Construire son annexe :
Le cahier des charges
Il y a de nombreuses raisons
pour construire son annexe : Pour ne pas y dépenser trop de sous, parce qu'on
est loin des salons nautiques, en voyage... En ce qui nous concerne nous
construisons notre annexe parce que ce que l'on désire n'existe pas sur le
marché. Nous verrons dans d'autres pages les différentes étapes de la
construction, mais pour le moment attachons nous à définir le cahier des charges de
l'annexe idéale. Idéale selon nos critères qui débouchent sur un modèle appelé
la Banikette.
CARACTERISTIQUES GENERALES DE L'ANNEXE
:
Elle est du type annexe rigide... Outre
leur grande stabilité qui est leur principale qualité, les annexe gonflable ont
plusieurs inconvénients. Le principal est qu'il faut les regonfler si on les
plie pour gagner de la place. Sur les voiliers de voyage tout le monde les
laisse gonflées et les remorque, les met sur le pont ou les bossoirs. Elles ont donc
le même encombrement qu'une annexe rigide avec les inconvénients de fragilité du
pneumatique. (soleil, cailloux...) Avec une annexe rigide on évite la
fragilité..
Elle doit être large pour lui conférer un maximum de
stabilité (qui n'atteindra cependant pas celle d'un pneumatique). Son franc bord
est haut pour ne pas être
envahi facilement quand la mer est formée.
Elle doit rester cependant suffisamment petite pour se placer entre le mat et le bas
étai de Banik. Dans les mouillages et lors des petites navigations, l'annexe est
mise sur bossoirs. Mais dès que l'on a un risque de pouvoir rencontrer un temps
musclé, elle est remontée sur le pont et se range à l'envers, sur un ber en
avant du mat.
Elle doit être raisonnablement lourde pour qu'on puisse la tirer
sans trop de peine sur la plage ou la hisser facilement aux bossoirs. J'estime
qu'elle fera environ 70 kg. C'est un maximum je le concède, mais on ne peut pas
construire à la fois très costaud et très léger avec des matériaux
traditionnels.
L'annexe doit être solide et résister à toute épreuve : Le
fond de la coque doit supporter d'être traînée sur le corail, les pierres et les
galets. On doit pouvoir y transporter une ancre et tout le mouillage en chaîne
de 10. C'est une manœuvre que nous avons déjà faite plusieurs fois notamment
pour nous sortir d'échouages involontaires.
Elle doit être capable d'avancer rapidement au moteur. Il
est indispensable d'avoir la possibilité de gréer au moins une voile pour faire
du portant. Et enfin on doit avoir une position confortable pour ramer avec deux
grands avirons efficaces. Pour se faire il faut prévoir un banc transversal
amovible et une fixation sérieuse des dames de nage
Elle doit résister aux UV. Sous les tropiques, on voit
souvent en mauvais état les flotteurs d'un pneumatique dont le
caoutchouc craint le soleil.
Pour pouvoir la réaliser sans trop de difficultés
techniques, on la construira en cp plastifié (contreplaqué recouvert d'une
stratification à base de tissus de verre et de résine polyester). Ces matériaux
ne craignent pas l'environnement. Ca doit être
pas mal aussi en aluminium, mais les formes choisies et les complications
d'aménagement ne permette pas cette réalisation par un constructeur amateur.
Un bouchon à travers le tableau arrière permet la vidange de la coque quand elle est sur bossoirs.
En effet, une bonne averse tropicale qui remplit la coque peut lui faire prendre
300 kilos très rapidement. Les bossoirs n'aiment pas
4 anneaux de levage pour les palans de bossoir
seront boulonnés dans les endroits spécialement renforcés à cet effet.
Un gros anneau en inox est fixé de façon inarrachable à
l'étrave (le plus bas possible). Nous y fixerons un cordage passé dans une
cosse. c'est un point d'amarrage très solide. Un petit écubier permettra
de sortir de dessous le pont une chaîne de 8 en inox pour dissuader les
voleurs.
Un coffre à l'avant sous le pontage permet de ranger le
mouillage, et le petit matériel (il n'y a pas besoin d'écope puisque l'annexe
est auto-videur.
Les caractéristiques particulières
de cette annexe sont liées à deux contraintes principales :
- C'est notre canot
de survie dynamique
voir l'article
- Elle doit aller vite au moteur.
SURVIE DYNAMIQUE :
L'idée est que si on doit quitter Banik, on puisse embarquer dans un canot qui
assure le maximum de sécurité (à défaut du confort) et que nous soyons en
situation de pouvoir naviguer pour prendre en main par soi même le retour à
terre et le sauvetage de l'équipage.
Le principal impératif est qu'elle soit insubmersible avec
4 personnes à bord. Nous obtenons cette qualité grâce à un double plancher injecté de mousse
polyuréthane pour un volume de
280 litres plus deux tubes en PVC qui se rangent sous les bancs et qui
totalisent un volume de 40 litres.
Possibilité de crocher un harnais sur les fixations de
bossoirs. Le but est de ne jamais couper le liens avec ce canot insubmersible.
Même dans l'eau, avec le canot retourné, on peut se tenir et éviter de couler.
Possibilité d'y fixer une capote qui recouvre toute la
partie en arrière du pont. Cette capote à plusieurs avantages : Elle protège du
soleil, du vent, de la pluie. De plus, en créant une poche dans la tente, on
peut récupérer l'eau de pluie.
Quand on est pas en survie, une petite bâche
(fixée à l'avant à la place de la tente) permet de protéger les courses quand on
revient a moteur contre un fort clapot.
L'espace dans le cockpit doit être suffisamment grand pour s'allonger à deux ou trois.
C'est impératif pour se reposer en survie.
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La Banikette
que nous avions faite en 1990 était bien pratique mais ne
correspondait pas aux critères de survie dynamique que nous nous
imposons avec la nouvelle version 2003.
Cette petite annexe
navigue toujours, 13 ans après sa construction... Elle est en ce
moment au Sénégal à bord du voilier Fare Pai
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L'annexe doit marcher à la voile .. Au minimum au portant
car on est dans un concept de survie dynamique. Ca veut dire qu'on rejoint la
cote par nos propres moyens. Si on avance à une moyenne de deux 2 noeuds, on
parcourt 50 milles par jour soit 1000 milles en 20 jours. Il faut donc prévoir
un gréement, une emplanture de mat, un puit de dérive, des aiguillots et
fémelots pour le safran...
Il est important d'avoir des possibilités de stockage. Les deux tubes
en PVC avec bouchons représentent 40 litres de rangement de matériel ou de
vêtements, S'ils sont vides c'est de la réserve de
flottabilité. S'il faut stocker de l'eau de pluie de récupération ces tubes
seront alors une bénédiction...
Il faut intégrer des rangements supplémentaires dans des compartiments étanches et qui ne s'ouvrent
pas en cas de chavirage pour y stocker tout le petit matériel de
survie. Nous avons trouvé la solution d'utiliser les deux pointes arrières qui
ferment avec un gros bouchon à visser en PVC
Le nable de vidange doit être placé suffisamment
haut pour que l'annexe soit auto videur même avec deux personnes et le matériel dedans.
MOTEUR :
Le constat est que nous passons beaucoup plus de temps au mouillage qu'à
naviguer. On utilise donc beaucoup plus l'annexe que le voilier (On parle juste
ici d'effectuer des déplacements). L'annexe doit donc pouvoir être fort chargée
et avancer vite. Il n'est pas question de faire le Fangio dans le mouillage mais
si l'annexe atteint facilement les 15 noeuds, on hésite pas à faire 5 milles
aller retour pour sortir du lagon et trouver les bonnes zones de pèche dans une
passe agitée par un fort courant.
L'annexe doit donc bien marcher au moteur en déjaugeant avec 2 personnes et
du matériel de plongée. La forme avant de la coque sera en V pour fendre l'eau et
l'arrière sera plat pour avoir une portance maximum qui fera planer la
coque
Pour pouvoir supporter un assez gros moteur (10 à 15 cv),
des pointes arrières (comme sur un pneumatique) sont ajoutées au
tableau. De plus, ces volumes de flottabilité joueront le rôle de flap.
Quand on range l'annexe sur le pont, les pointes arrières se logent entre les balcons
de mat et coincent l'annexe latéralement.
Pour avoir une coque très solide et
rigide (c'est impératif pour aller vite au moteur) celle ci est renforcée en de
nombreux points : bancs longitudinaux, varangues, raidisseurs, cloisons,
pontage..
Le tableau arrière est particulièrement renforcé avec des triangles
longitudinaux qui répercute l'effort sur le fond de la coque.
Ne pas oublier une plaque de protection en inox pour
préserver le tableau des pinces du moteur.
Il faut prévoir un système de fermeture du puit de dérive par le dessous de
la coque. car quand on est au moteur l'eau remonte par le puit.
Une petite quille d'usure sous la coque pour traîner
l'annexe sur la plage
mais aussi pour la stabiliser sur sa route quand on déjauge.
Les plans de la Banikette sont
fournis, avec beaucoup d'autres choses, sur le CD de
Banik.
Les autres articles concernant la
construction de l'annexe :
Le cahier des
charges de l'annexe.
Rassembler tout le matériel.
Construire la coque.
Stratifier les structures (rigidité)
Compléter l'intérieur.
Terminer les stratifications extérieures.
Changement de chantier
Aménagement des fonds
Encore un peu de
gros œuvre
Modifier la quille
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articles de Banik concernant la construction
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pratiques
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