas s’approcher très près de la cote. Il y
a un platier avec très peu d’eau qui déborde assez loin.. Au loin le
récif sur lequel brise la houle du large et qui lui aussi est
prolongé dans le lagon par un platier sans profondeur et parsemé
d’une multitude de patates de corail. Entre les deux, dans le grand
bleu qui descend à pic, on a vite des profondeurs de plus de 20
mètres.
Grillade sur la plage du poisson péché au fusil dans le lagon.
Symbole de la vie libre et naturelle, sans contrainte, sans besoin
d’autre chose ni de personne, presque sans argent. Mais attention
de bien choisir les espèces pour ne pas attraper la ciguatera qui
peut avoir des conséquences graves sur la santé, nécessiter
l’intervention de médecins compétents et générer de gros frais
médicaux… La liberté totale n’est pas possible à moins d’avoir un
peu de chance et de grosses compétences dans un nombre
impressionnant de domaine très variés … |
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Et en guise de conclusion ?
Aller en Polynésie c'est une
récompense aux multiples visages. On ne peut pas parler de la
Polynésie.... Il faudrait dire "les Polynésies".
C'est tellement varié.
Il fait bien chaud au Nord de la
zone, comme aux Marquises proche de l'équateur . Il fait parfois
bien frais dans les îles australes agitées par les coups de houle en
provenance du grand Sud bordant l'antarctique.
Il y a des îles d'eau
comme les Tuamotu. Le spectaculaire, la diversité et la richesse de
ces atolls c'est dans l'eau qu'on les trouve.
Il y a des iles de
terre. C'est à peu près l'ensemble des Marquises mais c'est aussi
Tahiti, le principal intérêt n'est pas la navigation en voilier mais
la nature exubérante et généreuse des montagnes, la gentillesse des
habitants, l'exotisme des coutumes et des traditions.
Les gens sont différents d'un archipel à l'autre. Ils n'ont
même pas la même langue. Bonjour se dit Iaorana en tahitien et
Kahoha en marquisien.
Il nous faudrait 3 ans pour sentir et apprécier tout cela: Au
minimum 6 mois dans chaque archipel: Les Gambier, les Australes,
les Marquises, les Tuamotu, les iles de la Société...
Nous espérons y revenir un jour, peut-être pour un peu plus
longtemps que lors de notre premier passage. En tous cas,
aujourd'hui que nous n'y sommes plus, nous ressentons l'amertume
du regret.
Il y a beaucoup d'autres textes et de
magnifiques photos dans les cahiers de voyages de Banik.
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séries qui peuvent vous intéresser. Voir
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