Notre "aventure
santé" :
C'est
une véritable aventure à l'intérieur
de nos aventures marines. Une vraie
parenthèse qui s'est imposée dans notre vie de voyageurs
hydrophiles. Ensuite nous avons laissé cette page en ligne et l'avons complétée pour illustrer avec un cas concret une expérience de transplantation rénale... Notre retour à bord de Banik, la reprise de nos navigations autour du monde témoignent de la réussite du don et de la greffe qui ne fabriquent pas des handicapés mais des personnes actives, capables d'avoir une vie sportive de faire des découvertes, sans risques inconsidérés, même éloignés des structures médicales rassurantes. Si ça peut servir à quiconque... Les textes des petits tableaux explicatifs sont inspirés de la documentation publiée à l'époque par l'agence de biomédecine. Vous y trouverez des liens vers une courte page d'informations générales sur le don d'organes que nous vous invitons à suivre par curiosité. Voici donc le récit complet de "notre aventure santé" telle que vous avez pu la découvrir sur le moment, telle qu'elle a évolué au fil du temps jusqu'à l'issue du voyage...
Toute l'histoire jusqu'à la transplantation: Naviguer c'est notre bonheur, et puis... Nous naviguons autour du monde sur notre voilier Banik. Pas de date de retour prévue, nous avons l'intention de voyager sur l'eau tant que nous y trouvons du bonheur. Et puis tout à coup, un résultat de prise de sang qui arrête tout... Reprenons depuis le début...
A cette date nous comprenons que l'insuffisance rénale d'Anik nécessitera probablement dans un avenir proche une solution d’aide par dialyse. Ce traitement qui comporte d'importantes contraintes est incompatible avec la vie de nomade sur un voilier. Pour nous ça risque d'être tout de suite la sédentarisation obligatoire. L'alternative c'est la greffe d'un rein mais cette opération n'est pas proposée à tout le monde car il faut des conditions physiques optimales et de toutes les façons elle ne se pratique pas encore en 2007 en Polynésie. Premières décisions: Anik décide donc
de rentrer en métropole par avion et
de commencer à se soigner avant que cela ne devienne plus grave.
Jean-Baptiste se prépare à ramener le bateau en France en raccourcissant les
escales et en passant par le Cap de Bonne Espérance. Banik sera ainsi près de nous,
nous pourrons l'entretenir correctement et il nous permettra de repartir
dès la guérison... Anik savait depuis
plusieurs années qu'un jour ce problème va devenir grave. C'est pour ça que
nous sommes repartis faire ce tour du monde dès que ça a été possible après
avoir lancé nos enfants dans la vie. Mi mai 2007 Anik arrive en métropole et commence les examens dans de bonnes conditions car, par ailleurs, elle est en excellente santé et il faut mettre en route le plus vite possible les tests pour "gagner" une greffe de rein. Pour nous deux c’est une énorme déception. C'est notre projet de vie en voyage sur les océans qui devait durer encore des années et qui est stoppé net... au mieu pour un bon moment... nous refusons de penser que ça puisse l'être définitivement.
Un espoir imprévu nous est proposé: Anik est
prise en charge avec gentillesse et compétence par son service
de néphrologie dans le Nord. Elle passe avec succès 12 examens
médicaux. Sa bonne santé lui permet d'avoir le tampon "apte à la
greffe". Elle peut être inscrite sur la liste d'attente
nationale. Il n'y a plus qu'à attendre et on sait que ca sera
long.
Action ! Juillet 2007:
Sans trop y croire, Jean-Baptiste fait une première série d'analyses à
Tahiti. Notre coup de chance c'est que nous avons le même groupe
sanguin. Pour le reste c'est à voir mais aucune contre indication
fonctionnelle n'est décelée.
Mi août
2007 Jean-Baptiste prend un avion pour rejoindre Anik et l'équipe de médecins en
métropole. Fin août 2007: Analyses complémentaires (prise de sang, scanner...) le dossier est complet (on le croyait), il est transmis au service des greffes du CHRU de Lille. Nous devons rencontrer le service de greffe pour étudier à fond la possibilité d'une transplantation entre nous. Nous réglerions ainsi nos histoires en famille. Apprentissage de la patience : Le service de greffe du CHRU de Lille nous fixe un rendez vous le 30 octobre 2007 pour un premier entretien. Deux longs mois d'attente et d'incertitudes. Nous espérons beaucoup de ce rendez vous pour savoir comment va se passer la suite. Pourquoi tant d'attente ? Mais c'est vrai que nous ne sommes pas les seuls. Pendant ce
temps, la famille et les amis nous accueillent. Nous avons
beaucoup de chance. Nous nous considérons en escale technique dans le
Nord, nous ne voulons pas nous réinstaller (ce serait très
difficile pour nous par beaucoup d'aspects). Nous bougeons d'une
maison à une autre avec nos sacs de voyage. 1er
octobre 2007: Nous arrêtons tous les deux de fumer. Ce n'est
pas extrêmement dur. Nous ne sommes pas des gros fumeurs et on a
une bonne motivation. On nous a dit que le tabac ralentit la
cicatrisation et peut altérer le greffon. 30 octobre 2007 :
Nous rencontrons le service de greffe du CHRU de Lille. Premier
contact avec une équipe qui nous fait tout de suite un très bon
effet.
Administrativement : Nous avons eu beaucoup d'informations, nous avons de la documentation à lire et à comprendre, nous devons y réfléchir et reprendre contact dans deux semaines... Avec le résultat du cross-match... Encore 15 jours à attendre avant de pouvoir planifier la suite, c'est long mais c'est le délai de réflexion légal.
9 novembre 2007: Nous
avons le résultat du Cross-match. Il est négatif. Ça veut dire
qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre nous, la greffe est
possible. Encore une étape qui aurait pu être décisive et qui se
passe bien. Ouf. 15 novembre 2007: Nous déclarons officiellement notre intention de poursuivre l'action qui est commencée. (Nous n'avons pas attendu un jour de plus que le délai légal). Le service de greffe aide Jean-Baptiste à rédiger un courrier pour solliciter un entretien auprès du comité d'experts.
Nous avons encore tous les deux plusieurs rendez vous dans différents services du centre hospitalier pour poursuivre les examens médicaux... Le don d'organe d'une personne vivante doit être réalisé sans mettre en danger les fonctions vitales du donneurs. Tous ces bilans sont une garantie de sécurité pour le bon déroulement de la greffe. Nous aurons bientôt un
dossier complet que nous prendrons sous le bras pour aller
rencontrer, le 18 décembre 2007, le chirurgien et
l'anesthésiste. Encore un mois d'attente mais les choses avancent bien. Espérons qu'il n'y
aura pas d'imprévus... 18 décembre 2007 : Nous rencontrons le chirurgien et l'anesthésiste. Ils ont tout le dossier du bilan médical avec les conclusions du néphrologue. En ce qui nous concerne nous ne connaissons pas encore tous ces résultats. Leur diagnostic et les questions qu'ils nous posent vont décider de la suite qui sera donnée. Leur analyse est que tout se présente bien pour que l'opération se passe dans les meilleures conditions. Ouf ! Il n'y a plus qu'à planifier. Les fêtes de fin d'année approchent, certains vont profiter de vacances bien méritées, les contraintes des services et les autres interventions déterminent en définitive la date du 14 janvier 2008. Cette fois ci encore, nous avons eu une excellente impression des spécialistes qui nous ont reçus. On va essayer de les aider au maximum en nous mettant dans la meilleure forme possible: pour Jean-Baptiste, régime et footing tous les matins. Pour Anik pas de grippe ou de rhume et attention à l'excès de potassium... C'est donc encore un petit mois de patience supplémentaire, mais un mois un peu
particulier car c'est maintenant un vrai compte à rebours. Dans
un premier temps, on aura l'esprit occupé avec les festivités en famille et entre amis jusque début
janvier. Ensuite les quelques démarches obligatoires (comité
d'experts, tribunal de grande instance...) nous amèneront
rapidement à la
date retenue pour la transplantation. 7 janvier 2008: Rendez
vous pour Jean-Baptiste avec le comité d'expert qui fait son
possible pour ne pas ressembler à un jury d'examen de passage...
Jean-Baptiste a bien senti que cet entretien, ce passage
obligé par le protocole, est mis en place pour vérifier le bien
fondé de la greffe, protéger le
donneur, et pour répondre aux questions qu'il se poserait encore.
En ce qui le concerne, ça l'a conforté dans sa décision. Les
médecins ont encore bien insisté sur le fait qu'à partir de
maintenant on ne parlera plus de ses reins mais de son rein...
et que c'est un organe unique qu'il faudra préserver avec la
meilleure hygiène de vie possible tout le reste de son
existence. 8 janvier 2008: Alors que tout va
bien, que tout est contrôlé depuis des mois, des saignements nouveaux et imprévisibles provoquent une très brève intervention
sur Anik sous anesthésie pour faire un prélèvement . L'intervention est
bénigne, on ne bouge rien en ce qui concerne la
transplantation qui aura lieu dans 6 jours ... 10 janvier 2008: Jean-Baptiste a
rendez vous avec le premier Vice-Président du Tribunal de Grande
Instance de
Lille. C'est également une formalité prévue
par la loi de bioéthique de 2004. Le magistrat enregistre
officiellement le don d'organe et s'assure qu'il est consenti.
Il notifie que c'est un acte gratuit. Ça y est tout est en ordre. la tension monte, nous y serons dans quelques jours. Coup du sort: 11 janvier 2008 : Nous sommes à
trois jours de la date prévue de la transplantation. L'analyse des prélèvements réalisés en début de semaine s'est
faite en urgence. Elle révèle la présence de cellules "atypiques". Cependant, il n'y a rien de
grave ni de malin. Nous sommes abasourdis par la nouvelle. Nous étions prêts, les sacs faits avec le pyjama, les pantoufles et la trousse de toilette. Nos proches s'étaient organisés... Le professeur responsable de l'équipe de greffe, le néphrologue, le chirurgien ont tous été très disponibles et très explicites. Ce n'est qu'un contre temps. Toutes les mesures sont prises avec la logique de précaution maximum. Nous ne devons pas baisser les bras. Comme vient de nous le dire une amie
proche: Il faut être des marins aguerris pour encaisser encore des surventes
alors que ça souffle déjà en tempête. On
prend un troisième ris et on fait le gros dos en guettant la
remontée du baromètre. 14 janvier 2008: Normalement on devrait y être aujourd'hui. Bon, pensons à autre chose... On va aller respirer en marchant au bord de la mer du Nord à marée basse. Le ciel est plombé comme notre cœur, mais l'air est vif comme notre détermination. Tout le corps médical est motivé et performant. L'opération préventive est planifiée rapidement. 25 janvier 2008:
L'hystérectomie s'est parfaitement déroulée, Anik se remet très
vite de cette opération. La grosse déception du décalage de la
greffe nourrit sa motivation à reprendre des forces. Elle
souhaite avoir rapidement une nouvelle date pour la
transplantation. Nous aurons probablement une réponse dans le courant de la semaine prochaine. 30 janvier 2008: Nous pensions pouvoir avoir rapidement une nouvelle date pour la transplantation. Cela fait déjà deux semaines que la greffe aurait du avoir lieu. Maintenant nous savons qu'il faut attendre encore 10 jours pour avoir les résultats de l'analyse pathologique qui est réalisée systématiquement à l'issue de l'hystérectomie. Ce n'est qu'à ce moment là que le médecin annoncera à son collègue néphrologue et au chirurgien qui fera la greffe que tout est OK. Ensuite le chirurgien verra en fonction du temps qu'il estimera nécessaire pour qu'Anik retrouve la forme, de son planning d'intervention, de plein de choses qui s'acharnent à faire reculer, à reculer toujours... Notre situation commence à devenir difficile à supporter. Même s'il n'y a rien de dramatique et que nous avons beaucoup de chance d'être très bien accueillis et entourés, nous vivons depuis des mois avec nos valises, d'une maison à une autre. Nous ne pouvons rien projeter ni planifier. Le bateau est à l'autre bout de la mer... Les Douanes nous pressent un peu, ils nous demandent de leur signifier nos choix quand à la situation de Banik sur le territoire polynésien... mais nous ne savons que répondre. Au delà des soucis administratifs, il y a l'aspect santé physique et psychologique. Nous imaginons un peu ce que doivent ressentir les malades qui n'ont pas la possibilité de recevoir un organe à partir d'un de leur proche, donneur vivant. Ils n'ont pas comme Anik une certitude de greffe à court terme. Ils peuvent être en attente durant des années sans savoir si ça va encore durer une semaine, un mois, un an... avec des faux espoirs quand plusieurs malades sont convoqués pour un seul greffon... et sans aucune certitude que ça se fera vraiment un jour. Et pendant ce temps là, ils se rendent compte que leur santé générale continue de se dégrader doucement. Chaque personne valide qui informe de son accord pour le prélèvement de ses organes s'il
lui arrive un accident mortel, fait vraiment avancer les malades
vers la guérison tant espérée, une vraie guérison grâce un
organe sain qui a généreusement été donné. Parlez en
maintenant à votre entourage, après l'accident il est trop tard.
9 février 2008: Nous venons de recevoir par la poste un rendez vous avec le chirurgien qui fera la transplantation. Cet entretien normal avant toute intervention est dans dix jours... Si tout va bien, nous devrions pouvoir fixer ce jour là, une date pour la suite . Compte à rebours prudent: 19 février 2008: Ça y est, une
nouvelle date est programmée pour la transplantation. Ça devrait
être le 3 mars. Nous préférons parler au conditionnel
maintenant... 26 février 2008: Bonne nouvelle, La
douane polynésienne nous envoie un courrier confirmant le
prolongement à titre exceptionnel de l'admission temporaire du
voilier sur le territoire jusqu'au 14 août 2008. Nous remercions
sincèrement
les autorités. Nous partirons vers l'opération dans quelques
jours, le cœur plus léger.
Le séjour au CHR: Charmant Hôtel Restaurant:
5 mars 2008 : "Les bonnes nouvelles
continuent ... Le nouveau rein de maman se sent déjà comme chez
lui et n'a pas attendu pour reprendre du service."
Gibé 9 mars 2008: A J+6 après la
transplantation, Jean-Baptiste sort de l'hôpital sur ses deux
jambes. Comme quoi la vie en mer ca préserve le bonhomme. Il est
prévu une sortie d'Anik à J+9. L'équipage sera bientôt au
complet debout sur le pont. 10 mars 2008: "Je peux donc
ouvrir l'ordinateur aujourd'hui et vous donner rapidement des
nouvelles de la semaine que nous venons de passer. Ce que nous
avons vécu est magique. Le nouveau rein d'Anik a immédiatement
fonctionné et il s'est mis au boulot avec ardeur. A l'issue de
la première nuit (15 heures après la transplantation), un bilan
sanguin est réalisé. Ces premiers résultats sont importants...
Est ce que ça va marcher ? La réponse tombe... Il faut remonter
10 ans en arrière pour retrouver d'aussi moins mauvais taux de
créatinine et autre toxine dans son sang... Sur ce plan là, Anik
a rajeuni de 10 ans." Revenons à J+2: La sonde gastrique a été retirée, le drain est débranché de l'aspiration, les infirmières aident Jean-Baptiste à se lever de son lit pour aller s'asseoir dans une chaise roulante. On accroche sur la potence les différentes poches connectées à la perfusion puis on le pousse gentiment au bout du couloir jusqu'à l'entrée d'un sas. Équipement pour rentrer dans la partie "soins protégés": charlotte sur la tête, chaussons, blouse, masque sur le nez et la bouche... Pas très sexy pour un rendez vous galant mais il n'est pas question d'apporter des microbes ici. Anik est installée dans une chambre sans fenêtre, l'air est pressurisé. Des tas de cadrans font des bips et clignotent. Elle a encore des tuyaux partout... "On nous a laissé seuls... De toutes les
façons, dans l'état ou nous étions, on ne risquait pas de faire
des bêtises... Je m'étais coincé dans les accoudoirs pour
ne pas bouger le flanc qui me brûle, j'étais incapable de me
pencher en avant... Anik n'avait pas la force de me tendre plus
que sa main piquée de cathéters. Une infirmière entre. "C'est meilleur qu'avant la naissance de Nathalie il y a plus de 23 ans... Quand je vous disais que c'est magique. L'infirmière s'en va, nous sommes sans voix, nous nous regardons, nous pleurons tous les deux..." J+4 : Anik est transférée au service de néphrologie dans un autre bâtiment. Finies les petites visites de Jean- Baptiste en chaise roulante. Les doses de cheval d'immunosuppresseurs qui évitent le rejet du greffon sont maintenant divisées par 4 mais il faut surveiller de près ce qui se passe. Les professionnels seront très attentifs les semaines qui viennent et aussi les mois qui suivront et pendant des années... J+6 : Jean-Baptiste sort de l'hôpital. Il marche raide comme un petit vieux, une main posé sur le coté pour prévenir les chocs éventuels mais son moral est au plus haut. Des amis formidables l'accueillent chez eux, il est choyé comme un coq en pâte. J+9 : L'équipe médicale préfère garder Anik encore quelques jours. Toujours ces fameux principes de précaution maximum. Malgré le regret de ne pouvoir nous retrouver ensemble ce soir, nous ne pouvons que nous réjouir de cette prudence. 14 mars 2008 : A J+11, Anik sort enfin de l'hôpital. Juste au début du week-end c'est sympa. Un peu de tranquillité avant les visites de contrôle qu'elle devra faire plusieurs fois dans les semaines qui viennent.
Convalescence: ça dure un an...
Avril 2008:
Le prochain
grand défi se joue dans les mois qui viennent. Il faut
absolument éviter le rejet du greffon. Ça serait dramatique pour
notre moral et la santé d’Anik… Nous
n'imaginions pas les effets secondaires des médicaments anti
rejet. Insomnies, tremblements, diarrhées, retard dans la
cicatrisation... Chaque jour qui passe est une petite victoire. Notre objectif et notre récompense seront notre retour à tous les deux à bord de notre voilier Banik quelques mois après la transplantation… Mais nous n'y sommes pas encore... Juin 2008: Jean-Baptiste retourne en Polynésie. Il doit réarmer Banik et le remettre en état de reprendre la mer car le délai de séjour accordé par la Douane en Polynésie pour notre voilier arrive bientôt à son terme... . Les travaux réalisés seul sur le chantier sont assez fatigants en cette période de convalescence et sous cette chaleur tropicale. Notre séparation aussi est pesante mais il faut tenir bon, notre mission n'est pas finie. La mise à l'eau se fait le 22 juillet le jour de l'anniversaire de Jean-Baptiste. C'est un beau cadeau.
Pendant ce
temps Anik fait de gros efforts pour que tous ses bilans
(plusieurs fois par mois) soient les meilleurs possible.
L'équipe de suivi de greffe doit être rassurée sur l'évolution
des choses. Pourtant Anik a beaucoup de mal à supporter les
effets secondaires des médicaments. Sa cicatrice et les zones en
périphérie sont très sensibles, presque intouchables. Elle
supporte les douleurs, fait de longues marches à la campagne,
s'impose un régime très stricte. Elle doit absolument se
remettre en forme pour obtenir l'autorisation de quitter la
métropole pour retrouver son capitaine et sa maison-bateau.
Maintenant nous sommes partagés entre notre désir de
poursuivre les voyages, de vivre d'autres aventures et notre
raison qui nous pousse à rester à proximité de la sécurité d'un
bon service de néphrologie.
En attendant nous pouvons nous consacrer à notre travail actuel. La rédaction d'articles et de reportages pour les cahiers de voyage de Banik et l'écriture d'une grande saga fantastique que nous espérons publier dans quelques années.
Reprise du voyage au long cours, la vie (presque) normale pour nous. On ne peut pas écrire : fin de notre "aventure santé" car il y aura toujours plusieurs contrôles médicaux à faire chaque année, il y aura toujours les médicaments anti rejets à avaler chaque jour mais nous avons retrouvé notre liberté et notre vie de navigateurs grâce à la greffe. Mai 2010: Nous quittons la Nouvelle Calédonie en direction de l'Australie. C'est notre première longue navigation ensemble depuis 3 ans, depuis novembre 2007 lorsque nous sommes arrivés à Tahiti. Nous devons tenir compte d'un nouveau facteur important pour l'organisation de nos voyages: Anik doit faire un bilan urinaire et sanguin assez complet tous les 3 à 4 mois. Ce bilan ne peut pas être fait partout. Il n'y a qu'un important laboratoire d'une grande ville qui puisse réaliser l'analyse du taux résiduel des molécules de Tacrolimus par exemple (un des deux immunosuppresseurs qu'il faut prendre à vie). Notre voyage est donc maintenant organisé en fonction d'escales tous les 3 mois dans une ville importante et suffisamment moderne comme à Darwin en Australie ou à Singapour pour la région Asie... C'est la concession que nous faisons à la liberté totale. Durant la semaine que dure les analyses et l'attente des résultats l'ambiance à bord est tendue. De mauvais résultats pourraient avoir comme conséquence un nouvel arrêt de notre vie de navigateurs. Mais Anik est très sérieuse dans le suivi de son traitement et tout va pour le mieux pour le moment. Juillet 2010: Analyses de contrôle faites à Darwin en Australie. Pas de problème particulier, le voyage peut continuer.
Janvier 2013 : Analyses faites au Bangkok hospital à Phuket (Thaïlande). Les analyses sont envoyés par Internet au CHRU de Lille... Ca va ... On continue. Avril 2013: Analyses faites à Johor Bahru en Malaisie et une partie envoyée à Singapour. Certains taux sont limites mais rien de vraiment alarmant. Nous décidons de maintenir notre voyage sac à dos en Thaïlande, Laos et Cambodge. Puis nous naviguerons vers Bornéo. Septembre 2013: Banik est arrivé à Bornéo et Anik rentre en France pour le gros bilan annuel et les analyses de contrôle qui doivent se faire au CHRU de Lille. Pas de problème particulier, Anik revient à bord du voilier qui est à Bornéo. Le voyage peut continuer, nous allons mettre le cap sur les Philippines.
Janvier 2014: Banik est bien ancré au
Nord de l'île de Mindoro, nous allons pouvoir le laisser seul
quelques jours pour nous rendre en ferry sur l'île de Luzon,
puis en bus jusque Manille. C'est au National Kidney and
Transplant Institut qu'Anik fait son bilan (presque)
trimestriel. Nous recevons les résultats par courriel Internet
qui est immédiatement transféré au Professeur Christian Noel du
CHRU de Lille. La réponse est rapide comme toujours: Continuez !
Mai 2014: Nous revenons avec plaisir à Bali 4 ans après notre premier passage. Rendez vous est pris par Internet avec le BIMC Hospital dans le quartier Nusa Dua . Des gens très efficaces pour organiser les choses par courriel. Les résultats sont toujours corrects donc le voyage se poursuit. Comme à chaque fois, l'approche de la date des analyses et l'attente des résultats est une période de tension nerveuse. Cette fois nous allons décompresser en laissant le bateau à l'ancre en rade de Serangan pour aller flâner quelques jours dans l'attachant village de Ubud au milieu de l'île de Bali.
Septembre 2014: La traversée de
l'Océan Indien depuis Bali jusque la Réunion fut assez fatigante
mais dans l'ensemble ça s'est plutôt bien passé. Nous retournons
en métropole en avion pour voir famille, amis, enfants et petits
enfants.
Envers et contre tout, le tour du monde est bouclé.
Maintenant que notre projet d'avenir est mis en place, nous avons hâte de reprendre la mer. Nous voulons amener notre voilier en Méditerranée, plus près de nous. Un mois de préparation et Banik retrouve toute sa vigueur et l'eau salée. Il rejoint Gruissan en 6 semaines avec différents équipages: Mer du Nord, Manche, Atlantique, passage en Méditerranée via Gilbraltar.
Greffé ou pas, Il faut bouger pour être en bonne santé.
Des infos complémentaires sur le don d'organes: Cette "aventure santé" nous a obligé à nous intéresser aux dons d'organes. Avant cela nous étions, comme beaucoup de monde, au courant que cela se pratique mais sans vraiment connaître les tenants et les aboutissants. Maintenant on ne peut plus se dire "Ça n'arrive qu'aux autres". On est en plein dedans et nous souhaitons participer modestement à la diffusion d'un peu d'information sur le sujet. Le site de Banik ça peut aussi servir à ça:
Autres voyageurs en voilier après une greffe
Remerciements : Merci à toutes les personnes du milieu médical qui ont participé à cette "aventure santé". Sans ces
femmes et ces hommes compétents et dévoués rien n'aurait
pu se faire. Le Docteur Jacques Vogel. 10 ans avant la transplantation, notre médecin généraliste a relevé l'hypertension d'Anik et a décelé que l'origine devait être rénale. Il a orienté Anik vers le néphrologue. Le Docteur Hervé Lemonies de Sagazan
Chef du service de néphrologie du CHR de Roubaix a donc observé
Anik durant plusieurs années puis l'a encouragée à reprendre la
mer en acceptant un suivi à distance par Internet. C'est à la
lecture d'un bilan sanguin envoyé par mail qu'il a demandé à Anik
de se rapprocher de son collègue de Tahiti où nous nous
trouvions à ce moment là. Au fil des nombreuses visites d'Anik dans ce service, nous faisons la connaissance des assistantes et des infirmières toujours agréables et disponibles: Le Docteur Alain Fournier, Chef du service de néphrologie du CHT de Papeete confirme au bout de trois mois d'observation qu'Anik souffre d'une insuffisance rénale chronique. Ce n'est pas encore la phase terminale mais on s'en approche. Il nous conseille de ne pas reprendre la mer ensemble dans cette situation. Le Docteur Anne Blanchard, navigatrice, amie de l'équipage de Banik, présente à Tahiti quand nous avons appris la mauvaise nouvelle et qui a su, avec beaucoup de gentillesse, trouver les mots apaisants pour nous encourager. Le Professeur Christian
Noël est le Coordonnateur - Chef de service du pole
néphrologie du CHRU de Lille. En clair c'est le Patron de la
greffe rénale. Il reçoit notre dossier de la part
du Docteur Lemonies. Le Professeur Noël
est le décideur c'est de lui que dépend ce qui va nous arriver.
Nous sommes impressionnés à l'idée de le rencontrer. Notre
grande chance c'est qu'il est aussi un marin passionné, il nous
a reçu très cordialement, il a pris le temps de nous expliquer
les solutions et leurs conséquences. Nous avons une totale
confiance en cet homme qui a donné le feu vert pour démarrer la
longue route jusqu'à la transplantation. En même temps que le Professeur Noël nous découvrons toute une équipe fort sympathique: Les assistantes Bernadette, Nicole et Isabelle. Les infirmières Marie-Pierre, Delphine, Marie Jo... qui nous ont prélevé des litres de sang en remplissant au fil des semaines des dizaines de petits flacons et qui ont fait nos pansements après la transplantation. Martine qui va faire la liaison avec les services de néphrologie accessibles à nos escales. Le Docteur Benoît Averland a présidé le comité d'experts. Ce comité, indépendant et extérieur à l'équipe médico - chirurgicale de greffe, est habilité selon la loi de bioéthique, à autoriser le prélèvement du rein de Jean-Baptiste pour le greffer sur Anik. Le Docteur Françoise Legoueff du
service gynécologie et obstétrique du CHR de Roubaix a pratiqué
l'hystérectomie avec brio. La preuve, Anik s'en est remise en
quelques jours. Le Docteur Nicole Declerck, Responsable de l'équipe d'anesthésistes - réanimateurs dans le service de transplantations. Elle a tenue à être présente en personne lors de nos interventions. Sa compétence et sa gentillesse ont toujours su nous rassurer. C'est très important. Le Professeur François René Pruvot est le Chef du service de chirurgie digestive et transplantations au CHRU de Lille. Lors d'une transplantation à partir d'un donneur vivant, les patients sont opérés par le Chef en personne. On leur donne la chance d'être entre les mains du meilleur chirurgien. C'est le Professeur Pruvot qui a réalisé l'ensemble de la transplantation: la néphrectomie de Jean-Baptiste et sitôt après, la greffe sur Anik. Le greffon a tout de suite fonctionné, nous avions dit que c'est magique, mais non! C'est le résultat du talent et d'une énorme expérience. Les infirmières et infirmiers de l'hôpital Huriez où se sont déroulées les opérations et les premiers soins. Les Docteurs Marc Hazzan, François Provot, François Glowacki, les néphrologues de l'équipe du Professeur Noël qui suivent de très près chaque greffé durant les premiers mois et ponctuellement les années suivantes. Le Docteur Nicolas Quirin de l'hôpital de Magenta à Nouméa. C'est le néphrologue qui nous a accueilli dès le 9 octobre (deux jours après l'arrivée d'Anik en Nouvelle Calédonie) Nous avons fait connaissance pour ouvrir notre dossier médical local. Il nous a rencontrés régulièrement ensuite pour poursuivre le suivi médical après greffe durant tout notre séjour en Nouvelle Calédonie. Nous avons été ses patients pendant plus d'un an. Il nous a toujours reçu avec beaucoup de compréhension et nous avons écouté ses avis... Nous sommes restés en Nouvelle Calédonie malgré notre désir de naviguer tant qu'il jugeait qu'il était trop tôt pour reprendre la mer... Nous sommes parti quand il a estimé que les choses étaient bien stabilisées. Hadra et les assistantes et infirmières du service de néphrologie de l'hôpital de Magenta à Nouméa. Le Professeur Nassim Kamar, patron du Département de néphrologie et de transplantation d'organes à l'hôpital de Toulouse récupère notre dossier médical envoyé par le CHU de Lille quand nous sommes venus nous installer dans le Tarn. Il nous reçoit et prend en main la suite du suivi de "notre aventure santé". Pour nous c'est l'occasion de faire la connaissance d'une nouvelle équipe qui semble fort professionnelle et sympathique. Un très grand merci à toutes et à tous.
Merci également à Laure, Florence et Daniel, Anne et Jean qui
nous ont supporté si longtemps chez eux pendant notre séjour
métropolitain ...
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